Le « quiétisme » : Bossuet et Fénelon s'affrontent
Publié le 30/08/2013
Extrait du document

Une affaire à
rebondissements
Début 1694, un collège d'ecclé¬siastiques, présidé par Bos¬suet, est chargé par le roi d'exa¬miner la doctrine prêchée par madame Guyon et décide de la censurer. En juillet, une réunion de conciliation se tient à Issy, et un consensus s'établit sur trente-quatre articles déter¬minant ce que le dogme catho¬lique peut tolérer ou non du quiétisme. En mars 1695, Féne¬lon signe ce « traité « tandis que madame Guyon est empri¬sonnée à Vincennes.
La trêve est de courte durée. Également insatisfaits de cette conclusion qui n'en est pas une, Fénelon et Bossuet éprou¬vent le besoin de réaffirmer et de préciser leurs idées. En 1697, le premier publie l'Explica¬tion des maximes des saints sur la vie intérieure. Le second répond par l'Instruction sur les états d'oraison, voyant dans le texte de son adversaire une rétractation de la position affichée deux ans plus tôt.

«
soir», elle est considérée par
certains comme « folle et vi
sionnaire ».
D'autres voient en
elle une sainte.
L.:abbé de
Fénelon, qui déclare la « révé
rer »
parce que « très expéri
mentée sur l'oraison », envoie
-fort imprudemment - au
pape son ouvrage Maximes des
saints sur la vie intérieure, dans
lequel il se livre à une apologie
indirecte
du quiétisme .
De son
côté, Jacques Bénigne
Bossuet garde la
tête froide :
persuadé
que ces délires mys
tiques « déchireraient la divine
tissure » de l'Église, il dénonce
la
prédominance de l'indivi
dualisme, le mépris de la priè
re et du culte qui s'y cachent.
« Monseigneur de Cambrai
m'épouvante , écrit -il, en nous
disant
qu'il a plus appris de
madame Guyon que de tous
les
docteurs ».
Dès lors , va
s'ensuivre un vif affrontement.
verbal, épistolaire et livresque.
Le scandale
prend d'autant
plus d'ampleur que Fénelon
est le
percepteur du petit-fils
de Louis XIV, le duc de Bour
gogne,
et a été nommé en fé
vrier 1695 archevêque de Cam-
brai, et que Bossuet , non moins
célèbre
du fait de ses retentis
sants sermons est évêque de
Meaux.
Le conflit entre ces
deux personnalités parmi les
plus en vue
du royaume attire
inévitablement l'attention du
public, qui se passionne pour
un débat qui sinon serait sans
doute resté assez confidentiel.
Louis
XIV lui - même doit s'en
mêler : après avoir lu une bro-
~ chure rédigée par Bossuet.
il
~ prend parti contre Fénelon et
~ reproche à madame de Mainte
E non de le soutenir.
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rebondissements
Début 1694, un collège d'ecclé
siastiques , présidé par Bos
suet,
est chargé par le roi d'exa
miner la doctrine prêchée par
madame Guyon et décide de
la censurer.
En juillet, une
réunion de conciliation se tient
à Issy, et un consensus s'établit
sur trente-quatre articles déter
minant ce que le dogme catho
lique peut tolérer ou non du
quiétisme .
En mars 1695, Féne
lon signe ce « traité » tandis
que madame Guyon est empri
sonnée à Vincennes .
La trêve est de courte durée .
Également insatisfaits
de cette
conclusion
qui n'en est pas
une , Fénelon et Bossuet éprou
vent le besoin de réaffirmer et
de préciser leurs idées .
En
1697 , le premier publie l'Exp/ica
tion des maximes des saints sur la vie
intérieure .
Le second répond par
l'instruction sur les états d'oraison,
voyant dans le texte de son
adversaire une rétractation
de
la position affichée deu x ans
plus tôt.
Le
1 •• août , à l'i nstigation de
Bossuet , Louis XIV ordonne à
Fénelon
de quitter la Cour et
l'e x ile dans son archevêché de
Cambrai.
C'est encore après
une
intervention de Bossuet
(mais
le roi l'avait déjà deman
dé) que , en mars 1699, un bref
UNE DOCTRINE INQUIÉTANTE
Du latin quietus (paisible), le
quiétisme, la « doctrine du
repos » est une doctrine
mystique qui vise à-6e ,perdr.e,.
en Dieu, avec un total abandon, en s'oubliant soi
même.
L'âme obtient le
repos en s'en remettant de
tout à Dieu, en ayant renoncé
à se préoccuper du salut
éternel : il suffit de ne
chercher en rien à faire obstacle à la volonté divine.
Des éléments de cette
doctrine apparaissent déjà
dans les écrits de saint
Jérôme, et il en est parfois
fait mention au M"Oyen-Age.
Mais le quiétisrne::ne prend
vraiment de l'ampleur qu'au
XVII' siècle, popularisé par
le moine espagnol Miguel de
Molinos , qui en énumère
les préceptes dans un Guide
spirituel.
En 1687 déjà, une
bulle du pape Innocent Ill le
condamnait .
Les
ecclésiastiques y voient une
déviation inquiétante, dans le
sens où, l'homme n'étant plus
qu 'un instrument docile dans
la main de Dieu et--ne
comptant que sur la grâce divine pour faire son salut,
il n'a plus à se soucier
de fournir des efforts personnels, risquant ainsi de
tomber dans le laisser-aller
moral et spirituel, source possible de tous les excès .
du pape Innocent XII condam
ne les Maximes des saints.
Forcé
de se soumettre, FéAelon pu
blie le mois suivant un mande
ment qui met enfin un terme à
la querelle .
Quant à madame
Guyon, elle est transférée à la
prison de la Bastille, où elle
restera jusqu'en -170 3, avant
d'être exilée de P.aris et de finir
ses jours entourée
de la véné
ration des quelques disciples
qui lui restent.
La doctrine du
quiétisme , elle, ne se relèvera
pas des coups reçus lors
de
cette retentissante affaire..
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