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LE LOMBRIC, JACQUES ROUBAUD - COMMENTAIRE COMPOSE DE FRANÇAIS

Publié le 04/06/2011

Extrait du document

       Note Observation(s)          Jacques Roubaud naît en 1932 et passe son enfance en Provence. Il subit très jeune deux influences littéraires : celle du surréalisme, et celle de la littérature nationale. Mathématicien passionné, il est principalement connu pour appartenir à un groupe d’écrivain qui forme l’Oulipo, aux côtés de Raymond Queneau. Le poème étudié intitulé Le Lombric, sonnet irrégulier, est extrait du recueil Les Animaux du Monde. Dans ce recueil, Roubaud propose une réécriture des fables essentiellement destinée aux enfants. Dans Le Lombric, Roubaud cherche à définir le rôle du poète et propose une réflexion sur la spécificité du langage poétique.  Comment Roubaud offre-t-il une nouvelle allégorie du poète ? Nous traiterons dans un premier temps en quoi l’auteur cherche à transmettre un message de manière ludique, puis nous expliciterons le sens du message même pour comprendre quelle allégorie celui-ci fait du poète.   

« lenteur propres aux ondulations du lombric : le poète définit de cette manière le ver de terre qu’il décrit, ce qui estaccentué par le fait que cette définition soit semblable à celle d’un dictionnaire : « ver annélide qui creuse desgaleries dans le sol dont il se nourrit contribuant ainsi à son aération et à sa fertilité ».

C’est ainsi que le poète meten place son contexte, il définit le lieu, le temps et l’annélidé dont il parle, sans pour autant intégrer l’action jusqu’audernier vers de ce quatrain, qui atteste d’un changement de rythme.

L’agencement des verbes « mâche », « digère», et « fore » au vers 4 qui sont des verbes d’action, annonce l’entrée dans l’action de la vie du jeune lombric.

Nousne sommes plus dans le descriptif mais dans le narratif.A la simple lecture de ce second quatrain, se manifeste une opposition entre les structures des deux premièresstrophes : en effet, il s’agit là d’une forme irrégulière d’un quatrain (par exemple, les vers 6, 7 et 8 ne commencentpas par des majuscules) ce qui caractérise l’étape liée aux péripéties dans le schéma narratif.

Cette irrégularitéapparaît par ailleurs à l’anacoluthe entre les vers 6 et 7 (« son rôle », « il le connaît »), qui marque l’aspect agité decette seconde étape de narration.

Cela entre en opposition avec le premier quatrain qui atteste d’un enjambementet d’une harmonie entre les quatre premiers vers, caractéristique d’une histoire pour enfant.

Ainsi, le lecteurcomprend que dans ce second quatrain, il se trouve in medias res, et que les étapes de la vie du jeune lombric vontdéfiler.

De surcroît, l’anaphore de verbes d’action accentue le mouvement de ce second quatrain : « travaille,laboure » (vers 5).

Enfin, l’étape ultime de la vie du lombric, c'est-à-dire la mort, apparaît aussi dans ce deuxièmequatrain : « il meurt » (vers 7), « obole » est le champ lexical de la mort, auquel s’ajoute celui de la fatalité dans laphrase simple et déclarative « il meurt.

», dès lors que la mort est inévitable et que l’on peut y associer un tongrave et fatidique du poète.Cependant, la mise en place du schéma narratif n’est pas le seul élément qui désigne le côté ludique et pour enfantde ces deux premiers quatrains : en effet, se développe un ton comique dans ce second quatrain.

D’une part,l’attribution d’un rôle presque militaire au lombric, dans l’expression « vrai lombric de France » (vers 5), affecte lepoème d’un aspect ridicule puisque le lombric est implicitement associé à un soldat.

D’autre part, le terme « rôle »au vers 6 appuie cet aspect absurde, car il s’agit là d’une personnification impensable entre un lombric et unfonctionnaire.

Enfin, l’introduction du concept de descendance au même vers avec l’expression « père et grand-père» suscite le sourire du lecteur, dès lors que nous pouvons affirmer que ces valeurs sont une authenticité humaine.Néanmoins, bien que le texte ait une tonalité ludique, proche de celle d’une fable pour enfant, Roubaud cherche àdiffuser un message.

On peut donc parler de registre didactique.

En effet, le terme « conseil à un jeune poète dedouze ans » dans le para texte est caractéristique d’une volonté de transmettre un savoir.

D’autre part, cettevolonté ressort au vers 9 lorsque le poète utilise l’apostrophe pour expliciter son message (« vois-tu ») : il s’agit làd’une insistance, ce qui prouve que le poète tient absolument à délivrer un enseignement.

Nous pouvons en outreretrouver cette insistance dans l’exclamation au vers 12 « effort incessant ! » qui manifeste la détermination et laforte volonté de Roubaud à inculquer son message.

De plus, le poète explicite de manière claire et limpide son pointde vue afin que celui-ci soit transmis convenablement à l’auditeur: « est comme » et « qui sont comme » aux vers 9et 10 sont deux expressions qui révèlent ce langage dont le caractère intelligible est destiné à être mieux assimilépar un enfant.

Enfin, le dernier tercet correspond à la morale de l’histoire racontée, comme pour une fable : le tongrave et solennel que Roubaud y emploie révèle une fois de plus sa volonté de transmettre efficacement unmessage, tel un véritable pédagogue.Ainsi, le poète écrit ces vers dans une visée didactique : il met en place un schéma narratif pour rendrel’apprentissage et l’assimilation du message ludique et accessible aux enfants ; il s’agit dont d’un apologue.Cependant, quelle est la contenance du message lui-même ? Nous allons expliciter le sens du message que le poèteveut faire passer, afin de comprendre de quelle manière Roubaud tente d’établir une nouvelle allégorie du poète,comme le fait Baudelaire dans L’Albatros et Gautier dans Le Pin des Landes. Bien que nous ayons montré l’aspect ridicule de la personnification du lombric, il n’en demeure pas moins queRoubaud fait un portrait détaillé du lombric.

Le poète commence par placer l’insecte comme inférieur à l’homme.

Il luiattribue les caractéristiques d’un esclave au service de la volonté humaine, comme une main d’œuvre qui accepteson devenir, ce qui a tendance à susciter l’apitoiement du lecteur.

D’autre part, Roubaud insiste sur le courage dulombric, lorsqu’il parle de réveil « dans la nuit » (vers 1).

Enfin, aux vers 10 et 11, le poète oppose l’activitélaborieuse du lombric qui est de « labourer » à celle des hommes qui est de « récolter ».Cependant, cette détermination à faire du lombric un insecte courageux malgré la difficulté de son existence rend leportrait que fait Roubaud du lombric élogieux.

En effet, en cherchant l’apitoiement du lecteur face à l’existencedifficile et presque précaire du jeune lombric, Roubaud en dresse un portrait empreint de dignité qui assume sestâches, aussi ingrates soient-elles, fièrement.

Les assonances en « o » dans l’expression « les hommes récoltent »(vers 11) attestent d’une passivité et d’une activité légère des hommes, en contradiction avec les assonances en «è » dans l’expression « les denrées langagières » qui marquent un acharnement au travail du lombric ; dès lors lelombric n’est plus inférieur à l’homme mais il lui est indispensable : l’expression « un grand champs où les hommesrécoltent » aux vers 10 et 11 qui insiste sur le terme « où » placé en début de vers met en évidence la nécessité dutravail du lombric pour que les hommes aient quelque chose récolter.

Par ailleurs, la comparaison du lombric avec sesancêtres marque une appartenance à la tradition familiale donc une fierté : « il travaille […] comme […] ses père etgrand-père » (vers 5 et 6).

Par ailleurs, nous pouvons relever deux diérèses sur les mots « conscience » (vers 4) et« confiance » (vers 8) qui marquent l’insistance du poète sur l’honneur du lombric, d’autant plus que ces valeurssont nobles et évoquent des qualités christiques, comme pour le pin dans Le Pin des Landes de Gautier.

Ces mêmesvaleurs se manifestent dans l’expression « laboure » (vers 5) qui renvoie au travail de la terre, qui selon Voltairesont une recette de bonheur dans Candide, ainsi qu’une valeur chrétienne.

Nous pouvons penser que ces référencesreligieuses sont appuyées au vers 8 lorsque le poète parle de « corps », qui se réfère au Christ.

En outre, le terme «obole » fait référence à la modestie de l’insecte, ultime valeur christique.

Cette même modestie est mise enévidence par le terme « sous le sol » (vers 2).Ainsi, c’est un portrait élogieux que dépeint Roubaud du lombric : il lui attribue des qualités christiques et met en. »

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