Le poète breton contemporain Eugène Guillevic écrit à propos de son art : « Je crois que la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d'apprendre le monde. Il y a toutes sortes de moyens de connaissance. Pour important que soit le rôle de la science, ce n'est pas le seul. Nous ne devons nous priver d'aucun de ces moyens. Il n'y a pas que la connaissance purement intellectuelle qui est connaissance. Après tout, le meilleur moyen de connaître une pomme, c'est de la manger... » Q
Publié le 27/04/2011
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Le poète breton contemporain Eugène Guillevic écrit à propos de son art : « Je crois que la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d'apprendre le monde. Il y a toutes sortes de moyens de connaissance. Pour important que soit le rôle de la science, ce n'est pas le seul. Nous ne devons nous priver d'aucun de ces moyens. Il n'y a pas que la connaissance purement intellectuelle qui est connaissance. Après tout, le meilleur moyen de connaître une pomme, c'est de la manger... « Quelle conception personnelle avez-vous du rôle de la poésie dans la vie humaine ? Appuyez votre réflexion sur celle de Guillevic et sur des exemples précis.
«
lui reprochera également son manque d’accessibilité.
En effet, la poésie présente un caractère ésotérique qui la rendpeu compréhensible, voire élitiste.
Mais les poètes recourent également trop souvent à un langage hermétique etobscur qui les coupe de leurs lecteurs.
Il n’est pas étonnant de s’apercevoir qu’aujourd’hui la poésie reste uneaffaire d’initiés.
Aussi, le manque de rationalité des sujets abordés attire parfois le mépris, par exemple dans UneSaison en Enfer de Rimbaud, le jeune homme oscille entre calme extatique et grandes aventure prométhéennes.Folie et hébétude silencieuse se succèdent, l’esprit vacille et la raison s’égare… le poète s’embarque seul dans unesorte de délire mystique dans lequel le lecteur ne le suivra pas forcément.
Ainsi l’art, dont la Poésie, est bien « […]un luxe intellectuel accessible à de très rares esprits » (Leconte de Lisle).
La poésie semble ici une notion vague etnébuleuse aux yeux du plus grand nombre, idée difficile à accepter pour le grandissant effectif de personnesuniquement sensibles à l’utilité pratique et aux écrits qu’ils jugent intéressants.
Pour autant la poésie ne pourrait-ellepas aborder des sujets sérieux au même titre que d’autres types d’écrits plus cartésiens ?
Quoiqu’il en soit, il est indéniable que la poésie est une perpétuelle source de plaisir ; ce plaisir peut malgré tout êtremis au service de certaines causes tenant à cœur aux auteurs, c’est ce que l’on appelle la poésie engagée.
Tandisque certains auteurs comme Verlaine refusent que la poésie soit asservie à un banal engagement et revendiquent «De la musique encore et toujours ! », d’autres écrivains se servent de la poésie comme d’une arme au service deleurs idéaux.
Cette poésie engagée prend son essor pendant le XIXe siècle, notamment après la Révolution.
Ellereste cependant toujours très actuelle, au XXe siècle, Robert Desnos dressait encore un portrait virulent duMaréchal Pétain dans son poème « Maréchal Ducono ».
La poésie peut donc aider le poète à éveiller la consciencede ses contemporains, à transformer une société qui le révolte.
C’est une forme d’art qui peut à la fois réjouir lesâmes et donner à réfléchir, mettant les hommes face à leur société et leur faisant comprendre ses défauts.
Ce typede poésie est le moyen d’expression privilégié par les opposants aux régimes totalitaires.
Par exemple, LesChâtiments d’Hugo mettaient en place un violent réquisitoire de Napoléon III.
On va même jusqu’à dire que « Lapoésie est une insurrection ».
Ainsi, l’esthétique de ce style littéraire peut être mise au service de causesimportantes, permettant à l’homme de prendre conscience de son monde, de sa situation, et de tout mettre enœuvre pour les faire évoluer.
Toutefois, cette poésie ne pourrait être sans l’intervention de poètes bien décidés àfaire évoluer les mentalités.En effet, la poésie peut servir à « réveiller le peuple » comme le disait Hugo.
Les productions artistiques sansintérêts sont ici mises de côté, on en revient aux joyaux de la littérature dans lesquels l’artiste a tenté d’investirtout son pouvoir de subversion.
Beaucoup d’hommes de lettre – surtout à la fin du XIXe siècle avec l’affaire Dreyfus– se sont acquittés d’une mission politique.
Sorte de poètes prophètes, ils s’attachaient à civiliser le monde,conscients à la fois du passé, du présent et du futur, comme Hugo dans La légende des siècles.
Ces quelquespoètes engagés font alors figure à la fois d’artistes et d’hommes politiques.
Le réveil du peuple semble ainsi pouvoirs’effectuer autant à partir du discours réaliste des politiques que du lyrisme poétique.
L’apparition de la passionentraîne indéniablement le regain d’intérêt du peuple, cette passion est cependant en inadéquation avec la pâle etmorne élocution d’un discours politique.
Là où les gouverneurs nous affabulent de formules assassines et définitives,l’art nous fascine et tire tout son éclat de sa force d’indignation.
Ainsi, on comprend que – au même titre quen’importe quel autre type de discours où d’écrit – la poésie à le pouvoir de faire prendre conscience du monde et dela société.
Si de nos jours on considère souvent que la poésie est un art peu utile réservé à une élite, on se rend rapidementcompte que le poète peut également incarner un « moi » universel, permettant à l’homme de prendre connaissancede lui-même et du monde qui l’entoure.
Tel fut aussi le cas lors des périodes tragiques de l’histoire durant lesquellesles poètes ont su guider le peuple à une prise de conscience collective, visant à renverser des gouvernements oudes idées trop stricts et illégitimes.
La poésie est alors à la fois un témoignage du monde et une arme.En outre, la poésie n’a jamais été l’unique moyen de dénonciation social.
De nombreux écrits subversifs ont existé àtravers le temps.
On retient par exemple les contes philosophiques de Voltaire comme Candide et sa fortedénonciation de la guerre..
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- Pensez-vous avec Eugène Guillevic que la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d'apprendre le monde ?
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- « la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d’apprendre le monde » Eugène Guillevic