Le Mariage de Figaro Acte I, scène 1 Début ( « De l'intrigue et de l'argent, te voilà dans ta sphère »
Publié le 06/10/2018
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Dans cette scène il est déjà question d'amour, d'où le vocabulaire associé. Le terme « serviteur » utilisé par Suzanne, désignant son amant manifeste sa supériorité.
Figaro fait l'apologie de la virginité de Suzanne : chapeau virginal.
Il y a une différence entre l'amour pur entre Suzanne et Figaro et l'amour libertin du Comte.
Les appellations des amants manifestent leur simplicité devant l'amour et le mariage, « petite Suzanne » ; « mon fils »... Cependant Beaumarchais insère dans ce duo amoureux un comique reposant sur le sous-entendu, l'ambiguïté.
La métaphore symbolique du lit, l'utilisation de l'onomatopée du sous-entendu, qui est en même temps un comique de geste, « craque ».
Enfin, le sous-entendu du mari cocu, les cornes du mari représentées par le bouton qu'il porte déjà sur le front.
La scène d'amour se transforme en scène de badinage. De plus, à l'intérieur de ce duo, Beaumarchais introduit un premier coup de théâtre, une révélation par l'intermédiaire d'une réplique de Suzanne, « monsieur le Comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme, c'est sur la tienne, entends-tu, qu'il a jeté ses vues » .
Première tension dramatique tu texte, visible aussi dans la réponse de Figaro, qui n'ose s'en prendre au Comte et décide de s'en prendre à Bazil ; « Bazil ! (...) a dûment redressé la
moelle épinière de quelqu'un. »
Suzanne est la meneuse de jeu de la scène et inverse en partie le titre de l'œuvre.
Ce rôle dominant est traduit dans les répliques.
Suzanne a tendance à reprendre les mots de Figaro, qui voit sa parole effacée :
« Il n'a qu'à tinter du sien (...) en trois sauts me voilà rendu. »

«
Plus tardivement dans la séquence le dramaturge va dramatiser
le plateau, plus exactement les deux ouvertures du fond de la
scène.
Beaumarchais utilise même les coulisses : espaces du
Comte et de la Comtesse.
Enfin le langage verbal apparaît.
Après avoir vu le spectateur
entend une réplique première minimale, surprenante, « dix-neuf
pieds sur vingt-six », qui permet de joindre les mots avec les
gestes.
Conclusion :
Le dramaturge a donc exploité dans le début de sa comédie la
matérialité du théâtre, ce qui semble rappeler cet art de la
représentation.
Ensuite arrive uniquement le langage verbal.
II.
Les répliques narratives.
Cette première séquence exploite également le code d’une
exposition consistant à apprendre aux spectateurs les
informations nécessaires à
l’intelligibilité de la pièce à laquelle ils vont assister.
Ainsi, Beaumarchais réalise cette exposition obligée, c’est à
dire produire des répliques narratives mais en évitant le
monologue.
Les répliques 3 et 6 intègrent le nom des protagonistes pour
les présenter.
Dans l’intégralité des répliques et dans la forme de l’échange
l’intrigue est mise en place par des brides de narration
distribuées dans les répliques des acteurs.
Ces informations proposent une vision du texte :
Une comédie sentimentale, un trio, la volonté d’un aristocrate
de séduire la camériste de sa femme le jour de son mariage.
Remarquons de nouveau l’art de Beaumarchais puisque cette
exposition est faite en énigmes.
Suzanne contredit, précise les propos de Figaro (« tu croyais
»…).
Dans ces conditions Beaumarchais a dramatisé son exposition en
évitant la simple communication avec le spectateur.
L’exposition naît des répliques des personnages.
Ainsi, la double énonciation propre au texte dramatique
fonctionne parce que le spectateur est informé de la fable à
laquelle il va assister.
2 Une scène de badinage amoureux
Cependant cette double lecture n’est pas suffisante puisque,
dans cette exposition une véritable scène de théâtre est
représentée, par l’intermédiaire des trente-neuf répliques qui
la constituent.
Scène de badinage amoureux mais c’est
également le premier coup de théâtre de l’ œuvre.
Cette scène est déjà illustrée dans le choix des répliques, de
l’échange reposant sur l’alternance de répliques brèves,
proches de la stichomythie ; « Dans cette chambre ? (…) On dit
une raison ») ; permettant d’introduire une vivacité dans la
2.
»
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