LE DRAME ROMANTIQUE
Publié le 18/05/2011
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I. — Les Théories.
Ces théories sont exposées avec éclat dans la célèbre préface de Cromwell, écrite par Victor Hugo en 1827. Cette préface a été considérée comme le manifeste de la jeune école dramatique; ce n'est pas qu'elle soit fort originale. Toutes les idées de Victor Hugo sont dans la critique courante de son temps. Mais Victor Hugo, mesurant l'effort à la résistance, fit de sa préface une machine de guerre, énorme et bruyante, bourrée de paradoxes et d'antithèses, revêtue d'un style éclatant. Cette fois, le public et les auteurs furent touchés. Analyse de la préface de Cromwell. — Victor Hugo jette d'abord un coup d'oeil d'ensemble sur le développement de la poésie à travers l'humanité. La poésie s'est éveillée dans le monde avec l'homme lui-même; mais cette poésie fut alors toute d'extase et d'adoration, toute lyrique. A mesure que l'humanité évolue et agit, la poésie devient épique. La Genèse représente le lyrisme; Homère incarne l'épopée, laquelle conserve ses caractères essentiels quand, au lieu d'être chantée ou récitée, elle est mise en action sur le théâtre. Enfin, l'avènement du christianisme révèle à l'homme sa dualité; l'homme rentre en lui-même; et son coeur est désormais partagé entre les vertus qu'il doit pratiquer et les instincts de sa nature qui le portent au mal : c'est l'âge dramatique.
«
ensemble.
Don Ruy Gomès se poignarde à côté d'eux.
1832.
Le Roi s'amuse.
— La censure avait été abolie en 183o.
Victor Hugo put faire recevoir et jouer au Théâtre-Français cette pièce, où il essaie d'appliquer dans leur intégrité ses formules romantiques : mélange (oujuxtaposition) du sublime et du grotesque, antithèse entre la condition sociale du personnage et les sentiments quil'animent.
Le bouffon Triboulet est un père, dévoué, éloquent, pathétique; le roi François Ier est un drôle.
— Mais leRoi s'amuse fut tout de même interdit après la première représentation.
De là procès, où Victor Hugo plaida lui-mêmesa cause.
La seconde représentation eut lieu cinquante ans plus tard, le 22 mars 1882; Victor Hugo, âgé de 8o ans,y assistait.De 1833 à 1835, Victor Hugo écrit trois pièces en prose : Lucrèce Borgia ; Marie Tudor ; Angelo, tyran de Padoue.On peut alors constater que, dépouillés du superbe manteau de la poésie, les drames de Hugo ne sont plus que desmélodrames.
1838.
Ruy Blas.
— Dans cette pièce, Victor Hugo a voulu continuer son système de mélange des genres etd'antithèses.
Ruy Blas, un laquais, incarne en lui toute la vertu d'Espagne; il est aimé d'une reine, il est fait premierministre, il réforme l'État.
Don Salluste, grand d'Espagne, a « l'âme d'un laquais »; il n'aspire qu'à de bassesvengeances.
Don César de Bazan, grand seigneur lui aussi, est un bohème, un voleur.
— L'action est d'uneinvraisemblance exagérée.
Mais on en prend vite son parti, car Ruy Blas abonde en scènes charmantes ou terribles,et jamais Hugo n'a mieux manié l'alexandrin romantique.
1843.
Les Burgraves.
— Le voyage du Rhin, en 1842, avait rempli l'imagination du poète de grandioses et terriblesfigures; de ses souvenirs, Hugo tira le Rhin, sa meilleure oeuvre en prose, et les Burgraves.
Il faudrait une pageentière pour analyser ce drame, qui, en réalité, est un mélodrame épique.
La critique fut sévère; les parodies semultiplièrent : quant au public, il ne sifflait pas, il se contentait de ne pas venir.
Et, le mois suivant, il applaudissaitavec enthousiasme la Lucrèce de Ponsard, dont la simplicité le reposait.
Plus tard, on a repris les Burgraves, et l'ona rendu justice à ses beautés.Après l'insuccès des Burgraves, Victor Hugo, de plus en plus absorbé par la politique, renonce au théâtre.
Il publieseulement, en 1866, un certain nombre de petites pièces sous ce titre : Théâtre en liberté.Jugement d'ensemble sur Victor Hugo dramaturge.
— Hugo n'est pas un créateur d'âmes; aucun de ses personnagesne deviendra le type représentatif d'une passion humaine; on ne dira jamais un Hernani ou une Dona Sol, comme ondit un Rodrigue, une Chimène, une Hermione.
Le poète semble exclusivement préoccupé d'établir entre ses acteursdes antithèses de condition, de style et de costume.
Sa psychologie manque de profondeur et d'universalité.
Deplus, ses personnages sont trop exclusivement lyriques ; c'est l'auteur qui développe par leur entremise sa façon àlui de penser et de sentir.
Parce qu'ils sont lyriques, ils ne peuvent être dramatiques ; ce ne sont pas des volontésen action, mais des sensibilités devenues le jouet des événements extérieurs.
Si l'on considère l'action, rien n'y estproduit par la logique des caractères, ou par le conflit des volontés; tout y est organisé par l'auteur, qui chercheseulement à amener des couplets, des duos, des invectives, des récits, etc.
Il est difficile de trouver, dans aucunthéâtre, des intrigues plus artificielles, et il faut dire le mot, plus ridicules, que celles du Roi s'amuse, de Ruy Blas oudes Burgraves.Mais ce qui sauvera toujours de l'oubli quelques drames de Victor Hugo, c'est le style.
Ce poète, qui ne sait niconstruire une action, ni développer un caractère, excelle à tracer un tableau, qu'il compose avec un sens très rarede l'harmonie et de la couleur.
Il y a dans ces tableaux beaucoup de convention, mais aussi du mouvement, uncertain art de manier et de placer les masses, de faire agir et parler les personnages secondaires, d'évoquer undétail amusant.
D'autre part, son héros une fois amené à la situation favorable, Hugo sait le faire parler, ou pourmieux dire chanter avec âme et virtuosité.
Par ces qualités, qui sont insuffisantes, mais qui sont rares, Victor Hugomérite de garder un rang élevé dans l'histoire du théâtre au XIXe siècle.
III.
-- Les drames d'Alexandre Dumas père.
Dumas père (1803-187o).
— A.
Dumas fit représenter, avec grand succès, en 1829, Henri III et sa Cour, en prose,dont le sujet lui était fourni par l'historien Anquetil.
Il eut l'art d'encadrer une crise de passion dans un tableauhistorique, formé par la peinture plus amusante qu'exacte de la cour de Henri III, et par le conflit entre le roi et leBalafré, au moment où celui-ci organise la Ligue.
Il fallait une main très experte pour mêler sans les confondre cesdeux éléments.Christine, en vers, fut jouée à l'Odéon en 183o.
Au même théâtre, Dumas donna Charles VII chez ses grandsvassaux (1835), tragédie historique qui contient une belle situation, mais dont l'exécution est faible.
Puis il incline deplus en plus vers le mélodrame.
Quelle que soit l'habileté vraiment remarquable qu'il a déployée dans Antony (1831),Richard d'Arlington (1831), la Tour de Nesle (5832), Kean (1836), etc., on ne peut nier que ces ouvrages, par leurpsychologie trop sommaire et leur absence de style, ne nous ramènent au mélodrame.
Mais ils ont tous une qualité :le mouvement.
Les personnages ne nous analysent pas leurs motifs d'action, mais ils agissent, et nous ne sentonsqu'à la réflexion le peu de vraisemblance de leurs aventures,
IV.
- Les drames d'Alfred de Vigny..
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