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Le pessimisme dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)

Publié le 05/12/2019

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maupassant

Quant à Henri, l'émotion qu'il ressent est telle que ce qui reste essentiel en lui, sa vigueur, en est paralysé. Dès lors, on comprend bien le rôle Joué par l'évocation du fracas de la cascade dans la mise en scène fataliste du texte. Maupassant, par un grondement continu « montant des profondeurs de la rivière », annonce l'imminence du piège où se prendront, l'une sans l'avoir voulu, l'autre sans l'avoir compris, les deux jeunes gens.

 

La vision tragique de Renoir-

 

Renoir suit strictement le même cheminement et semble adhérer au même credo pessimiste. La notion de piège est d'ailleurs plus affirmée encore chez le cinéaste que chez l'écrivain. Les deux canotiers ont ainsi, à deux reprises, un dialogue au cours duquel ils mettent au point leur stratégie pour ce que Rodolphe appelle, par plaisanterie, leur « partie de pêche ». Pêchera-t-on « au lancer ? Avec un mort ? Avec un vif ? Ou avec un leurre artificiel ? ». Et Henri de répondre, sûr de lui : « Pour les femmes, avec un leurre, parbleu ! ». Cet échange badin prend après coup une valeur prémonitoire qui fait écho au pessimisme de la nouvelle : Henri, sans le savoir, travaille aussi à son propre piège et sera finalement aussi « leurré » qu'Henriette.

 

Mais le point important qui distingue Renoir de Maupassant réside dans le fait que le cinéaste annonce explicitement et ce dès le début du film, le triste sort auquel est promise Henriette. Il envisage en effet, par la voix d'Henri, qui souhaite dissuader Rodolphe de « s'attaquer » à la jeune fille, les perspectives de « vie brisée, gâchée », voire d'enfant naturel, qui viendront clore cette partie de campagne. En cela, le cinéaste apparaît peut-être plus déterministe encore que l'écrivain : il montre qu'une claire conscience des risques encourus ne saurait entraver la marche d'un destin contraire. Henriette, comme dans un mythe antique, est promise au sacrifice, et l'oracle involontairement rendu par Henri doit s'accomplir.

maupassant

« fa ite ».

Pour Schopen hauer, en effet, le monde apparalt com me animé d'un désir perma nent duquel toute finalité construc tive est absente.

Non seulement l'homme est le jouet de ses appétits, mais ii sui t des leurres et se trompe lUI -même sur ce qu'il conçoit comme des actes volo ntaires.

La notion de' piège chez Maupassa nt Au cen tre de ce pes sim isme faisant de la vie une douleur ra dicale, se trou ve la notio n de piège : on croit vouloir soi­ même quelque chose de précis, on pense poursuivre son pr ojet et l'on est en réalité happé par une sorte de mach ine fo lle qui vous « agi t » et vous laisse désemparé.

Dans la nouv elle de Maup assant.

le piège prend d'abor d l'a ppa rence d'une ac11on routinière et pre sque anodine : les deux hommes à femme s que sont les cano tiers décident.

quasi mécaniquemen t, de cher cher l'aventu re dès qu'ils aper çoivent Henriette et sa mère.

Aussitôt.

un proce ssus est en mar che, qui conduir a à la dé sill usion finale.

La jeune fi lle conna îtra l'amour , mais pour y penser « tous les soir s » au près d'un mari qu' elle n'aime pas.

Quant à Henri, dont la vie aurait dû effa cer « les détails de cette aven ture », le vo ilà conduit comme malgr é lui à rev en1r dans l'île pour y être le témoin du malheur d'Hen riette .

C'e st en effet une su ite de circon stances en apparence fortuites (il passe rue des Martyrs ; il est envahi, un cer tain dim anche , par un souv enir subit) qui, par étapes téléolog iques, l'amène à la stu péfac tion finale.

Dans le livre, comme dans le film d'ail­ leur s, l'his toire s'achè ve donc sur l'image d'un échec, qui est le point d'aboutisse ment navr ant de toutes les actions pr éa lablement engagées.

Le caractèr e fata l de l'action s'expri me à travers de nom­ breux détails.

D'abord, redisons -le, Henrie tte et Henr i sont co mme destinés l'un à l'a utr e par la par enté de leur s pré­ noms.

Mais en outre, dans la nouv elle, les personnages appa rais sent comme privés de volo nté propr e et se trouvent entr aînés dans une sorte de gran de aspir ation machinale.

La jeune fille « se sent ait prise d'un renonc ement de pensées, d 'une quiétude de ses membr es, d'un abandonnem ent d'el le-m ême, comme env ahie par une ivresse multiple ''· 5.2. »

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