Le rire, instrument de libération
Publié le 15/03/2015
Extrait du document
Ce valet, dépeint par Beaumarchais dans sa Préface comme « un homme insouciant qui rit également du
«
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relatif, et que l'on peut aussi bien se retrouver « maître ici, valet, là, selon qu'il plaît à la fortune » (Mariage, V, 3).
À tous les savoir-vivre imposés par la société
Figaro oppose un art de vivre tout entier contenu dans la chanson qu'il improvise
au début du
Barbier de Séville ( « Le vin et la paresse se partagent mon cœur ») et
qu'il reprend dans son monologue du Mariage (V, 3) : «paresseux avec délices,
amoureux par folles bouffées
» ...
L'arme de l'ironie
Ce valet, dépeint par Beaumarchais dans sa Préface comme « un homme insou
ciant qui rit également du succès et de la chute de ses entreprises
», sait être heu
reux comme un roi et peut se vanter
d'avoir« jonché» la route de sa vie« d'autant
de fleurs que [sa] gaieté
le [lui] a permis» (Mariage, V, 3).
Et c'est par l'exercice
de son ironie qu'il entend se venger
des« Messieurs de la cabale» qui ont fait tom
ber sa pièce à Madrid, et de
« petits hommes qui redoutent les petits écrits » (Ma
riage,
V, 3).
Si le rire est sa philosophie, l'ironie est son arme.
Et, comme le pro
clame une autre chanson, au finale du Mariage de Figaro (V, 19) : « Par le sort de
la naissance/L'un est roi, l'autre est berger; /Le hasard fit leur distance/L'esprit
seul peut tout changer.
»
...
Ill -« CORRIGER LES MŒURS PAR LE RIRE »
Des rires dans la salle
Le rire ne retentit pas seulement sur la scène du théâtre, mais aussi dans la salle.
Depuis I 'Antiquité la comédie a pour fonction de dénoncer les vices et les ridicules
en les tournant en dérision.
Marivaux et Beaumarchais font œuvre de moralistes en
ce sens que tous deux espèrent faire réfléchir les spectateurs tout en les divertis
sant.
Les naïvetés d' Arlequin et les
« mots » de Figaro sont à double destination :
ils s'adressent à leurs comparses, et, au-delà d'eux, au public.
Agacé par la suite de
valets que
le Prince lui a envoyés, l' Arlequin de La Double Inconstance demande «à quoi servent ces grands drôles bariolés» et s'indigne que l'on puisse« honorer
un honnête homme » en mettant « une troupe de coquins après lui » (I, 7).
Se moque-t-on de lui, en prétendant mesurer l'honneur d'un homme à son es
corte? Tout au plus peut-on y voir une marque de richesse, ce qui est bien diffé
rent ...
Si la bastonnade des valets relève
d'un procédé comique du registre le plus
populaire, la réflexion qui dissocie qualités morales et position sociale est d'une
audace beaucoup plus subtile ...
Une puissance subversive
Parfois un personnage sert de relais entre la scène et la salle.
Figaro fait le récit
de ses démêlés avec les grands de ce monde en l'émaillant de maximes irrévéren
cieuses et
de mots d'esprit que le Comte, réduit à jouer le rôle de public, appréhe
en connaisseur : « Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle
beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être des valets?
-
Pas mal », rétorque Almaviva en riant, comme le précise la didascalie.
Le rire
du Comte, contraint à reconnaître de l'esprit à son subalterne, est
le premier succès
de Figaro.
Il prélude au triomphe du
Mariage, qui, cinq ans avant la Révolution,
annonce la défaite des pouvoirs, vaincus par la puissance subversive du rire avant
de l'être par la force des armes..
»
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