le portait de vautrin
Publié le 03/02/2019
Extrait du document
Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l’homme de quarante ans, à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l’avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : \"Ça me connaît.\" Il connaissait tout d’ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l’étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. Si quelqu’un se plaignait par trop, il lui offrait aussitôt ses services. Il avait prêté plusieurs fois de l’argent à madame Vauquer et à quelques pensionnaires ; mais ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre, tant, malgré son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regard profond et plein de résolution. À la manière dont il lançait un jet de salive, il annonçait un sang-froid imperturbable qui ne devait pas le faire reculer devant un crime pour sortir d’une position équivoque. Comme un juge sévère, son œil semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments. Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l’aide d’un passe-partout que lui avait confié madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur. Mais aussi était-il au mieux avec la veuve qu’il appelait maman en la saisissant par la taille, flatterie peu comprise ! La bonne femme croyait la chose encore facile, tandis que Vautrin seul avait les bras assez longs pour presser cette pesante circonférence. Un trait de son caractère était de payer généreusement quinze francs par mois pour le gloria qu’il prenait au dessert.
I. Le portrait physique :
A quel endroit du texte se trouve-t-il ?
Au début è La physiognomonie.
Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l’homme de quarante ans, à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point.
Transition : entre Mlle Michonneau et Poiret, et Eugène et Victorine.
Donc : transition entre des personnages assez âgés et des jeunes gens – héros traditionnels.
Déjà, un mystère : la pension accueille des vieillards et des jeunes gens peu fortunés. Vautrin : à part.
Favoris peints : coquetterie ? Déguisement ? Détail symbolique.
«
Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l’homme de quarante
ans, à favoris peints, servait de transition.
Il était un de ces gens dont le
peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien
développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement
marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux
ardent.
Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de
dureté que démentaient ses manières souples et liantes.
Sa voix de basse-
taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point.
Il était obligeant
et rieur.
Si quelque serrure allait mal, il l’avait bientôt démontée, rafistolée,
huilée, limée, remontée, en disant : "Ça me connaît." Il connaissait tout
d’ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l’étranger, les affaires, les hommes,
les événements, les lois, les hôtels et les prisons.
Si quelqu’un se plaignait par
trop, il lui offrait aussitôt ses services.
Il avait prêté plusieurs fois de l’argent à
madame Vauquer et à quelques pensionnaires ; mais ses obligés seraient
morts plutôt que de ne pas le lui rendre, tant, malgré son air bonhomme, il
imprimait de crainte par un certain regard profond et plein de résolution.
À la
manière dont il lançait un jet de salive, il annonçait un sang-froid imperturbable
qui ne devait pas le faire reculer devant un crime pour sortir d’une position
équivoque.
Comme un juge sévère, son œil semblait aller au fond de toutes
les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments.
Ses mœurs
consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour
toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l’aide d’un passe-partout que lui avait
confié madame Vauquer.
Lui seul jouissait de cette faveur.
Mais aussi était-il
au mieux avec la veuve qu’il appelait maman en la saisissant par la taille,
flatterie peu comprise ! La bonne femme croyait la chose encore facile, tandis
que Vautrin seul avait les bras assez longs pour presser cette pesante
circonférence.
Un trait de son caractère était de payer généreusement quinze
francs par mois pour le gloria qu’il prenait au dessert.
Des gens moins
superficiels que ne l’étaient ces jeunes gens emportés par les tourbillons de la
vie parisienne, ou ces vieillards indifférents à ce qui ne les touchait pas
directement, ne se seraient pas arrêtés à l’impression douteuse que leur
causait Vautrin.
Il savait ou devinait les affaires de ceux qui l’entouraient,
tandis que nul ne pouvait pénétrer ni ses pensées ni ses occupations.
Quoiqu’il eût jeté son apparente bonhomie, sa constante complaisance et sa
gaieté comme une barrière entre les autres et lui, souvent il laissait percer
l’épouvantable profondeur de son caractère.
Souvent une boutade digne de
Juvénal, et par laquelle il semblait se complaire à bafouer les lois, à fouetter la
haute société, à la convaincre d’inconséquence avec elle-même, devait faire
supposer qu’il gardait rancune à l’état social, et qu’il y avait au fond de sa vie
un mystère soigneusement enfoui.5
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