Le contexte historique de Dom Juan
Publié le 05/08/2014
Extrait du document

15 février 1665, première représentation de Dom
Juan: où en est Molière?
Les tournées en province
En cet hiver 1665 où paraît, sur la scène du Palais-Royal,
une de ses oeuvres majeures, mais aussi certainement la
plus sujette aux controverses, la plus riche d'interprétations
divergentes, Molière est dans la force de son âge, de
son talent et de son succès : 44 ans, en pleine possession
de lui-même, mais miné par la maladie qui, dès la fin de l'année,
r obligera à cesser toute activité pendant plus de deux
mois, et remportera, huit ans plus tard, presque jour pour
jour, le 17 février 1673.
Depuis ses débuts, son «image de marque« a subi bien
des modifications, tout au long d'une carrière déjà remplie.
De 1643 à 1658, c'est la vie aventureusP du comédien
ambulant, prodigue en déboires, mais aus ;i source d'expériences
humaines et théâtrales, cette existence pleine
d'imprévus des troupes itinérantes dont la lecture du
Roman comique de Scarron permet d'avoir une image assez
fidèle. Acteur plus qu'auteur, il se borne alors à la rédaction
hâtive de courtes farces, schémas selon la tradition de la
commedia dell'arte, comme la Jalousie du Barbouillé ou
le Médecin volant : levers de rideau ou fins de spectacle
destinés à égayer le public, en établissant un contraste avec
le sérieux de la représentation tragique. C'est là une période
de réflexion et de mise au point pour le futur grand homme
de théâtre qui peut tout à la fois accumuler une somme de
13
détails pris sur le vif et s'essayer dans toutes les gammes des
procédés techniques : propédeutique indispensable au mûrissement
de son talent et à laffirmation de sa personnalité.
1655 permet de mesurer l'importance de l'évolution.
C'est /'Étourdi, qui certes ne renonce pas à la tradition farcesque,
d'ailleurs toujours présente dans l'oeuvre de Molière,
mais ne s'y cantonne plus exclusivement, sachant la compléter
par le recours à des registres plus élevés; il s'agit d'une
pièce hybride, amalgame de la tradition italienne et des
leçons burlesques de Scarron, combinaison habile de gros
effets et de comique plus délicat. mélange subtil de notations
fines dans la peinture des caractères et d'outrances dans la
conduite de l'action; ragoût intelligemment composé qui,
semblablement dosé. donnera en 1656 le Dépit amoureux,
et que Molière cuisinera souvent au cours de sa carrière.
pour satisfaire à la fois un public raffiné et une clientèle
plus avide de divertissement. Compromission? Concession?
Mais toute oeuvre d'art n'a-t-elle pas pour but de plaire et
d'instruire? Mais cette possibilité de lecture à plusieurs
niveaux n'est-elle pas justement le signe de la valeur et de
la pérennité d'une création?
La 11 descente 11 à Paris
1658 marque un tournant décisif dans la vie de Molière. Il
va essayer de faire une «percée« à Paris qui, dans une
France déjà centralisée, était, comme maintenant, le but
ultime à atteindre, le centre culturel seul capable d'apporter
la consécration; entreprise bien périlleuse à cette époque de
dure concurrence théâtrale. Aussi que de troupes de province,
qui s'estimaient suffisamment aguerries pour descendre
sur la capitale, étaient obligées de renoncer et de reprendre
leur errance! Molière lui-même avait, en 1645, fait, lors
d'une première tentative, la cruelle expériênce de l'échec; il
réussira cette fois la gageure; il parviendra à se faire une
place. malgré les cabales qui ne manqueront pas de se
dresser contre lui.
De 1658 à 1662, c'est l'établissement, puis la consolidation
de ses positions; il se garde bien d'innover. Prudemment.
il s'en tient à la ligne qui avait été la sienne en province
: représentation tragique complétée par des hors-
14
d'oeuvre comiques. Mais les événements vont être déterminants
et lorienter plus radicalement vers la comédie :
lorsqu'il débute devant le roi, le 24 octobre 1658, c'est
le Docteur amoureux, oeuvre farcesque, qui obtient le plus
grand succès; ce sont les ·compléments de programme,
/'Étourdi, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules,
Sganarelle ou le cocu imaginaire qui emportent l'adhésion
au théâtre du Petit-Bourbon où il joue dès 1 658, puis au
théâtre du Palais-Royal où il s'installera en 1660. Par contre,
Dom Garcie de Navarre, essai dans le genre héroïque,
connaît, en 1661, un échec retentissant cruellement souligné
par Donneau de Visé : «Le peu de succès qu'a eu son
Dom Garcie de Navarre ou le prince jaloux m'a fait oublier
de vous en parler à son rang; mais je crois qu'il suffit de vous
dire que c'était une pièce sérieuse et qu'il en avait le premier
rôle, pour vous faire connaître qu'on ne s'y devait pas
beaucolip divertir« (Notice sur Molière et ses premières
comédies, 1663).

«
détails pris sur le vif et s'essayer dans toutes les gammes des
procédés techniques : propédeutique indispensable au mûris
sement de son talent et à laffirmation de sa personnalité.
1655 permet de mesurer l'importance de l'évolution.
C'est
/'Étourdi, qui certes ne renonce pas à la tradition far
cesque, d'ailleurs toujours présente dans l'œuvre de Molière,
mais ne s'y cantonne plus exclusivement, sachant la complé
ter par le recours à des registres plus élevés; il s'agit d'une
pièce hybride, amalgame de la tradition italienne et des leçons burlesques de Scarron, combinaison habile de gros
effets et de comique plus délicat.
mélange subtil de notations
fines dans la peinture des caractères et d'outrances dans la
conduite de l'action; ragoût intelligemment composé qui, semblablement dosé.
donnera en 1656 le Dépit amoureux,
et que Molière cuisinera souvent au cours de sa carrière.
pour satisfaire à la fois un public raffiné et une clientèle
plus avide de divertissement.
Compromission? Concession?
Mais toute œuvre d'art n'a-t-elle pas pour but de plaire et
d'instruire? Mais cette possibilité de lecture à plusieurs niveaux n'est-elle pas justement le signe de la valeur et de
la pérennité d'une création?
La 11 descente 11 à Paris
1658 marque un tournant décisif dans la vie de Molière.
Il
va essayer de faire une «percée» à Paris qui, dans une
France déjà centralisée, était, comme maintenant, le but
ultime à atteindre, le centre culturel seul capable d'apporter
la consécration; entreprise bien périlleuse à cette époque de
dure concurrence théâtrale.
Aussi que de troupes de pro
vince, qui s'estimaient suffisamment aguerries pour descen
dre sur
la capitale, étaient obligées de renoncer et de repren
dre leur errance! Molière lui-même avait, en 1645, fait, lors
d'une première tentative, la cruelle expériênce de l'échec; il
réussira cette fois la gageure; il parviendra à se faire une
place.
malgré les cabales qui ne manqueront pas de se
dresser contre lui.
De 1658 à 1662, c'est l'établissement, puis la consoli dation de ses positions; il se garde bien d'innover.
Prudem ment.
il s'en tient à la ligne qui avait été la sienne en pro vince : représentation tragique complétée par des hors-
14.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le contexte historique et politique de Dom Juan
- DOM JUAN: LA REPRESENTATION D’UN CONTEXTE POLITICO-RELIGIEUX
- Question d’interprétation Comment Dom Juan défend-il dans ce discours de l’hypocrisie ?
- Dom Juan de Moliere acte III scene 2
- Lecture linéaire : Molière, Dom Juan acte III, scène 1