LE MOUVEMENT DES IDÉES EN FRANCE DE 1914 A 1975 (HISTOIRE LITTÉRAIRE)
Publié le 31/03/2012
Extrait du document
les grandes orientations philosophiques
19 14- 1940. Le rationalisme abstrait
La guerre de 1914-1918 ébranle la République qui a organisé l'instruction primaire et qui a répandu avec elle un certain culte - positiviste - de la connaissance scientifique et du progrès, dans le cadre de la nation, sous la direction de l'État. L'alliance, gérée essentiellement au plan politique par le radical-socialisme, entre bourgeoisie, paysannerie, classes moyennes traditionnelles, fonctionnaires, tient néanmoins. Il faut la crise des années trente, l'organisation de la classe ouvrière, pour que se dessine une alliance alternative. Le Front populaire, en 1936, esquisse cette alliance, fixant pour un moment fécond, autour des ouvriers, les employés, les masses laborieuses, réunissant communistes, socialistes et radicaux. La poussée fasciste, la puissance des forces d'argent sauront diviser cette première union du peuple et entraîneront le pays dans la guerre, la trahison et la collaboration. Si, en 1940, les forces conservatrices, dans leur majorité, ont choisi Hitler. sont néanmoins jetées les bases de la Résistance et d'une renaissance possible. Malgré ce déplacement significatif, cette période maintient le système d'hégémonie culturelle bourgeoise, mais elle ne peut empêcher sa sclérose. Ce système a pour noyau intellectuel la vision du monde bourgeoise sous sa forme...
«
laïque, scientiste et républicaine: c'est elle que l'École et l'Université reproduisent et inculquent, sans que ses limites
de classe apparaissent aux grandes masses.
S'il ne faut pas
oublier que ce système a permis le développement d'une instruction primaire de masse, qu'il a contribué à l'essor de la connaissance scientifique, et qu'il a accrédité la viabilité de la République démocratique, il ne faut pas non plus oublier
que son rationalisme abstrait, son républicanisme nationaliste
et sa théologie laïque représentent le condensé appauvri et aplati du rationalisme des Lumières.
Certes, il n'a pas exclu, mais entretenu l'esprit critique, il a maintenu une tradition ininterrompue de philosophie respectueuse de la connaissance rationnelle.
Il a eu le mérite de permettre en son sein le développement de contradictions et de jeter les bases d'une culture démocratique-populaire (autour des droits de l'homme).
Mais il a manqué son renouvellement en raison de son refus
de s'ouvrir plus largement aux masses populaires.
Et surtout, il s'est contenté trop souvent d'assurer défensivement un consensus de masse à la République, de former un ciment idéologique liant universitaires, professeurs, instituteurs et population dans le culte de l'État de droit, du progrès en général, de la liberté.
Mais il n'a pas critiqué l'universel abstrait de la raison et du droit, pour le transformer au contact de ce nouvel universel en devenir qu'est la capacité
civilisatrice des masses subalternes.
Celles-ci n'ont pas été équipées suffisamment en moyens adéquats pour accéder à la saisie rationnelle de la situation réelle, et les « élites » intellectuelles sont restées séparées du peuple.
Et là est l'insurmontable paradoxe : ce rationalisme critique s'est privé d'élargir sa volonté critique en refusant de se donner les instruments que les temps exigeaient, ceux d'une critique de la réalité économique, politique, sociale, intellectuelle.
Le rationalisme critico-spiritualiste
De manière différente, les œuvres des maîtres de l'Université républicaine que sont Léon Brunschvicg ( 1869- 1944) et Émile Chartier.
dit Alain, ( 1868-1951) représentent les formes les plus achevées de ce rationalisme dont le criticisme a pour limite une obsession spiritualiste.
L.
Brunschvicg -qui fut ministre de l'Instruction publique - unit, dans la même figure de l'esprit, raison théorique et raison
pratique : le même esprit est responsable des progrès de la.
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