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LE ROMAN AUX XIIe ET XIIIe SIÈCLES

Publié le 23/03/2018

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A temps nouveaux, littérature nouvelle vers le milieu du x11e siècle les mœurs brutales et le brigandage féodal n'ont pas disparu, mais l'affaiblissement des petits nobles, la richesse et la puissance des hauts seigneurs, la relative pacification intérieure des États, l'influence de l'Église, la formation d'une aristocratie héréditaire qui tenait à se distinguer du peuple, l'importance prise par les femmes dans une société où manquaient les hommes, retenus par des expéditions lointaines, un certain luxe importé d'Orient, l'exis­tence de cours princières où l'on s'intéressait aux arts, à la poésie, à la musique, tout cela donna à la vie une physionomie nouvelle. L'idéal courtois exprimé d'abord par les poètes lyriques de langue d'oc est adopté par les pays d'oïl. C'est pour Aliénor de Poitiers, petite-fille de Guillaume IX d'Aquitaine, le plus ancien des troubadours, et pour son second mari le roi d'Angleterre Henri II Plantagenet, que furent écrits plusieurs de nos premiers romans, le Brut de Wace, le Roman de Thèbes, le Roman d' Eneas, les deux Tristan, les Lais de Marie de France, les romans de Gautier d'Arras, d'Aimon de Varennes, etc. C'est probablement pour elle aussi que Benoît de Sainte-Maure composa vers I I65 le Roman de Troie; c'est pour sa fille Marie, comtesse de Champagne, que le poète Chrétien qui se disait de Troyes composa Le Chevalier de la charrette. Les conditions étaient réunies d'une littérature plus attentive que l'épopée à la vie des âmes, plus sentimentale et en même temps plus intellectuelle, plus merveilleuse et plus spirituelle, faisant moins appel à l'enthousiasme et aux grandes émotions collectives, mais plus au cœur et à l'esprit du lecteur : cette littérature, ce fut le roman.

Caractères du roman médiéval          r. Il est nouveau par la forme d'abord :

 

quels que soient les points communs entre lui et la chanson de geste, on ne peut pas plus confondre ces deux genres littéraires que la Carmen de Bizet avec celle de Mérimée. Le roman est un poème lu, en octosyllabes suivis, aux rimes plates, alors que la chanson de geste est un poème chanté, en laisses inégales de décasyllabes (quelquefois d'alexandrins, exception­nellement d'octosyllabes) assonancés et plus tard rimés; la phrase épique, calquée

« ou son continuateur Godefroi de Laigni en achevant Le Chevalier de la charrette : « Ci faut li romans au travers » t, le récit en français qu'ils appellent roman possède des caractères propres �ui le distinguent d'une chanson de geste, d'un lai, d'un fabliau, autres récits fatts également en français .

Ces caractères, bien qu'aucun ouvrage théorique ne les ait codifiés à l'é poque, Chrétien et les auteurs de romans entre 1150 et 1250 les ont respectés avec assez de constance pour que nous puissions les définir.

Naissance du roman.

Conditions historiques A temps nouveaux, littérature nouvelle vers le milieu du xue siècle les mœurs brutales et le brigandage féodal n'ont pas disparu, mais l'aff aiblissement des petits nobles, la richesse et la puissance des hauts seigneurs, la relative pacification intérieure des États, l'influence de l'Église, la formation d'une aristocratie héréditaire qui tenait à se distinguer du peuple, l'impo rtance prise par les femmes dans une société où manquaient les hommes, retenus par des expéditions lointaines, un certain luxe importé d'Orient, l'exis­ tence de cours princières où l'on s'intéressait aux arts, à la poésie, à la musique, tout cela donna à la vie une physionomie nouvelle.

L'idéal courtois exprimé d'abord par les poètes lyriques de langue d'oc est adopté par les pays d'oïl.

C'est pour Aliénor de Poitiers, petite-fille de Guillaume IX d'Aquitaine, le plus ancien des troubadours, et pour son second mari le roi d'Angleterre Henri II Plantagenet, que furent écrits plusieurs de nos premiers romans, le Brut de Wace, le Roman de Thè bes, le Roman d' Eneas, les deux Tristan, les Lais de Marie de France, les romans de Gautier d'Arras, d'Aimon de Varenne s, etc.

2• C'est probablement pour elle aussi que Benoît de Sainte-Maure composa vers II65 le Roman de Troie; c'est pour sa fille Marie, comtesse de Champagne, que le poète Chrétien qui se disait de Troyes composa Le Chevalier de la charrette.

Les conditions étaient réunies d'une littérature plus attentive que l'épopée à la vie des âmes, plus sentimentale et en même temps plus intellectuelle, plus merveilleuse et plus spirituelle, faisant moins appel à l'enthousiasme et aux grandes émotions collectives, mais plus au cœur et à l'esprit du lecteur : cette littérature, ce fut le roman.

Caractères du roman médiéval r.

Il est nouveau par la forme d'abord : quels que soient les points communs entre lui et la chanson de geste, on ne peut pas plus confondre ces deux genres littéraires que la Carmen de Bizet avec celle de Mérimée.

Le roman est un poème lu, en octosyllabes suivis, aux rimes plates, alors que la chanson de geste est un poème chanté, en laisses inégales de décasyllabes (quelquefois d'alexandrins, exception­ nellement d'octosyllabes) assonancés et plus tard rimés ; la phrase épique, calquée 1.

CHRÉTIEN DE TROYES, Le Roman de Perceval ou le Conte du Graal, éd.

par W.

Roach, Genève- Lile, 1956, v.

7-8.

Id., Le Chevalier de la Charete, éd.

par M.

Roques, Paris, 1958, V.

1701.

2.

Cf.

M.

WILM oTTE , Ori gines du roman en France, Paris, s.d., ch.

v, c Ovide-Roi •·. »

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