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LAutrÉAMONT (1846-1870), «Le Pou », Les Chants de Maldoror, chant Il, 9.

Publié le 07/09/2018

Extrait du document

Le pou
 
[...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu’ils se contentent d’extraire, avec leur pompe, ta quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dre : c'est parce qu’ils n’en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d’un jeune mendiant des rues, observez, avec un microscope, un pou qui travaille; vous m’en donnerez des nouvelles. Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils ne seraient pas bons pour être conscrits1 ; car, ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courre cuisse, et les aveugles n’hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se hattrait contre un pou. Il serait dévoré en un clin d’œil, malgré sa taille. Il ne resterait pas la queue pour aller annoncer la nouvelle. L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux. Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d’os et de chair. C’en est fait de vos doigts. Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture. La peau disparaît par un étrange enchantement. les poux sont incapables s de commettre autant de mal que leur imagination en médite. Si vous trouvez un pou dans votre route, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue. Il vous arriverait quelque accident. Cela s’est vu. N’importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu’il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu’il t’en fît davantage. [...]
■ Situer les extraits dans leur contexte
 
Intéressons-nous d'abord au contexte littéraire et culturel. Isidore Ducasse (1846-1870) écrit sous le pseudonyme de Lautréamont: le premier des Chants de Maldoror est publié à compte d'auteur en 1868 et le recueil est publié l'année suivante en Belgique. Il ne rencontre guère de succès du vivant de l'auteur. Le personnage de Maldoror, tiraillé entre la violence et le crime d'une part, le souvenir de la pureté originelle d'autre part, déstabilise le lecteur, tout comme la forme adoptée par l'écrivain. Ce sont surtout des auteurs du XXe siècle qui reconnaissent Lautréamont Antorin Artaud puis Breton et Soupautt, chefs de file du mouvement surréaliste.
 
■ Les outils d'analyse
 
• Commencez par étudier les procédés caractéristiques du poème en prose :
 
l'esthétique de la discontinuité, la dimension onirique et le refus du réalisme
 
• Étudiez ainsi la construction du passage : comment s'enchaînent les différentes images qui composent cet extrait ? N'oubliez pas non plus que le titre du recueil connote la musique : il faut donc être attentif aux sonorités (altérations et assonances) ou aux procédés rythmiques
 
• Vous pouvez ensuite vous intéresser aux procédés propres à l'extrait étudiez ('énonciation. Qui est désigné par le «vous » ? Pourquoi ? Quel est l'effet produit ?
 
■ Trouver les axes de lecture
 
Vous pouvez d'abord consacrer une partie à la dimension onirique du poème. Ensuite, vous pourrez étudier la provocation du poète et son jeu avec le lecteur
Plan du commentaire
 
I - Un poème onirique
 
II - Un poème provocateur

« Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie; Tout veut un baiser.

Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie De les écraser, zs Pour peu qu'on leur jerre un œil moins superbe', Tout bas, loin du jour, La mauvaise bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour ! 1.

Ici : méprisant.

• Texte 2: LAuntÉAMONT (1846-1870), «le Pou "• Les Chants de Maldoror, chant Il, 9 (1869) Le pou [ ...

] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, er qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang.

Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force.

Soyez certains que, si leur mkhoire s était conforme à la me.mre de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait.

Comme une goune d'e au .

Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, aveç un microscope, un pou qui travaille; vous m'en donnerez des nouvelles.

Malheureusement ils sont petitS, ces brigands de la longue chevelure.

Ils 10 ne seraient pas bons pour être conscrirs1 ; car, ils n'ont pas la taille néces­ saire exigée par la loi.

Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courre cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits.

Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou.

Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa raille.

Il ne resterait pas la queue 15 pour aller annoncer la nouvelle.

[éléphant se laisse caresser.

Le pou, non.

Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux.

Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair.

C'en est fait de vos doigts.

Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture.

La peau disparaît par un étrange enchantement.

Les poux sont incapables Xl de commettre autant de mal que leur imagination en médite.

Si vous trouvez un pou dans votre roure, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue.

Il vous arriverait quelque accident.

Cela s'est vu.

N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fit davantage.

[ ..

.

] 1.

Conscri! : recrue faiswr son scrvict militaire.

2.

Lilliputien : microscopique.. »

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