Le personnage d'Hermione chez Racine

« (v.

I 379). pathétique L 'art de Racine touche à la perfection.

Il n'y a pas un moi de trop, pas un mot à reprendre, le familiermême devient pathétique.

Point d'ironie ici, bien qu'on ait enseigné quelquefois que la princesse « ironisait » audébut de la scène 5.

La Clairon, la célèbre actrice du XVIIIe siècle, a fort bien jugé que « l'ironie » demandait de lalégèreté d'esprit et une tranquillité d'âme qu'Hermione ne peut pas avoir.

Elle lutte vainement pour retenir sa colère;les dents serrées, elle sent monter en elle le sarcasme et l'insulte; pourtant le tutoiement qu'elle emploie à deuxreprises n'est pas un outrage délibéré, c'est le cri de l'amante qui laisse échapper ce qu'elle comprimait dans lesreplis secrets de son être, où naturellement elle tutoie son bien-aimé.

Les éclats, la menace, aux derniers vers, sontencore un mouvement d'amour : Hermione veut qu'on sache qu'elle se vengera, pour qu'à l'instant suprême, lapensée de Pyrrhus assassiné se tourne vers elle. A l'acte V, errante et sans dessein, après avoir été l'instigatrice du meurtre, elle va révoquer ses ordres : mais lapensée que sa rivale triomphe l'empêche d'agir à temps. Elle ne peut croire à la mort de celui qu'elle aime.

La nouvelle l'étonné, puis la stupeur se dissipe.

Hermione rugit : « Mais parle : de son sort qui t'a rendu l'arbitre ? « Pourquoi l'assassiner? Qu'a-t-il fait? A quel titre? «QUI TE L'A DIT?...

» (v.

1540). Le dernier mot est sublime : L'INCONSCIENCE ATTEINT A LA GRANDEUR.

Pendant une scène entière elle s'estemployée à déterminer Oreste au régicide et cependant le cri est si vrai qu'il nous transporte : Il achève lepersonnage d'Hermione.

Son suicide n'est plus qu'une conséquence logique: « ...Nous l'avons vue, « Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber, « Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber » (v.

1610). »