Le malade imaginaire, acte III scène 12
Publié le 05/01/2013
Extrait du document
« Il faut « mais elle lui promet de l’argent comme récompense puisque c’est une femme d’argent et qu’elle
ne peut pas obtenir d’aide sans payer car c’est un personnage peu sympathique. « il n’est pas juste que
j’aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années « cette phrase montre la réelle rancune qu’à
Béline à propos de son mari, les « fruits « peuvent être assimilés à des enfants en effet elle n’a pas
d’enfants naturels mais on peut penser s’agissant du personnage de Béline qu’elle utilise le terme fruit
dans le sens de récompense ; elle n’a pas eu tout l’argent de son mari.
Tous ces éléments du deuxième mouvement font du personnage de Béline un être immoral et
malhonnête qu’il faut arrêter à tout prix au contraire le personnage d’Argan est réévalué ; c’est un
innocent qui s’est fait berné. Le spectateur est sans nul doute sensible à ce changement de cible et doit
nécessairement rectifier son jugement du début de la pièce.
«
réellement surprise mais pas dans le
sens que souhaiterait Argan, on observe ici une double énonciation car Argan la croit horrifiée à
l’annonce de sa mort alors qu’elle est tellement heureuse de cette annonce qu’elle n’en croit pas ses yeux
et qu’elle demande confirmation deux fois « Mon mari est mort ? / Assurément ? »
A la ligne 3, on voit que Toinette qui joue un rôle ne peut s’empêcher d’exagérer, tout d’abord avec
l’exclamation « Hélas ! » et ensuite avec le pléonasme « Le pauvre défunt est trépassé ».
Il y a comme un premier indice pour Argan de l’ingratitude de sa femme à la ligne 4, en effet pour
demander confirmation une deuxième fois de la mort d’Argan, Béline utilise un adverbe de sens positif
« Assurément ? » et non pas négatif donc elle ne cherche pas à nier sa mort ce qui est sans doute la
réaction la plus flagrante de la tristesse.
La réplique de Toinette de la ligne 5 à 7 est saturée de la marque de la première personne « je me suis
trouvée » « toute seule » « entre mes bras ».
De plus la multiplication des déictiques « cet accident-là
» « ici » « tenez, le voilà » « cette chaise » actualisent la scène.
Les phrases sont courtes ou segmentées
par des virgules ce qui ajoute au ton saccadé et froid de Toinette ; tous ces éléments tendent à montrer
que c’est une stratégie de la part de Toinette, elle joue un rôle et elle veut par là influencer
Béline en lui suggérant que la situation est propice à extorquer de l’argent à son défunt mari
« personne », « toute seule » « il vient de ».
Le principe d’ironie dramatique couplé à la double énonciation qui court tout au long de l’extrait tendent à
« enrôler » le spectateur dans l’intrigue, Molière n’impose pas son histoire en laissant le spectateur à
l’écart mais au contraire il le fait participer et peut -être même aussi se poser des questions.
Le deuxième mouvement de la ligne 8 à la ligne 24 correspond au moment où Argan découvre les vrais
sentiments de Béline à son égard.
On observe dans ce second mouvement un glissement de l’ironie
dramatique d’Argan à Béline, ainsi, comme Argan au mouvement précédent, c’est désormais Béline qui
est isolée (elle est la seule à ne pas savoir qu’Argan « joue » le mort).
Le spectateur rit désormais du
statut de Béline et non plus de la naïveté d’Argan ce qui est une première dans l’œuvre.
Béline est
désormais seule contre tous ce qui est renforcé par ses propos immoraux.
A la ligne 8 à 9 le lexique
religieux qu’utilise Béline est complètement paradoxal d’abord avec la situation et puis avec le
personnage même de Béline qui est perfide et manipulateur.
Elle utilise des termes de prisonnière
« délivrée » et un vocabulaire du supplice « fardeau » renforcé par l’adjectif qualificatif
« grand ».
Le mot « fardeau » est le deuxième qualificatif (après « mari ») pour désigner Argan ; son
prénom n’a jamais été prononcé ce qui ajoute au caractère perfide de Béline ; pour elle c’est une affaire
classée, Argan est mort et elle ne veut même plus prononcer son nom.
Le spectateur peut dès lors se
rendre compte du caractère blasphématoire du personnage de Béline.
Toinette, qui joue toujours un rôle auprès de Béline, fait la naïve en utilisant un subjonctif imparfait « Je
pensais, Madame, qu’il fallût pleurer ! » ; le signe de soumission « Madame » et cette déclaration tendent
à cacher le vrai statut du personnage de Toinette qui gère tout le déroulement de la scène en bon metteur
en scène.
La longue réplique de Béline de la ligne 11 à 16 est une longue énumération qui décrit son mari ; les deux
questions rhétoriques « Quelle perte est-ce la sienne ? Et de quoi servait -il sur la terre ? » ajoutent au
caractère solennel de cette réplique, tout porte à croire que Béline décrit un monstre.
En ce qui concerne
l’énumération elle semble désordonnée dans son rythme, on remarque une alternance entre les adjectifs
et les groupes nominaux, on a une redondance des formes progressives « dégoûtant » « mouchant »
« toussant » « crachant » « fatiguant » « grondant », tout ceci mime les journées d’Argan voire synthétise
les actions
d’Argan au cœur de la pièce du malade imaginaire.
Cela donne quand même l’impression qu’Argan était.
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