Le roman est une oeuvre de mauvaise foi
Publié le 05/04/2014
Extrait du document
«
aspects, même dans sa laideur.
Gargantua de François Rabelais raconte les années
d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua.
Plaidoyer pour une culture
humaniste contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un
roman d’une écriture souvent crue, volontiers scatologique : exemple parmi d’autres,
l’épisode du « torchecul ».
Même lorsqu’il transforme le réel, le romancier est difficilement visible comme étant de
mauvaise fois puisqu’il sait qu’il « ment » sur le réel.
Dans cette optique, le fantastique est un
registre littéraire qui se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d’un
récit .
Les auteurs cherchent à montrer d’autres horizons aux lecteurs, à les faire sortir d’eux
mêmes.
Théophile Gautier est un auteur incontournable de la littérature fantastique.
Habités
par la fantaisie et le désir d'évasion, ses contes sont parmi les plus aboutis sur le plan de la
technique du récit.
Ce romancier brille à tenir le lecteur dans le doute tout au long de ses
histoires, et à le surprendre au moment de la chute.
Ensuite, Voltaire dans Candide présente
une utopie : l’Eldorado.
Evidement, Voltaire ne cherche pas à nous faire croire qu’il existe un
pays merveilleux où les maisons sont "bâties comme des palais d'Europe ", et dont les
habitants "vêtus de draps d'or" appellent l’or « cailloux ».
Candide n’est qu’une marionnette
aux mains de Voltaire pour rendre compte de sa vision de la société et la dénoncer.
Ce qui est
particulièrement intéressant est la technique romanesque employée : en présentant un monde
qui soit l’antithèse de la ville de Paris, Voltaire insiste encore davantage sur la réalité de
l’époque.
Autrement dit, il montre le réel par son contraire.
Le lecteur se rend compte de la
tyrannie de la monarchie absolue des rois de France, de la laideur de l’urbanisme anarchique
parisien, du manque d’instruction et de culture dans le peuple… Voltaire défend alors le
progrès.
Comme Candide, certains romans sont porteurs de vérité, cherchent justement à détourner
les lecteurs de leur propre mauvaise foi.
Un personnage de roman est en quelque sorte « plus
que lui-même » .
Le héros , pivot de l'œuvre, acquiert un statut qui est davantage que celui d'un
simple individu.
Il peut alors, dans le roman, être le vecteur d'une conception du monde : le
protagoniste, au travers de son parcours , devient peu à peu le symbole d'une qualité (positive
ou non) : il incarne une vertu ou un vice, ou une façon de se positionner par rapport au monde.
Certains héros deviennent ainsi des « types » , au point que leur nom peut donner naissance à
un terme désignant un comportement ou une vision du monde.
On parlera par exemple du
« bovarysme ».
Un héros romanesque peut également révéler une vision du monde lorsque
son itinéraire est à l'image de celui de tout un groupe .
Lantier, dans Germinal (Zola) ,
représente ainsi les mineurs, la classe ouvrière : son mode d'existence, son combat offrent au
lecteur la possibilité de considérer la société selon un angle particulier, celui des opprimés.
Le
personnage peut également être le symbole d'une cause à défendre .
Il rassemble alors des
hommes autour de lui, réunis par une même vision du monde, et s'oppose éventuellement à
ceux pour qui cette vision est inopérante.
Dans La Peste de Camus , le docteur Rieux estime
qu'il n'y a qu'une seule attitude possible : lutter contre la maladie, soulager la souffrance et
combattre la mort.
Il est rejoint par un certain nombre de personnages, tandis que d'autres
préfèrent se replier sur eux-mêmes : deux visions du monde se dessinent ainsi… Les romans
sont donc de bonne foi dans le sens où la dimension morale est importante.
C’est ce que
Victor Hugo exprime : « Quelle doit être l’intention du romancier ? C’est d’exprimer dans une
fable intéressante une vérité utile ».
Mais pendant que le lecteur s’abandonne, l’auteur tire les ficelles et sait très bien où il le
mène… Et cette forme de mauvaise foi apparente en cache bien d’autres…
On peut trouver une certaine mauvaise foi dans le roman, plus précisément une double
mauvaise foi, de l’auteur et du lecteur..
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