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LE CONSERVATEUR LITTÉRAIRE

Publié le 22/11/2018

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CONSERVATEUR LITTÉRAIRE (le) (1819-1821). Publication créée par les frères Hugo, le Conservateur littéraire, qui passe pour l’une des premières manifestations organisées du romantisme, « réussit ce miracle de ne jamais poser la question du romantisme » (P. Mar-tino). Il est vrai que si Ton excepte la netteté des positions politiques, le flou est de rigueur dès qu’il s’agit des positions littéraires du jeune groupe.

 

Politiquement, la satire de Victor Hugo qui ouvre la première livraison (décembre 1819) donne le ton et peut passer pour le manifeste idéologique de la revue : mettant en scène un « enrôleur » républicain et un « adepte » disciple d’un trio « ultra ».

 

Vous qui voulez la paix, ô Fitz-James, ô Villèle, Chateaubriand, je veux imiter votre zèle; Je veux puiser en vous citoyens généreux, L'espoir de voir un jour les Français plus heureux...

 

(« l'Enrôleur politique »)

 

Hugo plaide pour le royalisme, seul rempart contre l’asservissement de la Muse « au joug libéral », seul garant d’une liberté qui lui permette de « penser avec Pascal et rire avec Voltaire ». Cette allégeance à la foi royaliste se manifestera notamment dans l’abondance des productions de circonstance (odes et poèmes sur la mort du duc de Berry, sur la naissance du fils posthume de celui-ci, etc.), ainsi que dans les « préfaces » des volumes II et III de la revue qui se feront de plus en plus explicites sur ce point. Dans la onzième livraison (mai 1820), Hugo passe en effet du royalisme confessé au royalisme professé : le nouvel objectif de la revue n’est plus seulement de « proclamer l’attachement aux Bourbons » mais de « propager le royalisme et convertir aux saines doctrines en littérature de généreux caractères ». La vingt et unième livraison (septembre 1820) précise le sens de cet engagement : « Le Conservateur littéraire continue sa marche au milieu des agitations politiques, qui mettant la société en péril, font oublier à tous les esprits la décadence non moins imminente des lettres françaises ».

« nombre des textes hugo liens seront repris dans le Journal des idées, des opinions et des lectures d'un jeune jaco­ bite de 1819 (publié en 1834), mais élagués, « montés» pour répondre à l'orientation nouvelle du chef de l'école romantique.

C'est le cas du compte rendu de la Marie Stuart de Lebrun (neuvième livraison, avril 1820) qui ne comptera plus que 97 lignes sur les 396 que comportait J'article originel.

Mais le Conservateur littéraire était avant tout, ainsi que l'indique aussi son titre, consacré à 1 'étude des évé­ nements littéraires, et la liste des collaborateurs laisse essentiellement apparaître des noms d'écrivains de tou­ tes valeurs qu'unit leur commune fidélité à la monarchie.

Parmi ceux-ci, beaucoup de seconds rôles -Mme Tastu, la comtesse d'Hautpoul, Charles Saint-Maurice, le maré­ chal de camp Lenoir, Louis Désiré Véron (qui plus tard créera la Revue de Paris et dirigera l'Opéra), Adolphe Trébuchet (le cousin des Hugo) -qui seront rejoints par le jeune Vigny et le Toulousain Soumet, lequel fait alors figure de grand poète.

Cependant, l'âme de la revue repose entre les mains des frères Hugo : si Eugène - qui est déjà au bord de la folie -se contente d'une faible collaboration épisodique, Abel s'occupe inlassa­ blement des ingrats travaux de l'organisation matérielle alors que Victor fournit une grande part de la copie nécessaire, soit avec d'assez médiocres poésies, soit avec d'innombrables relations de lectures ou de spectacles dramatiques.

C'est d'ailleurs à Victor Hugo que l'on doit, à défaut d'une véritable théorie en matière littéraire, quelques aspects généraux qui seront développés et précisés dans les préfaces et manifestes futurs.

Trois textes, de ce point de vue, méritent d'être retenus.

Le premier fut inclus dans la première livraison : Hugo, à propos de la récente publication des œuvres complètes de Chénier, tout en reconnaissant les faiblesses de l'auteur des Iambes - «Qu'on méprise ce style incorrect et parfois barbare, ces idées vagues et incohérentes, cette effervescence d'ima­ gination ( ...

), ces défauts sont grands mais ils ne sont point dangereux» -, en cite jusqu'à 104 vers qui «ne veulent pas être jugés, mais sentis»; puis, il élargit sa réflexion jusqu'à définir Je poète: «Qu'est-ce en effet qu'un poète? Un homme qui sent fortement, exprimant ses sensations dans une langue plus expressive ».

Même attitude lorsque, rendant compte de la sortie des Méditations poétiques (dixième livraison, avril 1820), il co nfe ·;se : « J'ai cherché autour de moi un poète et je n'en ai �as rencontré».

D'où le choc provoqué par la lecture de Lamartine : «Ces vers m'étonnèrent d'abord, ils me charmèrent ensuite».

Point d'étude donc, mais une succession de citations visant à faire passer Je courant entre Je critique et ses lecteurs de manière que s'affirment les similitudes avec Chénier, similitudes qui permettent de conclure que ce dernier est > alors que Lamartine est >.

Pirouette qui renvoie les deux termes dos à dos pour mieux nier leur spécificité et leur opposition.

Point de vue réitéré lors du compte rendu, déjà cité, de la tragédie de Lebrun, Marie Stuart :. »

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