Le rôle de l’éducation de Rabelais
Publié le 13/01/2020
Extrait du document

l’éducation dispensée par Thubal et Jobelin s’est déroulée en un temps d’ignorance, le savoir nouveau ne pouvait pas être diffusé et restait l’exclusivité d’un petit nombre de maîtres. Après la guerre et la victoire contre le mal, l’aube d’une ère nouvelle se lève, chassant les « ténèbres » avec la promesse d’un savoir antique restitué et accessible à tous.
L’éducation humaniste telle qu’elle apparaît dans le roman dépasse donc de loin ce qui semble au premier abord une pédagogie axée sur l’apprentissage de disciplines variées, à la fois théoriques et pratiques. Elle vise avant tout à former un homme et, plus précisément, un prince capable de gouverner son royaume.

«
En réalité, ce programme excessif -qui rappelle le souhait de
Gargantua dans Pantagruel : voir son fils devenir un " abysme de
science ,, -symbolise l'idéal d'un savoir global, encyclopédique,
où les disciplines, dans leur immense variété, parviennent à
constituer un tout.
Et si le programme de Ponocrates implique la
théorie et l'intellect autant que la pratique, le jeu, le sport et les
observations de la nature, c'est parce qu'il vise à mettre en rela
tion l'élève avec le monde qui l'entoure.
En effet, contrairement au
savoir scolastique exclusivement livresque, représenté par Thubal
Holoferne et Jobelin Bridé, le savoir humaniste forme des êtres
humains, impliqués dans la société et, plus largement, dans le
monde créé par Dieu.
L'ÉDUCATION STUPIDE DES SOPHISTES
Thubal Holoferne et Jobelin Bridé, antithèses de Ponocrates,
incarnent le savoir scolastique tel que se le représentaient les
pédagogues humanistes.
Ces derniers reprochaient (injustement)
à leurs prédécesseurs du Moyen Âge de se concentrer exclusive
ment sur les commentaires des textes anciens, au détriment des
textes eux-mêmes, et d'accorder plus d'importance à la mémoire
qu'à la réflexion dans leurs méthodes pédagogiques.
Le chapitre x1v de Gargantua est une satire de cet enseignement
médiéval : le jeune géant ne dispose que de livres rédigés entre les
IV" et xn• siècles.
On relève aussi des livres aux titres fantaisistes et
satiriques (-+ PROBLÉMATIQUE 3, p.
43).
On constate en outre que l'enfant s'avère capable de cc rendre
par cueur à revers ,, les ouvrages qu'il est contraint d'apprendre
(chap.
xiv, p.
144).
L'enseignement de Thubal et Jobelin est donc
fondé sur la mémoire.
Mais il est profondément stupide.
Quelle uti
lité y a-t-il, en effet, à réciter un livre par cœur et à l'envers ? Enfin,
les durées absurdes de l'apprentissage (« et y fut cinq ans et troys
mois "• " ce qui lui prit treze ans, six moys et deux sepmaines ,.,
" et y fut plus de dix huyt ans et unze moys "• p.
142-144) ont
62 PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Gargantua de Rabelais: L'éducation
- GARGANTUA de RABELAIS: DEUXIÈME ÉPISODE : L’ÉDUCATION - CHAPITRES XIV À XXIV
- RABELAIS: L'éducation de Gargantua. — L'abbaye de Thélème (Gargantua : chapitres XIV, XV, XXI, XXII, XXIII, XXIV, LII, LIII, LIV, LV, LNI, LVII).
- rôle de la musique dans l'éducation
- Rabelais fait donner par Gargantua à Pantagruel une éducation encyclopédique : « J'y veux un abîme de science », tandis que Montaigne préfère « une tête bien faite à une tête bien pleine » Vous apprécierez brièvement ces deux systèmes opposés et vous direz ensuite quel vous paraît être l'idéal d'une bonne éducation. ?