Le rapport père/fils dans la pièce - Calderón
Publié le 09/08/2014
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Introduction : La figure paternelle hante le théâtre calderonien, en ce sens pas si éloigné du théâtre shakespearien. Obsédante, elle est au coeur de l'intrigue et commande les rapports entre Sigismond et Basile.
«
E X P 0 S É S F C H E S
mond, va permettre la transformation intérieure de celui-ci et le rendre digne de lui
succéder.
En outre, la révélation, apportée lors de la deuxième journée, que
le roi a
un héritier légitime sera la cause de l'insurrection populaire.
Enfin, à son corps
défendant, il aura contribué à réaliser le présage qu'il avait cru éviter (il sera
vaincu par son fils et s'abaissera devant lui), accomplissant ainsi la volonté divine.
Père et fille dans la seconde intrigue
Même rôle déterminant du père dans cette seconde intrigue : Clothalde a désho
noré Violante en ne !'épousant pas, condamnant Ros aura
à une forme de mort
sociale.
C'est son épée, signe de reconnaissance et gage de la promesse de secourir
celui qui la porterait, qui va l'obliger à aider Rosaura, permettant à celle-ci de
retrouver Astolphe.
Mais
il va devenir un obstacle pour elle en refusant de tuer
Astolphe au nom de l'obligation qu'il a contractée envers ce dernier.
Le dénoue
ment apportera un ultime renversement, puisqu'en révélant
qu'il est le père de
Rosaura,
il rend possible le mariage avec Astolphe, restituant du même coup à
la jeune fille son honneur perdu .
...
Ill -UN THÉÂTRE DU DÉSIR
Théâtre et fantasmes
La pièce multiplie les scènes où les désirs les plus inconscients et les plus
intenses s'extériorisent, et notamment la volonté de supprimer
le père: Sigismond,
au cours de la deuxième journée, prend son père à partie et le menace, cependant
que celui-ci est hanté par le cauchemar où
il s'est vu prosterné devant son fils.
Enfin, la troisième journée montre
un conflit ouvert, la guerre entre le père et le fils.
La progression dramatique est calquée sur
un affrontement de plus en plus ouvert.
La dimension fantasmatique de la pièce est soulignée par le climat onirique qui
l'enveloppe.
Calderon multiplie en effet songes, anticipations, fantasmes: cauche
mar de Clorilène, visions répétées de Basyle qui se voit humilié par son fils.
Mais parce que l'interdit pèse sur l'affirmation du désir, celui-ci chemine
masqué: ainsi Clothalde fonctionne-t-il comme
un double du père; c'est lui qui a
élevé Sigismond, ce dernier l'appelle père, et
c'est par conséquent lui qui va
se voir menacé de mort par Sigismond, ne devant la vie qu'à l'intervention d' As
tolphe.
On le voit, le théâtre caldéronien puise au fonds œdipien le plus refoulé.
Le fils triomphal
«Que tous voient de son père triompher le prince Sigismond».
(v.
2076-77)
De ce combat avec la figure paternelle qui veut le nier,
le fils sort vainqueur et
grandi, s'offrant même le luxe d'épargner
le père.
Parallèlement,
il faut attendre la fin de la pièce pour que Clothalde reconnaisse
officiellement Rosaura.
Ainsi l'ordre familial, dynastique et en dernier recours
politique et social, est-il restauré.
Conclusion : le motif du
parricide hante La vie est un songe.
Celle-ci est,
entre autres significations, une douloureuse quête du père et de l'identité
qui débouche sur une double paternité retrouvée par les fils et assumée par
les pères..
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