Le mythe du cow-boy

« [1.

Fabrication] Le cow-boy, s'il est un mythe qui plonge loin ses racines dans notre histoire, n'en n'est pas moins un mythe qui aété soigneusement fabriqué dès la fin du siècle dernier.

Le poème de Jules Laforgue, datant de 1890, évoque lecaractère légendaire de ces histoires de chevauchées et de vie libre dans la Prairie.

Le poème débute en effet sur leton de la fable merveilleuse pour se terminer sur un constat : tout ceci n'est qu'un fragile rêve d'enfant, ce n'estque de la littérature.

C'est bien en effet la littérature qui a fabriqué le mythe, avec le « roman de quat'sous, le dimenovel ».

Buffalo Bill, quant à lui, est né de la rencontre entre William Cody et un journaliste qui avait flairé le bonfilon.

En 1902, un ancien élève de Harvard, Owen Wister, publie Le Virginien, ouvrage qui, selon Ph.

Jacquin, fixe àjamais l'image du cow-boy : grand, le teint clair, les yeux bleus, courageux et possédant un grand sens de l'honneur(« Le mythe de l'Ouest américain »).

Après la littérature, la photo et le cinéma n'auront plus qu'à se couler dans lemythe, les scénarios copiant les romans de la littérature populaire. [ 2.

Survie du mythe ] On peut comme Gary Granville s'étonner de la survivance du mythe à l'aube du XXIe siècle.

Remarquer, toujoursavec ce même auteur, que le western est devenu une référence mondiale...

Cette diffusion du mythe à l'échelleplanétaire tient en grande partie « au contexte techno-culturel de notre siècle ».

En effet, comme le note encoreGranville, la puissante industrie américaine a su prendre le relais : le blue-jean, symbole du cow-boy est devenu levêtement le plus porté de la planète.

Cependant, tout n'est pas seulement affaire de mercantilisme littéraire,cinématographique ou industriel dans la survie de ce mythe.

Il faut faire la part du rêve, et tous nos auteurs le font.Tout le poème de Jules Laforgue est une invitation au rêve : rêve de liberté, désir d'être sans foi ni loi, un citoyendu hasard.

Philippe Jacquin, dans le document 5, attire lui aussi notre attention sur ce désir d'indépendance, de viesans loi qu'incarne le mythe du cow-boy.

La publicité de Marlboro va elle aussi dans le même sens en nousprésentant un cow-boy solitaire, libre, qui, dans son épaisse veste, peut affronter la nature sauvage de l'Ouest. [ Conclusion ] Ce dossier sur le mythe du cow-boy nous inspire plusieurs réflexions.

La première est l'évidente fascination du mythesur chacun d'entre nous, encore aujourd'hui.

La seconde est que ce mythe correspond tout à fait aux valeurs de lasociété américaine : une lutte du Bien contre le Mal, un manichéisme qui justifie la violence inhérente au western.Enfin, on peut encore s'interroger, plus généralement, sur les rapports du mythe avec l'Histoire.

L'Histoire en effetnous dit bien des choses que le mythe nous cache, comme par exemple que la conquête de l'Ouest a été uneaventure terrible, sanglante, non seulement pour les immigrants eux-mêmes, mais aussi pour les Indiens qui furentles victimes de ce rêve d'Eldorado.. »