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L'aveu indirect de Phèdre

Publié le 30/07/2014

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L'aveu indirect de Phèdre

(Acte II, SC. 5, V. 634-662)

(SITUATION)

Bien que l'auteur affirme nourrir son action de la seule logique

des sentiments, c'est un événement extérieur d'une grande portée

dramatique, la mort de Thésée, époux de Phèdre, annoncée à la

fin de l'acte I, qui relance l'intérêt et autorise les nouveaux développements

de l'acte II.

Des sentiments jusque-là réprimés ont déjà usé, pour

s'épanouir, de l'espace de liberté ouvert par cette disparition providentielle

: Hippolyte a osé dire son amour à Aricie (acte II,

scène 2, voir TEXTE 3).

Phèdre à demi disculpée par l'indulgence d'OEnone,

«Votre flamme devient une flamme ordinaire« (v. 350), a renoncé à ensevelir

dans la mort une passion devenue moins répréhensible.

Obéissant encore aux conseils pressants de la nourrice, elle est

venue vers Hippolyte dans un dessein maternel et politique : obtenir

qu'il soutienne les droits de son fils au trône d'Athènes.

Cette requête a été oubliée progressivement, Phèdre est

déjà entrée en termes voilés dans un discours non prémédité :

Toujours devant mes yeux je crois voir mon époux.

Je le vois, je lui parle, et mon coeur ...

(v. 628-629)

Voici Phèdre au bord de l'aveu, dans lequel on va l'écouter maintenant

se laisser glisser.

(TEXTE)

PHÈDRE

Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée.

635 Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,

Volage adorateur de mille objets divers,

Qui va du Dieu des morts déshonorer la couche,

Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche,

Charmant, jeune, traînant tous les coeurs après soi,

« (TEXTE) PHÈDRE Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée.

635 Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers, Volage adorateur de mille objets divers, Qui va du Dieu des morts déshonorer la couche, Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi, 640 Tel qu'on dépeint nos Dieux, ou tel que je vous vois.

Il avait votre port, vos yeux, vottir~e:-r3ah!IM[llfll.I_"' __ ,,.

Cette noble pudeur colorait son visage Lorsque de notre Crète il traversa les flots, _,_ Digne sujet des vœux des filles de Minos.

645 Que faisiez-vous alors ? Pourquoi, sans Hippolyte, Des héros de la Grèce assembla-t-il l'élite ? Pourquoi, trop jeune encor, ne pûtes-vous alors Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords? Par vous aurait pé'i le morutre de la Crète, 650 Malgré tous les détours de sa vaste retr~re.

-" Pour en développer l'embarras incertain, Ma sœur du fil fatal eût armé votre main.

__,,,,.

Mais non, dans ce dessein je l'aurais devancée :..._ L'amour m'eQd'abord inspiré la pensée.

655 C'est moi, Prince, c'est moi dont l'utile secours Vous eût du Labyrinthe enseigné les détours.

Que de soins m'eût coûté cette tête charmante! Un fil n'eût point assez rassuré votre amante.

Compagne du péril qu'il vous fallait chercher, 660 Moi-même devant vous j'aurais voulu marcher; Et Phèdre au Labyrinthe avec vous descendue Se serait avec vous retrouvée ou perdue.

(THÈMES DE COMMENTAIRE) L'enjeu du texte Phèdre réinvente une scène de première re~,conforme à ses vœux ; elle remoèh\le l'histoire qu'elle n'. »

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