Le mythe d'Orphée

« Orphée (JEAN CocTEAu -1926) .............................................

1 RÉSUMÉ L'action se passe quelque part en Thrace, dans le salon d'une villa.

Le poète Orphée y interroge un mystérieux cheval qui lui dicte d'étranges messages en frappant le sol de son sabot.

Une phrase énigmatique a pu ainsi être re­ constituée qui a toutes les allures d'une prophétie : « Madame Eurydice re­ viendra des enfers ».

Eurydice, la jeune épouse du poète, ne comprend pas que son mari soit fasciné par ce cheval au point de la négliger et lui en fait le reproche.

De son côté, Orphée rappelle à Eurydice le danger que représen­ tent ses anciennes attaches avec les Bacchantes, en particulier avec Aglao­ nice sa rivale qui cherchera à se venger.

La scène s'envenime quelque peu, Orphée accusant sa femme de casser volontairement un carreau chaque jour pour faire venir le vitrier Heurtebise.

En fait, Eurydice cherche à ranimer l'amour de son mari en le rendant ja­ loux.

Avec la complicité d'Heurtebise, qui n'est autre que l'ange tutélaire du couple, la jeune femme projette de se débarrasser du cheval.

Par l'entremise d'Heurtebise, la Bacchante Aglaonice lui a fourni un morceau de sucre em­ poisonné.

Mais Eurydice meurt victime d'un autre stratagème et de la ven­ geance d' Aglaonice : une enveloppe dont la colle contient un poison.

Orphée découvre sa femme morte et décide de l'arracher aux enfers.

Heurte­ bise lui en fournit le moyen en lui faisant traverser un miroir.

Après un inter­ valle qui correspond au voyage d'Orphée au pays de la mort, le couple réap­ paraît.

Orphée a obtenu le droit de ramener sa femme.

Mais il ne doit absolument pas la regarder.

L'inévitable se produit lors d'une dispute entre les époux : Eurydice disparaît pour toujours.

Une foule de femmes en ré­ volte menée par Aglaonice et ses Bacchantes fait alors irruption.

Orphée est tué et rejoint ainsi Eurydice.

Au commissaire chargé de l'enquête, l'ange Heurtebise ne peut apporter de réponses satisfaisantes.

Il plonge dans le miroir et rejoint le couple dans une maison qui ressemble étrangement à leur ancienne demeure.

Orphée et Eu­ rydice s'asseyent à table et prononcent une action de grâces toute chrétienne qui se veut un message de paix et d'amour.

1 - Une œuvre de précurseur Avec Orphée, Cocteau fait.figure de précurseur.

Il est un des premiers à donner au mythe antique un éclairage résolument moderne.

Cocteau place ses person­ nages dans le salon d'une villa, « un curieux décor», est-il précisé « qui ressemble pas mal aux salons des prestidigitateurs ».

Non sans étonnement, le spectateur y découvre un box en forme de niche où se tient un cheval, un socle vide dans une autre niche, un lavabo de faïence, une bibliothèque, deux tables et trois chaises.

Les costumes, qui sont« les costumes de l'époque où la tragédie est représentée», traduisent cette même volonté d'actualisation du mythe.

Précurseur, Cocteau veut surprendre.

D'une part, il évite toute représentation conventionnelle del' Antiquité.

D'autre part, il crée un véritable disparate en fai­ sant intervenir des personnages aussi dissemblables que le vitrier Heurtebise, la Mort aux gants de chirurgien, le Commissaire et le Greffier .... »