Le Chêne et le Roseau, La Fontaine, Fables, I, 22
Publié le 29/01/2012
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Présentation : La Fontaine , poète classique et moraliste, s’inspirant par innutrition des fabulistes antiques (Esope VI avt, Phèdre Ier avt-ap), connaisseur de la nature – charge de maître des Eaux et Forêts- et de la société, une jungle – arrestation de son protecteur, le ministre Fouquet, à qui le roi préfère Colbert, interdit d’Académie française en 1683 sur ordre royal, comme quoi « La raison du plus fort est toujours la meilleure « in Le Loup et l’Agneau - s’entend à dénoncer les abus et et états de la société et du pouvoir sous forme ludique, souvent par animaux et végétaux interposés ;
Ainsi La fable I, 22, « Le Chêne et le Roseau «, inspirée de « Le Roseau et l’Olivier « du grec Esope.
Lecture et lexique : roitelet : passereau, le plus petit des oiseaux de nos pays – roi
d’un très petit état. Caucase : chaîne de montagnes séparant l’Europe de l’Asie. Braver : défier
Aquilon : vent froid du Nord- Zéphir : vent doux et léger – Royaumes du vent : les marais et les rivières- L’empire des morts : Les Enfers
Caractérisation : ce poème, constitué d’une alternance d’alexandrins et d’octosyllabes, est un récit qui met en scène, en un dialogue argumentatif, 2 représentations végétales antithétiques, le chêne, symbole de la force et le roseau symbole de la faiblesse, le dénouement narratif signant implicitement, dans une inversion de la morale conventionnelle, la victoire du faible. Registres didactique et ironique.
«
- Celle du roseau : après une concession à la « compassi-on » du chêne, valorisée par la diérèse à la
césure,
*Le roseau réfute les propos de son interlocuteur avec la conjonction adversative « mais » à la césure
(19), redoublée par impératif « quittez ce souci » ;
*Il retourne ensuite l’argument du chêne à son profit avec la comparaison « les vents me sont moins
qu’à vous redoutables » (20),
* et met en opposition le passé – pc « vous avez résisté » suivi de la restriction temporelle menaçante
« jusqu’ici » (21), et l’avenir, en un hémistiche, avec l’opposition et l’impératif : « Mais attendons la
fin » (24)
3.L’arbitrage des vents et le dénouement dramatique
Désigné par métaphore filée, « un enfant …porté dans ses flancs » (26 -27), le vent du nord intervient
immédiatement comme pour donner raison au roseau : « comme il disait ces mots » ( 24)
* Accélération du récit avec brièveté des octosyllabes (28 à 30), énumération des verbes de
mouvement et d’action au présent de narration : « accourt » (25), « tient bon et plie » ( 28)
« redouble » (29), « déracine » (30).
* Dramatisation de la situation : les « vents » deviennent « tempête » (9), « orage » (14)
Hyperboles : « avec furie » (25), « le plus terrible » (26), « redouble ses efforts » (29)
* Dénouement rapide : en 4 v seulement ( 28 à 32), le chêne meurt tragiquement dans une drenière
description ample – 2 relatives en 2 al exandrins- de celui qui se croyait le + fort.
Donc mise en scène d’une controverse à laquelle la progression dramatique et l’action des vents
donne fin peu conventionnelle : victoire du roseau qui avait raison.
Pourquoi ?
II Deux personnages antithétiques, inégaux , une allégorie de la condition des Grands au XVIIè
1.
Une double opposition physique
- Grandeur et petitesse :
* Grandissement de l’arbre /comparaison du « front » à une chaîne de montagne, « pareil au
Caucase » (7), « feuillage » immense, capa ble de « couvrir le voisinage » (12)
* Minoration du roseau « un arbuste » (18), affecté par le poids de l’infiniment petit : disproportion
« un roitelet pour vous est un pesant fardeau » (3), « le moindre vent…vous oblige à baisser la tête »
(4 et 6)
- So uplesse et rigidité
* Souplesse du roseau, capable de « baisser la tête » (6), de « plier » (21 -28) sans se briser –« ne
romps pas » (21), capable de résilience (résistance du métal aux chocs), de retrouver sa forme après la
tempête.
* Résistance du chêne valorisée par énumération complaisante soulignée par l’apposition « non
content » (8) des verbes traduisant son pouvoir – « arrêter » (8), « braver » (9), « défendre » (14) –
Contre les forces de la nature qu’elles soient positives – « les rayons du soleil » (8), ou dangereuses :
« la tempête » ( 9)
2.
Une double opposition morale et intellectuelle
- Orgueil et mesure
* Le chêne se croit irrésistible, indispensable – « Je vous défendrais de l’orage » (14), et
immortel avec la double hyperbole antithétique f inale aux accents épiques (source latine virgilienne)
Le chêne représente l’orgueil des puissants, condescendants avec leurs vassaux qu’ils considèrent en
tout comme leurs inférieurs.(hybris)
* Au contraire, le roseau évite de s’opposer brutalement à son i nterlocuteur, s’affirmant cependant en
quelques mots : « Je plie, mais ne romps pas « (21) au présent de vérité générale.
- Aveuglement et lucidité
* Gé néralisation hâtive du chêne, à travers le « tout » anaphorique, qui globalise la condition de l’un et
de l’autre sans entrer dans le détail, en consacrant l’essentiel de sa préoccupation aux risques encourus
par le roseau sans s’interroger sur se propres faiblesses : 15 vers sur 16 !
* Le roseau, avec sagesse, constate objectivement les faits, la résistance du chêne aux vents, sans
porter de jugement, se tournant vers l’avenir qu’il semble prévoir..
»
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