Le comique de Rabelais
Publié le 14/01/2020
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Le comique savant s'appuie sur l'érudition et l’allusion. La dénonciation de l’enseignement scolastique et la parodie comique des romans de chevalerie relèvent évidemment de cette catégorie. Mais ce comique consiste surtout à détourner des citations ou des références de leurs contextes. L’un des « bienyvres » cite ainsi un axiome célèbre de physique scolastique pour justifier son besoin irrépressible de se remplir l’estomac : « Natura abhorret vacuum [la nature a horreur du vide] » (chap. v, p. 84). Le nom de Thubal Holoferne manifeste la connaissance de la culture hébraïque et de l’Ancien Testament : il est en effet construit sur thubal, « confusion •> en hébreu, et Holoferne,

«
relations habituelles entre un auteur et ses lecteurs : « escoutez
vietz d'azes [vits d'ânes], que le maulubec vous trousque [que le
chancre vous brise les jambes] " (Prologue, p.
52) ...
Pour faire
rire, Rabelais rapproche des notions hétérogènes, au mépris de
toute vision normale du monde.
L'EXAGÉRATION
L'exagération, l'emphase, est un procédé stylistique per
manent chez Rabelais.
Le plus souvent, ce procédé relève du
registre comique.
Il n'est certes pas propre à l'auteur : de nom
breux écrivains de l'époque l'utilisent, pas nécessairement à des
fins comiques.
Mais Rabelais est celui qui l'a poussé le plus loin.
L'exagération est ainsi créée par l'outrance numérale, par
ticulièrement adaptée au gigantisme du personnage principal.
On en voit un exemple dans l'épisode de l'enfance.
Pour allaiter
le jeune géant, on fait venir " dix et sept mille neuf cens treze
vaches " (chap.
v11, p.
92), pour confectionner ses souliers
« furent levées quatre cens six aulnes de velours bleu cramoysi "
(chap.
v111, p.
100), etc.
Cette emphase est également présente dans les énumé
rations.
Très nombreuses, elles peuvent être étendues à des
chapitres entiers, comme ceux consacrés aux " propos des
bienyvres " (chap.
v).
aux activités enfantines de Gargantua
(chap.
x1) et à ses jeux (chap.
xxu).
Elles créent des effets de
vertige comique, donnant l'impression que le narrateur se laisse
emporter par une verve incontrôlable.
LE RIRE DU GÉANT
Le recours à un personnage gigantesque crée un comique
spécifique de la littérature populaire, reposant sur le décalage
des proportions.
Par exemple, Grandgousier prend les boulets de
canon dans les cheveux de son fils pour des poux (chap.
xxxv11,
90 PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES.
»
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