Le « cabinet particulier » - Une partie de campagne de Maupassant
Publié le 14/09/2018
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Psychologie : les avatars du désir
Dans l'univers romanesque de Maupassant, ce besoin d'idéal habite d’ailleurs tout être humain et peut être excité par des sensations agréables, parfum d'un bois de lilas (<< Le Père >>), nature printanière (<< Au printemps >>), beauté du clair de lune sur un lac (<< Clair de lune >>). Ici, c'est principalement le chant du rossignol qui fait naître chez la jeune fille << des désirs infinis de bonheur >>, << des révélations de poésies surhumaines >>. Le désir, présenté comme une réalité physiologique, est ainsi accompagné de l'idéal qui l'exalte, le dépasse, le légitime et finalement assure sa satisfaction.
En voici deux exemples, tiré des textes cités. Sur le bateau qui le conduit à Suresnes un matin de printemps, le narrateur voit dans les yeux de sa voisine << des profondeurs inconnues, tout le charme des tendresses, toute la poésie que nous rêvons, tout le bonheur que nous cherchons sans fin >> (<< Au printemps >>, I, 285). Un homme s'intéresse à une << une petite bru-nette >> rencontrée dans l'omnibus : << Il lui semblait que la possession entière de cette petite personne serait pour lui un bonheur fou, presque au dessus des réalisations humaines >> (<< Le Père >>, I, 1072).
Commentaire de << Juste au-dessus >> à << l'autre canotier >>
«
elle
est placée au premier plan depuis le début de la troisiè me.
Ses sensations et ses sentiments, à peine suggérés jusque-là,
y ont été indiqués : elle s'abandonne progressivement à une
ivresse sensuelle déterminée par des causes physiques (l'action
de la chaleur, du vin, de la nature aquatique et printanière sur
un corps qui semble bâti pour inspirer et goûter le délire des
sens) et que viennent accentuer les rêveries sentimentales que
le rossignol éveille en elle.
Le point de vue de la jeune fille est toujours privilégié dans
ce passage, qui précise la progression de ses sensations
Uusqu'à ), de son émotion Uusqu'aux larmes)
et de ses sentiments Uusqu'à ).
Le choix de la focalisati on* interne permet au narra
teur de décrire l'intensité de ces phénomènes tout en indiquant
leur caractère mystérieux pour la jeune fille.
Le lecteur, lui,
es t placé dans une position de supériorité par rapport au per
sonnage : il peut faire la part , chez el.le, des rêves naïfs, idéa
listes, illusoires, et des réalités physiologiq ues, des > qui annoncent et appellent le plais ir.
Il comprend
aussi, à la voir repousser > les premières
caresses de son compagnon, que ses défenses morales sont
en train de tomber.
Le narra teur, au contraire, ne fournit aucune information
suppléme ntaire sur le canotie r, auquel il attr ibue simplement
les gestes et les paroles de l'homme qui sait maintenant pou
voir profiter de l'occ asion1.
Là encore, il se réserve ainsi la
possibilité de lui donner ensuite un peu plus d'épa isseur et de
surprendre à nouveau son lecteur.
Mais la nouvelle s'intitule bien>:
l' acte de la fille prend sens par rapport à celui que la mère
accomplit parallèlement (et même par rapport à l'inaction du
père et de l'apprenti) .
Le narrateur affecte de rester à distance,
se contentant de ra pporter ce qu'< < on enten dait>>: on, c'est-à
dire aussi bien Henri, qui comprend qu'elle ne risque pas de
venir le dérange r, que le lecteur, à qui est laissé le soin d'ima-
1.
La nouvelle intitulée «Le Père >> (1883) précise ainsi les pensées
d'un horrune que le printemps a poussé vers une jeune fille: > (I, 1073)..
»
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