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Le père Goriot - Le convoi funèbre

Publié le 28/01/2014

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Situation     Dans les pages précédentes du roman Le Père Goriot, le narrateur a raconté la mort du père. Il a insisté sur la solitude de cette agonie : au retour de la soirée chez madame de Beauséant, Eugène a trouvé Goriot mourant. Christophe envoyé auprès des filles pour un secours d’argent n’obtient rien, Anastasie est en conférence avec son mari, Delphine dort. Les longues plaintes du père désignent l’objet de son mal : « Ne pas les avoir, voilà l’agonie «. Eugène effectue alors une démarche vers chacune d’elles, vainement. Anastasie seule viendra, mais trop tard, son père aura sombré dans l’inconscience. Goriot meurt sans avoir revu celles à qui il a tout sacrifié.     La narrateur a montré aussi la sollicitude d’Eugène auprès de l’agonisant, son dévouement, sa fidélité envers ce vieil homme, qu’il soigne et veille avec constance, tout imprégné encore des valeurs affectives de sa famille.  L’enjeu du texte     Cette dernière page du roman Le Père Goriot raconte la brève cérémonie funèbre du malheureux Père Goriot. Elle fournit les derniers éléments nécessaires au dénouement : les thèmes essentiels de l’œuvre, abandon du père et ambition exacerbée de Rastignac, s’y trouvent liés l’un a l’autre et traités avec le maximum d’intensité. Un double itinéraire s’achève, celui d’une vie de dévouement man récompensée pour le père, et celui d’une éducation pour Eugène. Le commentaire envisagera successivement les deux parties du texte, l’une consacrée au disparu et l’autre à rastignac.  Lecture Les deux prêtres, l'enfant de choeur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu'on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n'est pas assez riche pour prier gratis. Les gens du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n'y avait qu'une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de choeur, qui consentirent à recevoir avec eux Eugène et Christophe.  - Il n'y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attarder, il est cinq heures et demie.  Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi jusqu'au Père-Lachaise. A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant. Quand les d...

« - Il n'y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attarder, il est cinq heures et demie.  Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi jusqu'au Père-Lachaise. A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant.

Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l'un d'eux, s'adressant à Rastignac, lui demanda leur pourboire.

Eugène fouilla dans sa poche et n'y trouva rien, il fut forcé d'emprunter vingt sous à Christophe.

Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse.

Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un coeur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux.

Il se croisa les bras, contempla les nuages, et, le voyant ainsi, Christophe le quitta.  Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières.

Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer.

Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses: "A nous deux maintenant!"  Et pour premier acte du défi qu'il portait à la Société,  Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen. . »

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