LATIN (la littérature latine au Moyen Âge)
Publié le 11/01/2019
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LATIN (la littérature latine au Moyen Âge). La civilisation du Moyen Age européen — issue de traditions romaines désagrégées et d’influences germaniques, amalgamées dans une idéologie d’origine judéo-chrétienne — présente, du Ve au XVe siècle, une dualité culturelle en apparence irréductible : double polarisation, en provenance, d’une part d’une sphère de pensée et d’expression maintenue par l’école et par la pratique scientifique, d’autre part d’une sphère plus diffuse, souvent subordonnée à la première, dont elle représente en quelques parties un état dégradé, et que désigne parfois, à tort ou à raison, le qualificatif de « populaire ».
Cette opposition trouve sa sanction sur le plan des langues. Le latin, véhicule de l’héritage romain tardif, se pose en effet au-dessus, puis à côté des langues vulgaires, puis en concurrence avec elles, en vertu d’une différence non seulement stylistique, mais embrassant la totalité des modes du dire et, souvent, du penser.
Transmise par l'enseignement, dont les techniques se ramènent à la lecture et à l’explication de textes, la culture latine médiévale repose entièrement sur l'écriture et le livre. De l’une et de l'autre, elle détint longtemps le monopole : lorsque l’on entreprit de noter la langue vulgaire, le modèle latin ne cessa de prévaloir, au point que la graphie ne réussit jamais à s’en affranchir complètement. Jusqu’assez tard dans le xve siècle, le latin demeura le domaine privilégié, le plus naturel, d’application des techniques requises par l’écriture. Le texte de langue vulgaire resta fondamentalement, pour les hommes de cette époque, et jusqu’au seuil de l'ère moderne, objet auditif, donc fluide et mouvant. Oralité et écriture s’opposent ainsi, dans la quotidienneté de la littérature médiévale, comme le continu au discontinu. A la fin du xve siècle, encore 75 p. 100 des livres imprimés le seront en latin. Les manuscrits de textes français ne sont relativement nombreux qu’à partir du xme siècle : sans doute est-ce le vieillissement de la langue et des modes poétiques qui poussa alors à mettre par écrit beaucoup d’ouvrages composés à une époque plus ancienne. De petites bibliothèques commencèrent à se constituer : la langue vulgaire n’y apparaît qu’accessoirement; le fonds reste latin. Les recueils de textes français ont souvent le caractère d’anthologies, constituées à la demande particulière d'un client : à ce niveau, l’écriture demeure seconde.
Une contrebande finira toutefois par s'organiser, du latin aux langues vulgaires, assez tardivement (xnc-xmc siècle), sous la forme de traductions : elle restera, sauf exception, à sens unique. Le monde du « clerc », de celui qui participe à la tradition latine, possède une dimension propre, que l’on dit classique, au sens où ce terme, à la fin de l'Antiquité, avait désigné une classe d’écrivains considérés, pour des raisons assez confuses, comme dignes de servir de modèles et de guides en tout ce qui concerne l’usage de la langue et l'acquisition de la connaissance. C'est sur cette base relativement étroite que se constitua, entre le Ve et le viiie siècle, un canon des auctores (les «garants»), possédant auctoritas, déterminant les normes et les doctrines, objets de l’enseignement. Ces « auteurs », bien commun et comme dépersonnalisé, sont inlassablement cités, imités, refaits, découpés en sententiae, glosés, au point qu’une partie considérable des textes latins écrits jusqu’au XIIe siècle et même plus tard apparaît comme une littérature engendrée par la littérature et y retournant.
Les transformations de cette culture « classique » suivirent celles des institutions où on la transmettait. Elle eut ainsi son existence propre, ses chutes, ses renaissances, et chacun de ces mouvements se répercuta sur l’ensemble de la culture médiévale. Un lien, difficile à définir, mais indéniable, rattache à la « Renaissance carolingienne » du IXe siècle les premiers
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Transmise
par l'enseignement, dont les techniques se
ramènent à la lecture et à l'explication de textes, la
culture latine médiévale repose entièrement sur l'écriture
et le li v re.
De 1' une et de 1 'autre, elle détint longtemps
le monopole : lorsque l'on entreprit de noter la langue
vulgaire, le modèle latin ne cessa de prévaloir, au point
que la graphie ne réussit jamais à s'en affranchir complè
tement.
Jusqu'assez tard dans le xv• siècle, le latin
demeura le domaine privilégié, le plus naturel, d'applica
tion des techniques requises par l'écriture.
Le texte de
langue vulgaire resta fondamentalement, pour les hom
mes de cette époque, et jusqu'au seuil de l'ère moderne,
objet auditif, donc fluide et mouvant.
Oralité et écriture
s'opposent ainsi, dans la quotidienneté de la littérature
médiévale, comme le continu au discontinu.
A la fin du
xv• siècle, encore 75 p.
100 des livres imprimés le seront
en latin.
Les manuscrits de textes français ne sont relati
vement nombreux qu'à partir du xm• siècle : sans doute
est-ce le vieillissement de la langue et des modes poéti
ques qui poussa alors à mettre par écrit beaucoup d'ou
vrages composés à une époque plus ancienne.
De petites
bibliothèques commencèrent à se constituer : la langue
vulgaire n'y apparaît qu'accessoirement; le fonds reste
latin.
Les recueils de textes français ont souvent le carac
tère d'anthologies, constituées à la demande particulière
d'un client : à ce niveau, l'écriture demeure seconde.
Une contrebande finira toutefois par s'organiser, du
latin aux langues vulgaires, assez tardivement (xu•
xru• siècle), sous la forme de traductions : elle restera,
sauf exception, à sens unique.
Le monde du.
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