Le renouvellement des poncifs chez Baudelaire
Publié le 07/09/2013
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Créer un poncif
Baudelaire a écrit dans «Fusées«: «Créer un poncif, c'est le
génie. Je dois créer un poncif« Il n'a pas eu le temps de
réaliser cette ambition. Peut-être, d'ailleurs, le temps était-il
définitivement échu pour cela. Mais s'il n'a pas créé de nouveau
poncif, il a, en tout cas, renouvelé les poncifs anciens.
C'est le paradoxe de la modernité que de naître des ruines du
passé. De même que Baudelaire a renouvelé le vieux procédé
de l'allégorie en l'utilisant comme un moyen de dévalorisation
des images consacrées, de même, de façon parallèle et
inverse, il a déconstruit les poncifs pour créer une beauté
nouvelle.

«
de son vivant, à de très rares exceptions près, et de l'accueil
extraordinaire que devait lui réserver la postérité.
C'est avec Baudelaire que la notion de modernité prend
véritablement tout son sens,
celui qu'elle va garder pendant
au moins un siècle.
II ne s'agit pas d'ériger la nouveauté en
soi en critère absolu de valeur.
Si tel était le cas, on ne
comprendrait pas que Baudelaire glorifie
«la circonstance»,
ce que l'on pourrait appeler l'anecdote, voire le fait divers,
non dans
la singularité, la part de «contingence», c'est-à-dire
de hasard, donc de nouveauté que l'on y trouve, mais dans ce
qu'elle contient d' «éternel».
Dans les commentaires enthou
siastes que
lui inspire Constantin Guys, il revient souvent sur
cette idée que la saisie de
l'éphémère vise à extraire du
moment qui passe ce que celui-ci peut révéler d'éternel.
Ainsi
décrit-il cet artiste comme
«le peintre de la circonstance et de
tout ce qu'elle suggère d'éternel».
Et de façon encore plus
significative, traitant de la mode si souvent dédaignée comme
la manifestation d'une frivolité
par essence étrangère à l'art, Baudelaire précise dans ces termes la démarche de son mo
dèle:
«Il cherche ce quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité; car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer l'idée en question.
Il s'agit pour lui de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir
de poétique dans l'historique, de tirer l'éternel du tran sitoire.»
La modernité suppose l'observation de la vie dans son mouve
ment, dans sa fugacité.
Elle exige une autre démarche que
celle de l'imitation des modèles.
Mais Baudelaire sait que
la
nécessité de trouver d'autres voies que celles de ses prédéces
seurs
n'a en soi rien de nouveau; elle fut de tous les temps.
Elle est
la condition de l'originalité qui est la mesure de la
valeur poétique ou artistique.
C'est
en cela aussi que réside
l'éternité du
«nouveau», car l'émotion esthétique a toujours
eu besoin de ce choc, de cette surprise pour naître et se
renouveler.
Baudelaire dit bien que le but de l'artiste mo
derne n'est pas celui d'un
«pur flâneur», car il est «plus
général»,
il est «autre que le plaisir fugitif de la circons
tance»..
»
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