Le meurtre de l'Arabe dans l'Etranger de CAMUS
Publié le 30/07/2010
Extrait du document
Introduction Camus, né en 1913 à Alger et mort en 1960 écrira L’Etranger en 1942. Ecrivain de l’absurde son roman raconte une vie qui n’a pas de sens, une vie au jour le jour. A travers un personnage, Meursault, il nous fait découvrir la philosophie de l’absurde. La partie I Chapitre 6 constitue le tournant dans la vie de Meursault. Il a en effet été invité à la plage par un ami, Raymond. Plus tôt dans la journée il avait eu une confrontation avec l’arabe. En se rapprochant de la source pour se rafraîchir il retombe sur ce dernier. Rencontre qui tournera au désastre. Ainsi on peut se demander…… De ce fait il nous est possible d’étudier la présence de la fatalité et de l’absurde dans ce texte. I- La fatalité A. Omniprésence des éléments Champ lexical e la lumière : 6 occurrence de mot « soleil «, « lumière « l.14 « éclatant « l.23 « étincelante « l.15 Champ lexical de la chaleur : « brûlure « l.6 « tiède «l.19 « brûlante «l.25 « ardent « l.28 « Sueur « l.36 L e soleil (la chaleur) est présenté comme le quatrième personnage de cette scène, le décor est personnifié Registre tragique avec présence du champ lexical de la mort : « inerte «l.41 « un corps «l.41 « sans qu’il n’y parût « l.42 adj. +relative qui souligne cette idée d’inutilité. B. Le châtiment divin Meursault subit l’action de cette lumière, de cette chaleur comme un châtiment - tous les verbes d’action se rapportent à cette nature « la lumière a giclé « la lumière est le sujet de l’action, de même « rongeait « « fouillait « verbe d’action associé au décors. - « à cause de « « supporter « des conséquences et des verbes d’état se rapportent à Meursault. montre une certaine soumission. - Métaphore du feu qui pleut, idée de chaos, vision d’apocalypse « ciel qui s’ouvre « l.29 - Evolution de la sensation de chaleur = souffrance ; aveuglement progressif de Meursault > impression d’agression, il se fait attaqué par qqchose de plus puissant que lui. II- L’absurde A. Rupture de l’équilibre Métaphore du coup de feu = coup à une porte, cette phrase marque la rupture entre sa vie d’avant et celle qui va suivre. ➢ arrivée de la péripétie qui va nous faire rentrer dans son procès ou il sera jugé par un publique ➢ rupture au niveau de la syntaxe : phrase beaucoup plus longue et complexe. De nombreuses comparaisons et métaphores montrent la recherche d’une écriture plus recherchée. ➢ Présence de connecteurs, de liens logique il ne s’agit plus de simples juxtapositions de phrases sans rapport. ➢ Idée de rupture de l’équilibre exprimé l.37 « j’avais détruit l’équilibre du jour « on constate donc que cet acte constitue une rupture dans la vie de meursault. B. Un personnage responsable ? Absence de prise de conscience ? Utilisation d’article indéfinis pour designer son corps au lieu de possessif pour montrer qu’il est extérieure à son corps = il n’est plus responsable de ses actes. « la gâchette a cédé «l.32 le gâchette est sujet, il n’est pas responsable de cet acte. « le même soleil que… «l.1 Idée d’absurdité, structure en boucle ou tout reviens tjs à la même chose. l.39 « j’ai compris… « Prise de conscience ?? « Alors « l.40 montre qu’il avait déjà tiré une fois > manière de justifier les trois coups suivants ? Ou bien vengeance personnelle pour le premier coup tiré ? Conclusion Ainsi on constate dans cet extrait que Albert Camus nous présente un personnage sensible à l’environnement qui l’entour et irresponsable de ses actes. Il nous présente cette étape comme une rupture dans le roman, et de ce fait dans la vie du personnage. A la suite de cet extrait va commencer le long procès de Meursault. On pourra donc se demander si scène va engendrer un changement dans le personnage .
«
Albert Camus, L’étranger (I, 6)
Le meurtre de l’Arabe
Introduction
I.
Un personnage physiquement perturbé
a.
Le malaise de Meursault
b.
Le trouble visuel
c.
Le basculement de la scène
II.
Lecture symbolique de l’extrait
a.
Les références religieuses
b.
La dimension enfantine
c.
La rupture avec la nature
III.
Les caractéristiques dramatiques de la scène
a.
Le concours de circonstances
b.
L’enchaînement dramatique de l’action
c.
L’arrêt du temps
IV.
Conclusion
L’extrait étudié
Il était seul.
Il reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil.
Son bleu
de chauffe fumait dans la chaleur.
J'ai été un peu surpris.
Pour moi, c'était une histoire finie et j'étais venu là sans y pe nser.
Dès qu'il m'a vu, il s'est soulev é un peu et a mis la main dans sa poche.
Moi, naturellement, j'ai serré le revolver de Raymond
dans mon veston.
Alors de nouveau, il s'est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche.
J'étais assez loi n de
lui, une dizaine de mètres.
Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi -closes.
Mais le plus souvent, son image
dansait devant mes yeux, dans l'air enflammé.
Le bruit des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu'à midi.
C'était le
même soleil, la même lumière su r le même sable qui se prolongeait ici.
Il y avait déjà deux heures que la journée n'avançait plus, deux heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal
bouillant.
A l'horizon, un petit vapeur est passé et j'en ai deviné la tache noire au bord de mon regard, parce que je n'avai s
pas ces sé de regarder l'Arabe.
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi -tour à faire et ce serait fini.
Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière
moi.
J'ai fait quelques pas vers la source.
L'Arabe n'a pas bougé.
Malgré tout, il était encore asse z loin.
Peut-être à cause des
ombres sur son visage, il avait l'air de rire.
J'ai attendu.
La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de
sueur s'amasser dans mes sourcils.
C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et , comme alors, le front
surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau.
A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus
supporter, j'ai fait un mouvement en avant.
Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me
déplaçant d'un pas.
Et cette fois, sans se soulever, L'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil.
La lumière a
giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front.
Au même instant, la sueur amassée
dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais.
Mes yeux étaient aveugl és
derrière ce rideau de larmes et de sel.
Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctem ent, le glaive
éclatant jailli du couteau toujours en face de moi.
Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux.
C'est alors que tout a vacillé.
La mer a charrié un souffle épais et ardent.
Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son
étendue pour laisser pleuvoir du feu.
Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver.
La gâchette a cédé, j 'ai
touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé.
J'ai secoué la
sueur et le soleil.
J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux.
Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût.
Et c'était comme quatre
coups brefs que je frappais à la porte du malheur.
( Albert Camus, L'étranger (I,6) (1942)).
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