Le mythe entre comédie et tragédie
Publié le 18/09/2018
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D'abord créés et transmis oralement. les mythes sont apparus bien avant l'écriture. Ils ne relèvent donc a priori d'aucun genre littéraire préas. Toutefois, lorsque les dramaturges s'inspirent des mythes. c'est pour composer des tragédies et non des comédies. Parce qu'elle montre des rois ou des reines affrontant la colère des dieux et mourant glorieusement. la tragédie est liée au monde héroïque et sanglant du mythe. À l'inverse. la comédie met en scène des hommes ordinaires. Elle montre des amoureux qui, aidés de servantes efficaces et de valets habiles. finissent par s'épouser. Les auteurs comiques puisent leurs sujets dans l'observation des caractères humains et la critique de leur époque. C'est pourquoi le mythe, qui entretient des rapports si étroits avec la tragédie, se tient à l'écart de l'univers comique.
Pourtant. Cocteau, Giraudoux. Sartre etAnouilh inversent cette donrée. Dans leurs pièces qui s'inspirent de mythes antiques. ils introduisent des ingrédients comiques. Ceux-ci, toutefois, ne nous font pas toujours rire. Ils nous aident plutôt à cerner une conception originale du tragique.
DES INGRÉDIENTS COMIQUES INTRODUITS AU CŒUR DU MYTHE
Od manière inattendue, nos auteurs intègrent à des sujets mythiques des ingrédients issus de la tradition comique : de bons mots. des situations cocasses et des caractères dignes de la farce.
«
Antigone
est au fond de la tombe pendue aux fils de sa
ceinture, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme
un collier d'enfant, et Hémon à genoux qui la tient dans
ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe.
(A, p.
118.)
Un cas à part : Cocteau
Plus qu'Anouilh, Cocteau évite le lyrisme.
Son style n'en
est pas moins poétique.
Ce sont tantôt des form ules
sèches et lapidair es, à la ma nière des proverbes : « [.
..
]
tout ce qui se classe empeste la mor t » (Ml, Ill, p.
101) .
Ou bien : «L e temps des hommes est de l'éternité pliée»
(ibid.
, "· p.
87) .
La grand e tirade du Sphinx est un morceau de bravoure
qui, par son étourdissant flot de paroles, produit sur Œdipe
et l'aud iteur une étrange fascination, comme si le mons tre
captait sa proie :
Et je parle, je trava ille, je dévide, je déroule, je calcule, je
médite, je tresse, je vanne, je trico te, je natte, je croise, je
passe, je repasse, je noue, je dénoue et renoue, retenant
les moindr es nœuds qu'il me faudr a te dénouer ensuite
sous peine de mor t ; et je serre, je des serre, je me
trompe, je reviens sur mes pas [ ..
.
] 1 (M/, Il, p.
84).
À l'inverse, au moment où la terrible vérité est sur le point
d'écla ter, c'est ',a simp licité la plus grande qui s'impose.
Œdipe.
-Je suis près d'une chose impossible à entendre.
Le Berçer .
-Et moi ...
d'une chose impossible à .jire
(M/, IV, p.
131).
Œdipe n'a plus qu'à s'éloigner , aveugle, guidé par sa fille
Antigon _e .
• Quels que soient ses modes d'expression, la poésie est
donc consu bstantielle au mythe.
De l'ém ervei llement à
l'e ffroi, de la découv erte de l'inco nn·1 à la redécouv erte du
quotidien, de l'exaltation à la douceur , elle se déploie sur
tous les regi stres des tons et du style.
1.
La tirade du Sphmx se poursuit longuement de cette façon..
»
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