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Le mythe de Dom Juan

Publié le 12/01/2015

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et Sganarelle, soit par resserrement, en élaguant, par exem¬ple, le groupe féminin initial. Molière représentera dans le personnage pathétique d'El¬vire toutes les victimes du séducteur. Elvire, chez Molière, est l'épouse que Dom Juan a abandonnée après l'avoir enle¬vée d'un couvent. Elle reparaîtra trois fois pour tenter de sauver Dom Juan du châtiment que méritent ses crimes. Le caractère noble et émouvant de ses interventions ne fait que mieux ressortir l'endurcissement du héros muré dans un égoïsme qui apparaît comme l'effet pervers de sa passion de la liberté. En concentrant dans un seul personnage féminin le thème de l'inconstance de Dom Juan, Molière. pour la première fois dans l'histoire du mythe montrait sur la scène une aventure amoureuse du séducteur menée de bout en bout. Enfin, la multiplicité des lieux et des temps, le foisonne¬ment des situations, la variété des milieux offrait à Molière le diapason le plus large pour nourrir son histoire de la connais¬sance qu'il avait acquise de la société de son temps, aussi bien au cours de ses tournées en province dans les années difficiles que par son contact avec la Cour dans les années de faveur. La forme baroque, éclatée, du modèle espagnol se prêtait à cette liberté dramatique qui fait la particularité de Dom Juan parmi les comédies de Molière. Il résultera de cette rencontre une fécondation réciproque si intense entre les données ob¬jectives de l'histoire léguée par Tirso de Molina et le projet de Molière qu'il sera désormais difficile de concevoir sans cet apport ce qu'il est convenu d'appeler « le mythe de Dom Juan ». Quand, un siècle plus tard, Lorenzo Da Ponte rédigea le livret du Don Giovanni de Mozart, il assembla habilement une mosaïque d'emprunts divers, en particulier aux Italiens, comme l'air du catalogue. Mais pour l'essentiel de sa concep¬tion, il s'inspira du Dom Juan de Molière qui n'était pas un Dom Juan parmi d'autres mais avait fini par s'identifier au mythe lui-même, tellement il en avait exprimé la quintessence dans un aboutissement synthétique autant que singulier.
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« 198 / Molière.

Œuvres majeures Ainsi, Dom Juan ne saurait se restreindre, comme Tartuffe, comme Harpagon, comme Alceste, au personnage de Molière.

En créant son Dom Juan, Molière a contribué au mythe, mais son héros en a reçu en retour un pouvoir de séduction inégalé.

Il y a entre Je mythe et l'œuvre'de Molière échange réciproque de services.

On ne saurait traiter du thème de Dom Juan sans se référer à la comédie de Molière, m;is la comédie de Molière n'est qu'une pierre qui entre dans la construction d'un édifice destinée par définition à rester inachevé.

Si l'on consulte les dictionnaires, on apprend qu'un mythe se définit par son caractère fabuleux et par sa valeur allégori­ que.

Mais cette fonction emblématique est Join d'être unilaté­ rale, et elle n'est abstraite que par sa capacité de métamor­ phose.

Elle est plurielle et se charge d'une multiplicité de significations qui s'ajoutent au cours de l'histoire sans jamais s'exclure.

Dom Juan est l'homme de désir, le symbole de l'inconstance amoureuse, mais il est aussi Je Révolté, Je Conquérant, il peut incarner aussi l'inquiétude perpétuelle de l'esprit humain en quête de la connaissance.

Molière le pein­ dra sous les traits ironiques et désenchantés du Sceptique, ce fruit de la pensée libertine issue de Montaigne.

Il sera Je premier à lui donner une profondeur philosophique.

Mais il travaillait sur un matériau préparé.

Contrairement à d'autres mythes qui se perdent dans la nuit des temps, Dom Juan est un mythe moderne qui doit son existence littéraire à l'un des auteurs les plus prolifiques du Siècle d'or espagnol, Tirso de Molina.

Le texte fondateur Dom Juan n'est pas une création anonyme comme tant de mythes antiques et médiévaux.

Il commence à vivre sous la plume de Tirso de Molina, moine espagnol, qui était Frère de !'Ordre de la Merci, mais celui-ci n'a été que son père adop­ tif.

Il s'est emparé d'une légende orale qui, probablement, a été inspirée par un ou même plusieurs personnages réels dont le plus connu est Don Juan Tenorio de Séville.

S'interrogeant sur les sources populaires et anonymes du mythe, Jacques Schérer écrit :. »

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