Le personnage d'EMMA BOVARY
Publié le 22/02/2012
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son idole.
Après le lycée de Rouen, il entreprend à Paris, à partir de 1842, des études de droit qui l'intéressent assezpeu.
Surtout, Flaubert brûle d'une passion secrète pour Elisa Schlesinger, jeune femme rencontrée en 1836 et jamaisoubliée.
Elle lui inspirera ses oeuvres de jeunesse : Mémoires d'un fou (1838), Novembre (1842) et la premièreversion de L'Education sentimentale (1845).Ces écrits ne seront pas publiés.
Flaubert fréquente à Paris les écrivains romantiques mais, terrassé par une gravemaladie nerveuse, il se retire à Croisset, dans la campagne normande.
Les morts successives de son père et de sasoeur le rendent amer et pessimiste.
Il décide de se consacrer exclusivement à la littérature.En 1849, Gustave Flaubert écrit un livre intitulé La Tentation de saint Antoine.
Il fait lire le manuscrit à deux de sesamis, le poète Louis Bouilhet (1822-1869) et l'écrivain Maxime Du Camp (1822-1894).
Ceux-ci sont très critiques : lelivre est lourdement lyrique, rempli d'un fatras romantique, impubliable.
Bouilhet conseille à Flaubert de revenir à uneécriture plus « terre à terre » et, pour cela, de traiter un sujet réaliste.
Il lui suggère un fait-divers qui vient dedéfrayer la chronique : l'histoire de madame Delamare.Delphine Delamare, femme d'un médecin, vivait dans le village normand de Ry.
Infidèle à son mari, tourmentée pardes ennuis d'argent, elle avait fini par se suicider à l'arsenic et son mari était -mort de chagrin peu après.Flaubert est sceptique.
Il a déjà en tête un grand sottisier, destiné à vilipender les conventions et la sottisebourgeoises, qu'il appellerait Le Dictionnaire des idées reçues.
Pourtant le projet mûrit au cours d'un voyage enOrient, effectué entre 1849 et 1851 en compagnie de Maxime Du Camp.
A son retour, Flaubert se met à ce qu'ilconsidère comme une véritable corvée : la rédaction de Madame Bovary.Cette fois, il va éviter tout lyrisme et s'en tenir au réalisme le plus scrupuleux.
La rédaction du roman dureracinquante trois mois.
Flaubert travaille comme un forcené.
Il recherche en permanence le mot juste, l'expressionexacte.
Il fait de recherches documentaires très poussées afin de garantir h justesse de ses descriptions.
Il littoutes ses phrases à voit), haute pour en apprécier l'équilibre et la sonorité.
Les personnages, les lieux sont inspiréspar la réalité.Pour créer le pharmacien Homais, l'une des plus remarquables figures d'imbécile de toute notre littérature, Flaubertutilise une partie du matériel recueilli pour son Dictionnaire des idées reçues.
On en retrouvera en partie l'inspirationdan! Bouvard et Pécuchet , qu'il écrira en 1880.Avec Madame Bovary, Flaubert met en oeuvre ses théorie sur le réalisme littéraire et l'importance essentielle dustyle.
I recommande l'observation objective et, peut-être en souvenir de son enfance, conseille de porter sur la vie« un coup d'œil médical ».
Et de fait, son roman frappe surtout par la qualité des descriptions (mariage campagnard,fête des Comices agricoles...) et la vérité des caractères.Dans tout ce réalisme, il faut pourtant relever une parenté littéraire.
Emma Bovary, jeune femme finalement asseznaïve qui perd le sens des réalités à cause de ses lectures, rappelle un peu le don Quichotte de Cervantès.Comme le héros espagnol, Emma ne voit et n'interprète le monde qu'à la lumière de ses propres rêves.
Sa conduiteest à la fois déraisonnable et cohérente.
Déraisonnable, car ses actes sont mal adaptés à son environnement;cohérente, cal Emma adopte toujours la même conduite « romanesque ».
Même sa conduite finale, rédaction d'unelettre mystérieuse et suicide, semble sortir d'un roman.
On peut dire que les lectures de Madame Bovary lui onttourné la tête.C'est que Flaubert lui-même, admirateur du romantisme, connaissait l'effet des lectures fortes sur les âmes simples.Il s'était pris, tout jeune, pour un héros de roman.
Ainsi, en écrivant Madame Bovary, il pouvait se moquer de lui-même.
D'où peut-être sa fameuse formule « Madame Bovary, c'est moi!» Flaubert oscillera toujours entre deuxtentations inconciliables.
D'une part, il est épris de vérité réaliste, ce qui le pousse à décrire les bourgeois de sontemps avec une précision minutieuse.
D'autre part, il a le goût de la démesure romantique, des descriptionsgrandioses et des sujets lyriques.
C'est ainsi qu'il alternera les romans de moeurs,comme Madame Bovary, L'Education sentimentale (1869) ou Bouvard et Pécuchet, avec les récits historiquescomme Salammbô (1862) ou Hérodias (1877).
Succès et avatars
Madame Bovary devait être publié en plusieurs fois dans La Revue de Paris.
Mais la violence satirique de certainesdescriptions effrayèrent les directeurs, qui firent de larges coupures.
Le journal reçut néanmoins des lettres deprotestation.C'est que le texte de Flaubert attaquait des valeurs établies.
Il montrait, sans agressivité mais sans masque,l'incompétence meurtrière d'un médecin, la stupidité satisfaite d'un prêtre, la lâcheté égoïste d'un noblecampagnard, la prétention d'un pharmacien...
Il démontait l'enchaînement « naturel » par lequel une respectablemère de famille en arrivait à l'adultère, au vol et au suicide.
Tout cela faisait beaucoup pour un premier roman.Aussi, en janvier 1857, Gustave Flaubert passa devant le tribunal correctionnel pour outrage aux bonnes mœurs et àla morale publique et religieuse.
Brillamment défendu, il fut acquitté.
Madame Bovary profita de ce parfum descandale et put être imprimé dans sa version intégrale.
Mais la mésaventure accrut encore la misanthropie deFlaubert et son dégoût de la « bêtise » bourgeoise.Si la critique de l'époque ne sut pas apprécier les qualités du livre, accusé de manquer de vie, Madame Bovary estdevenu depuis l'un des classiques de la littérature française.Différentes adaptations ont été réalisées au cinéma.
Citons en particulier celles de Jean Renoir (1934) en France, deGerhard Lamprecht (1937) en Allemagne, de Vincente Minnelli (1949) aux Etats-Unis, avec Jennifer Jones dans lerôle principal et, plus récemment, de Claude Chabrol (1991), avec Isabelle Huppert et Christophe Malavoy.
EmmaBovary a également inspiré une chanson interprétée par Alice Dona.Enfin, deux romans se sont inspirés des personnages de Flaubert pour proposer des variations sur Madame Bovary.Le premier, publié en 1978 par l'Autrichien Jean Amery,.
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