le classicisme
Publié le 30/01/2013
Extrait du document
«
Doctrines et préceptes du classicisme.
Plusieurs disciplines et doctrines régissent l’esthétique classique.
La rhétorique et la poétique enseignent l’art de
bien composer les œuvres selon des normes universelles de la beauté et du bon goût.
Plaire et instruire sont les
règles d’or du classicisme ; il faut plaire pour pouvoir toucher le public, tout en le purifiant de ses passions.
Pour
accéder à cet idéal, il faut remplir certaines conditions que les théoriciens définissent.
L'art s'apprend et se maîtrise
et une œuvre accomplie est l'aboutissement d'un long travail.
C'est à ce prix que les Classiques créent la
beauté.
La Fontaine reconnaît dans la « Préface » de Psyché : « Mon principal but est toujours de plaire ».
Cet
objectif est atteint quand l'écrivain se plie aux règles des différents genres littéraires , qu'il apprend à en dominer les
contraintes et, à travers elles, à conquérir l'art de communiquer clairement ses idées.
L'Art
poétique de Boileau (1674) inspiré de la Poétique d'Aristote rend compte de cette perfection qui permet d'allier la
vérité d'une pensée et la justesse de son expression.
Cet accord du fond et de la forme ne se distingue pas de la
beauté.
Le classicisme veut corriger les mœurs par le rire, comme le dit leur devise : « castigat ritendo mores ».
Les
règles de la bienséance et de la vraisemblance sont intransigeantes.
On ne doit pas mourir sur scène.
L’artiste doit
corriger la Nature, s’il y a lieu ("le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable", Boileau).
Par ailleurs, les
classiques recherchent à la fois le merveilleux et le sublime.
Les théoriciens exigent que le poète concilie deux
exigences contradictoires, le merveilleux et la vraisemblance.
Le sublime est caractérisé par le naturel, la simplicité,
et devient ainsi une arme contre le style fleuri et pompeux de la préciosité.
L'attachement au naturel, vertu
classique par excellence, régit l'expression littéraire aussi bien que les comportements humains.
La prédominance
du naturel ne peut être séparée d'un idéal de clarté qui exige, à la fois, une pensée suffisamment limpide pour être
totalement communicable, et un langage suffisamment précis pour communiquer cette pensée.
À ce propos,
Boileau écrit : « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement ».
Le mélange des registres est proscrit au théâtre, ce
qui va avec la règle des trois unités (temps, lieur et action).
Les grands genres du classicisme.
C'est dans le genre théâtral que se manifeste, dans son plus grand éclat, le génie classique.
Molière fait de
la comédie un instrument d'analyse de la société et des travers de l'homme.
Le Cid de Corneille (1636) est le point
de départ pour l'application d'un code théâtral à partir duquel les dramaturges élaboreront les règles qui contribuent
à la perfection du genre.
La tragédie classique s'inspire essentiellement de l'Antiquité gréco-latine.
Elle est régie
par la règle des trois unités qui impose une action unique , concentrée en un jour , en un seul lieu , sans épisodes
superflus.
À cette cohésion, s'ajoute une exigence de rigueur formelle puisque la tragédie comporte cinq actes ,
écrits en vers alexandrins ; le respect des bienséances et le souci de la vraisemblance participent également du
code de l'écriture théâtrale.
Rien de choquant ne doit être représenté sur la scène : ainsi, la mort de Cléopâtre
dans Rodogune de Corneille , se déroule dans les coulisses ; le récit de Théramène, dans Phèdre , relate l'épisode
de la fin violente d'Hippolyte.
Le XVII e
siècle voit aussi la résurgence, après une longue éclipse, de genres littéraires hérités de l'Antiquité : la
fable , la satire , les lettres, les maximes et les portraits.
La Fontaine illustre magnifiquement le premier dans
ses Fables (1668-1678).
Boileau , émule d'Horace, écrit des Satires (1666-1668) qui trouvent un grand succès.
M me
de Sévigné (1626-1696) mêle dans ses Lettres les « potins » de la Cour et des réflexions morales.
Les
Maximes de La Rochefoucauld (1664) et Les Caractères de La Bruyère (1688) donnent à la critique sociale une
pulsion nouvelle et la transforment en satire .
Ces deux ouvrages ouvrent la voie à l'esprit de réforme du siècle
suivant.
En revanche, l'époque classique semble se désintéresser de la poésie lyrique.
On peut, cependant, relever que,
chez Racine , le dilemme tragique s'exprime en un lyrisme d'une grande pureté, que Corneille a utilisé les « stances
», strophes où les héros exposent leur situation avec une profonde émotion et que La Fontaine lui-même, au détour
d' une fable , ose, de temps à autre, une confidence.
La France du XVII e
siècle connaît encore le multilinguisme, avec des parlers ou des accents régionaux et sociaux
très contrastés.
Cependant, le français n'y est plus perçu comme une langue « vulgaire » par rapport au latin,
comme c'était encore le cas au siècle précédent.
Reste à en fixer le bon usage, c'est-à-dire « la façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la
façon d'écrire de la plus saine partie des auteurs du temps », comme l'écrit Vaugelas dans ses Remarques sur la
langue française (1647) .
De nombreux ouvrages paraissent à la suite du sien, comme celui de
Ménage, Observations sur la langue française (1672) .
La fin du siècle voit paraître deux grands dictionnaires de la
langue française (Richelet, 1680 ; Furetière, 1690) avant celui des Académiciens (1694).
Le déclin du classicisme.
Vers la fin du XVII e
siècle, les défaites militaires et la misère du royaume ternissent l'éclat des dernières années du
règne de Louis XIV .
Les problèmes politiques et sociaux l'emportent désormais sur l'idéal de l'âge classique.
La
Bruyère et Fénelon critiquent la monarchie absolue.
L'autorité de la religion est remise en question par Bayle et
Fontenelle.
De nombreux signes annoncent, dès la fin du siècle, l'avènement de l'esprit nouveau.
La Querelle des Anciens et des Modernes , vers 1680, souligne la rupture entre les tenants de l'art classique, qui
préconisent l'imitation des écrivains de l'Antiquité, et les Modernes qui trouvent les Anciens « sans goût et sans
délicatesse », comme l'affirmait sentencieusement Boisrobert en 1635.
Cependant, l'idéal classique survit au XVIII e
siècle à travers des œuvres rigides et formalistes, comme les tragédies
de Crébillon ou celles de Voltaire , grand admirateur de Racine .
Mais l'auteur de Zaïre (1732) compense la pauvreté
de l'analyse par les effets scéniques.
En accordant une grande place au pathétique extérieur, il ouvre la voie au.
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