Le Manifeste des Cinq (Histoire de la littérature)
Publié le 24/11/2018
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Le Manifeste des Cinq
Publiée en 1887, la Terre fut aussitôt au centre d’un violent débat qui allait ouvrir une brèche dans les rangs mêmes des naturalistes : en effet, dès le 18 août, le Figaro publiait une protestation — un « dictamen de conscience » — en forme de manifeste, qui marquait la rupture de la jeunesse avec l’école zoliste. Les cinq signataires — Paul Bonnetain, le concepteur, J.-H. Rosny, le rédacteur, auxquels s’adjoignirent Lucien Descaves, Paul Margueritte et Gustave Guiches — avaient de vingt-sept à trente ans et n’étaient guère connus du grand public : mais leur cri de révolte avait d’autant plus d’importance qu’il était proféré par des représentants de cette jeunesse à laquelle Zola s’était adressé dans le Roman expérimental et sur laquelle il fondait de grands espoirs. Espoirs déçus qui se traduisaient par une fin de non-recevoir exprimée sans retenue.
Mélange de style ampoulé et grandiloquent, charriant un contenu de goût parfois fort douteux, le Manifeste sapait le naturalisme (réduit au seul Zola) par une argumentation agressive qui visait plus l’homme que les principes.
Les reproches n’étaient pas nouveaux et, sous la plume des jeunes écrivains qui naguère se réclamaient de la mouvance naturaliste, acquéraient une nouvelle force persuasive : les Cinq reprochaient à Zola de « s’embourber dans l’ordure », lui faisaient grief d’abandonner les principes d’expérimentation pour s’appuyer sur des documents de seconde main, critiquaient la stérilité de son emphase romantique (pour l’occasion, les Cinq inventaient l’adjectif « hugolique », sans doute forgé par référence à une affection intestinale...). Bref, après avoir déserté physiquement en se retirant à Médan, Zola était accusé de « trahir l’écrivain devant son œuvre ». Le ton était donné, et les critiques pleuvaient : Zola se voyait reprocher pêle-mêle sa « boulimie de vente » (seule excuse avancée pour expliquer la poursuite de propos médiocres destinés à exciter facilement le public), son « ignorance médicale et scientifique », son goût scatologique, etc. Franchissant un nouveau degré, on l’accusait d’avoir « des manies de moine solitaire » et l’on appliquait au « maître » la théorie

«
gloire,
d'ailleurs qualifiée de , c'est celle
d'avoir élevé un« si haut tas d'immondices >>.
Condamné
au nom du naturalisme lui-même, condamné au nom de
l'homme réel et complexe, le roman de Zola, après avoir,
avec l'Assommoir, porté son mouvement vers les som
mets, le menait avec la Terre vers un trépas tout proche..
»
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