Le personnage d'Etienne LANTIER dans GERMINAL de ZOLA
Publié le 17/01/2022
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EtienneVouloir cerner le personnage d'Etienne, c'est d'abord l'impliquer dans une relation collective avec les mineurs et lemilieu de la mine ; c'est aussi le comprendre dans sa relation amoureuse avec Catherine.
Une double intrigue, sociale(conflit des mineurs avec la Compagnie), amoureuse (chaste, Etienne devra disputer Catherine à Chaval), constituela trame du drame d'Etienne.Comme le signale Neide de Faria, l'intrigue amoureuse, ébauchée à la fin du chapitre 4 et au chapitre 5 de lapremière partie, demeure un ressort dramatique latent, jusqu'au dernier chapitre du roman, ou peu s'en faut.Tout commence par l'intervention intempestive, mais décisive, de Chaval, lequel ose embrasser brutalementCatherine alors qu'Etienne s'enhardissait auprès d'elle.
Etranger à la mine (il vient de Lille), plutôt velléitaire et mêmetimoré au début, Etienne se méprend sur les relations entre Catherine et Chaval, il a même du mal, au tout début, àidentifier Catherine (il la prend pour un jeune homme).
Etienne : un personnage contradictoireDans le trio constitué par Catherine, Chaval et Etienne, Chaval prend l'initiative et conserve longtemps l'avantage.Par son comportement initial envers Catherine et Chaval, Etienne compromet son succès amoureux jusqu'à la fin.
«Pourquoi n'a-t-il pas osé le premier, ce sera là tout le livre », note Zola dans sa « Fiche personnage ».Etienne ne manque ni de volonté ni de courage et, s'il est intimidé, il n'est pas vraiment timide devant Catherine.
Labagarre avec Chaval (sixième partie, chapitre III), l'affrontement des deux hommes au fond de la mine (septièmepartie, chapitre V) en administrent la preuve.
Etienne, en réalité, se montre partagé entre l'engagement révolutionnaire et l'engagement amoureux.
Son audacedans le combat social est la contrepartie de sa passivité amoureuse et, quand il abandonne provisoirement lecombat social, c'est par amour pour Catherine : il décide, sur un coup de tête, de reprendre le travail au fond(septième partie, chapitre II).
Zola prend soin de le consigner dans le dossier préparatoire :« Il ne faut pas oublier la dualité chez Etienne, son amour et ses idées sociales.
Le personnage est difficile à causede cette nuance que je voudrais très franche, sans tralala ni romance.
»Plus par complaisance que par désir, Etienne se laissera tenter par la Mouquette, dans des circonstances difficiles,et rompra bientôt avec elle.A l'égard de Catherine, Etienne est partagé entre l'attirance et le retrait, mêlé de rancune à partir du moment où ilsaura que Catherine a cédé à son rival.
Ce n'est qu'à la faveur de circonstances exceptionnelles (dans la proximitéde la mort) qu'Etienne s'unit à Catherine ; pour le reste, la frustration amoureuse paraît être la rançon de cettepassion violente qu'il éprouve pour ses idées sociales, c'est-à-dire son militantisme.
Etienne et l'apprentissage de la mineD'abord étranger à la mine, Etienne devient vite un excellent herscheur, et un haveur apprécié, notamment, deMaheu ; il s'intègre donc rapidement à la vie des mineurs et l'on apprend, à la fin de la première partie (chapitre VI)que, s'il est resté à Montsou, c'est « pour les yeux clairs de Catherine » et aussi « pour souffrir et se battre » avecles mineurs.
Vite reconnu comme le chef de ces derniers, il organise, sous la direction de Pluchart, le mouvement degrève.
Même son rejet ultérieur par les mineurs contribue, en quelques sorte, à l'enrichissement de son expérience.Le narrateur, à l'occasion, ne se prive pas, du reste, de dénoncer les faiblesses de son apprentissage : sa foi naïve,son savoir rudimentaire et mal digéré, sa vanité de meneur d'hommes, ses ambitions de tribun songe-creux et beauparleur, et même son embourgeoisement.Il n'empêche : Etienne demeure le héros de ce roman d'éducation, il a vécu dans sa chair une expérienceirremplaçable : le chômeur sans domicile fixe du début s'est converti en un ouvrier éveillé à sa dignité d'homme.Devenu l'interprète de ses compagnons, Etienne n'en restera pas moins en marge du milieu où il s'est intégré.
Eneffet, il se prive des plaisirs recherchés, occasionnellement ou non, des mineurs : il est chaste et tempérant.
Malgréson hérédité (il est le fils de Gervaise et de Lantier, voir L'Assommoir), il ne boit pas (à une seule exception près :lors de la marche des mineurs à travers les fosses, dans la cinquième partie).Il le dit à Chaval : il donnerait tout pour la « justice », la « boisson » et les « filles », (troisième partie, chapitre II).La grève (après l'émasculation de Maigrat et l'intervention des gendarmes) lui fera subir la clandestinité.
Il sera mishors la loi —mais il sera aussi désavoué par les mineurs, ses anciens compagnons, après la fusillade.Tout en condamnant sa conduite, Rasseneur lui assurera son appui et sa protection ; Souvarine, le sachantcondamné, l'abandonnera à son sort.Militant collectiviste, Etienne est le personnage central du roman et c'est par son intermédiaire que se découvre aulecteur le monde de la mine et des mineurs..
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