Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire Livre XII, fable 29, vers 34 à 52
Publié le 27/03/2015
Extrait du document


«
LES FABLES DE LA FONTAINE
Voici un discours énonçant une sagesse (v.
37 à 50), autour d'un principe
fondamental pour assurer son salut: l'exigence de se connaître soi-même.
Mais
un discours qui, fuyant la sécheresse d'une prescription autoritaire,
s'énonce sous une forme dialoguée et qui, pour expliquer l'énoncé moral
abstrait, recourt à une expérience sensible, concrète, séduisante, donc
encore plus convaincante.
0 Les vertus d!J_I~~
La caractérisation du lieu fait qu'il est chargé de vertus propices à la
sagesse.
Les caractéristiques physiques du lieu ont leur équivalent au plan
spirituel.
Un décor de commencement du monde.
Paradoxalement, le point de
convergence et d'aboutissement des trajectoires (celles des destins
humains, celle de notre lecture) est une source: au plan moral, cela nous
renvoie au discours du Solitaire énonçant le fondement, l'origine de la
sagesse («le premier des soins», v.
39).
Un lieu propre à l'ascèse: «âpres» et
«pur»(v.
34) ont un sens concret mais aussi des connotations abstraites,
évocatrices
au plan spirituel, de la démarche de l'ascète qui mène une vie
faite
de dépouillement et de privations.
Un lieu protégé, favorable au recueillement, échappant aux vanités du
monde: on est loin du vaste «monde habité'" à l'écart des fastes de la société
humaine que le poète suggère implicitement par des détails concrets
(soleil, vents) susceptibles de se charger d'un sens abstrait et moral (le
soleil,
allégorie de la gloire, de la volonté de puissance «des mortels»; les
«vents» évoquent à la fois les turbulences du monde mais aussi la vanité.
Un lieu d'humilité ( «sous d'âpres rochers» en écho à «Majesté suprême») ;
la présence de la vase reposant sous l'eau, v.
46, est peut-être à mettre en
relation sur le plan spirituel avec la condition mortelle de l'homme, être
pétri dans la glaise selon la parole de la Bible; dans cette optique, l'eau
transparente et le pur reflet, qui sont au-dessus de la vase, sont identi
fiables à l'âme.
La plénitude du «désert».
Attention! «désert» (v.
50) ne désigne pas
dans la langue du XVIIe siècle un espace aride, sec; ici, l'eau est au
contraire très présente.
Le désert est un espace de solitude où l'on se
retire «loin du monde et du !mût» (voir en région parisienne le «désert de
Retz»).
Noter la valorisation du lieu: le «désert», lieu de «tranquillité» (en
opposition à la rime avec «monde habité») n'est pas vide mais empli d'une
quiétude qui le comble et semble le stabiliser (stabilité suggérée par les
83.
»
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