Le Marquis des Arcis est-il un libertin odieux?
Publié le 08/02/2024
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«
Sujet : Le Marquis des Arcis est-il un libertin odieux ?
Comparez-le à Dom Juan et au Vicomte de Valmont .
Dans le conte ¨Histoire de Mme de la Pommeraye¨extrait de
¨Jacques le fataliste ¨écrit en 1796, Denis Diderot brosse le
portrait d’un libertin : le Marquis des Arcis.
Nous essaierons de déterminer si le personnage du Marquis des
Arcis est un libertin odieux ou non, en le comparant à deux
héros libertins de la littérature.
Dans un premier temps nous
évoquerons le thème de l’infidélité, thème central de la
littérature libertine puis nous parlerons du libertinage comme
philosophie puis finalement, nous mettrons en perspective le
caractère odieux (ou non) du Marquis des Arcis en soulignant le
degré de vice propre aux héros libertins évoqués.
Le thème de l’infidélité est central.
En effet, il n’y a pas de
héros libertin sans infidélité.
L’infidélité est le point de départ
du conte Mme de la Pommeraye.
Le conte raconte l’histoire
d’une vengeance ; Mme de la Pommeraye, qui était ¨une veuve
qui avait des mœurs, de la naissance, de la fortune et de la
hauteur¨ se laisse séduire par un libertin ¨homme de plaisir,
très aimable, croyant peu à la vertu des femmes¨ le Marquis
des Arcis, mais elle se rend compte rapidement qu’il s’ennuie, il
s’absente de plus en plus souvent et elle le soupçonne très vite
de ne plus éprouver d’amour pour elle.
Après avoir obtenu la
confession du Marquis par un mensonge (il avoue qu’il n’est
plus amoureux d’elle) Mme de la Pommeraye décide de se
venger.
Le thème de l’infidélité est également le fil conducteur
dans Dom Juan de Molière .
La pièce s’ouvre en effet sur un
dialogue entre Sganarelle et Gusman, l’écuyer d’Elvire, jeune
épouse de Dom Juan et abandonnée par lui.
Le thème de
1
l’infidélité est récurrent à travers la pièce.
De même, le thème
de l’infidélité ponctue l’œuvre de Choderlos de Laclos, le point
de départ du roman épistolaire de Laclos étant le désir de
vengeance de la libertine Mme de Merteuil à l’encontre d’un
ancien amant le comte de Gercourt qui a cessé de l’aimer et
qui doit se marier avec une jeune fille prude sortie du couvent,
Cécile Volanges.
Elle s’associe dans son projet de vengeance au
vicomte de Valmont lui-même libertin.
L’infidélité est certes un thème commun aux trois œuvres mais
l’infidélité du Marquis des Arcis est-il à mettre sur le même
plan que celle de Don Juan et Du Vicomte de Valmont ?
Tandis que Don Juan et Valmont font de l’infidélité un mode de
vie, le Marquis des Arcis se laisse porter, lui.
Sganarelle, dans la première scène décrit ainsi son maitre Dom
juan : « un mariage ne lui coute rien à contracter ; il ne sert
point d’autres pièges pour attraper les belles, et c’est un
épouseur à toutes mains.
Dames, demoiselles, bourgeoises,
paysannes, il ne trouve rien ni de trop chaud, ni de trop froid
pour lui…¨
Don Juan séduit toutes les femmes qu’il trouve sur son chemin
et n’hésite pas à utiliser le mariage pour arriver à ses fins.
Il
épouse Elvire et l’abandonne ensuite.
Il va même jusquà
proposer à deux paysannes, Charlotte et Mathurine de les
épouser au même moment en faisant croire 0 chacune qu’elle
était l’élue.
Acte 1 scène 2, Dom Juan montre qu’il a mûrement réfléchi sur
le sujet de la fidélité : « la belle chose de vouloir se piquer d’un
faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans
une passion et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres
beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non, la
constance n’est bonne que pour les ridicules… »
Le vicomte de Valmont écrit une même lettre visant à séduire
trois femmes en même temps : Julie, Mme de Tourvel et
Madame de Merteuil .
Il cherche à séduire une femme mariée
et dévote, Madame de Tourvel , il séduit et déshonore Cécile
Volanges promise en mariage au comte de Gercourt.
Le
mariage n’est pas un obstacle pour le vicomte et il ne respecte
chez ses victimes aucun engagement, aucun lien quel qu’il
soit .
Le Marquis des Arcis est quant à lui présenté comme un libertin
certes et avant de séduire Mme de la Pommeraye il avait des
2
« connaissances et donc il fréquentait plusieurs femmes en
même temps.
Mais il semble tomber amoureux de Mme de la
Pommeraye et lui propose même de l’épouser : « M.
des
Arcis…s’attacha uniquement à Mme de la Pommeraye, lui fit sa
cour avec assiduité, tâcha par tous les sacrifices imaginables
de lui prouver qu’il l’aimait, lui proposa même de l’épouser… »
Aussi, pendant sa relation avec Mme de la Pommeraye, il
semble lui être fidèle.
Le Marquis des Arcis tombe dans le piège
tendu par Mme de la Pommeraye qui se venge de n’être plus
aimée par lui.
Il se lance dans la conquête de Mlle Duquênoi,
que Mme de la Pommeraye présente comme étant de bonne
famille mais pauvre et dévote.
Le Marquis tombe amoureux et
il essaie d’oublier cet amour dans la débauche.
Mme de la
Pommeraye multiplie les obstacles pour le Marquis qui finit par
tomber amoureux et par épouser l’ancienne prostituée.
Il
tombe donc dans le piège tendu par Mme de la Pommeraye
mais de libertin débauché il devient un libertin repenti et se
range : il devient l’époux de la nouvelle et unique Mme des
Arcis.
De libertin donc le Marquis se transforme en époux fidèle.
Le libertinage est une philosophie et un art de vivre.
Dans leur fameuse Encyclopédie, Diderot et d’Alembert
définissent le libertinage comme « l’habitude de céder à
l’instinct qui nous porte aux plaisirs des sens ».
Face à une
religion qui impose l’austérité, la répression des désirs et le
culte divin, le libertin est anticonformiste et ne suit que ses
propres règles.
Don Juan dans l’acte 1 scène 2 clame haut et fort son refus de
la constance, de la fidélité.
Il fait par ailleurs l’éloge du
changement : « tout le plaisir de l’amour est dans le
changement.
» Les relations amoureuses sont envisagées par
le libertin comme des conquêtes et d’autant plus excitantes
qu’elles sont semées d’obstacles.
Le champs lexical de la
conquête est très présent dans Don Juan.
Les rapports
amoureux sont vécus comme un rapport de force où il y....
»
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