Devoir de Philosophie

"L'artiste est le dernier à se faire des illusions au sujet de son influence sur le destin des hommes. Dédaigneux du mauvais, il n'a jamais pu arrêter le triomphe du mal. Soucieux de donner un sens, il n'a jamais pu empêcher les sanglants non-sens. Lart ne constitue pas une puissance, il n'est qu'une consolation. "

Publié le 03/12/2012

Extrait du document

CITATIONS SUR LE GENIE ET LES ARTISTES P ar Antoni Gelonch-Viladegut, Pour la Collection Gelonch Viladegut. Paris, Janvier 2011. 1 S OMMAIRE Introduction 3 Sur le génie 9 Qu'est-ce qu'un artiste ? 10 Qu'est-ce que c'est le talent ? 12 Est-ce que l'inspiration existe ? 13 Le rôle et la responsabilité de l'artiste 14 L'artiste versus l'art 16 L'artiste et la vie 17 L'artiste, Dieu et la science 18 L'artiste et l'artisan 19 Les artistes ont une patrie ? 20 De l'évolution, l'artiste la postérité et l'immortalité de 21 L'envolée lyrique 22 Apprendre à se moquer de lui-même 24 Les positifs 25 Des dépressifs ? 26 Les réalistes 27 Les provocateurs 28 Index d'auteurs 30 2 I NTRODUCTION Si vous vous promenez dans Paris, sans trop faire le touriste ou même sans l'être, vous tomberez tout naturellement et presque inévitablement sur une immense place envahie par une circulation automobile frénétique dans tous les sens et dominée par une grande colonne au sommet de laquelle vous observerez un être ailé en bronze doré qui semble prendre son envol. Vous êtes au coeur d'un quartier populaire sous la protection de celui qu'on appelle le Génie de la Bastille. Vous êtes donc Place de la Bastille, d'habitude point de concentration et de départ de manifestations plus ou moins politiques et qui accueille depuis une vingtaine d'années le pharaonique Opéra de la Bastille. Dans un autre registre, si on essaye d'apprivoiser la langue et la culture française, on est très surpris, même étonné, de la pluralité de significations de ce mot « génie «. On entendra donc parler du génie rural, du génie militaire, du génie poétique, du génie civil ou du génie de la Bastille, par exemple. Entrant dans les arcanes de la langue, on découvrira qu'effectivement, le mot génie présente différentes significations. Avec ce mot donc on peut décrire bien une créature mythique ou bien les génies familiers (bien connus déjà des temps des Romains) ou bien les arts des ingénieurs ou encore beaucoup d'autres. Mais, au début, toutes ces significations ont une origine commune : sont une dérivation du latin genius, de genere, qu'exprime bien l'idée de produire ou de créer. Aux purs effets de cette Introduction, on essayera de mettre en relation le génie avec les arts, ses manifestations et le travail des artistes. Même dans son sens d'approche artistique, le mot génie peut tour à tour présenter plusieurs significations. Ainsi, on peut entendre un génie comme : -une personne qui se démarque de façon exceptionnelle pour un ou plusieurs talents (par exemple, on peut constater que Goya ou Picasso sont des génies), -une personne qui par ses conseils ou ses exemples, exerce une influence certaine sur la vie d'un autre (son frère est son bon génie, par exemple), -le talent inné et exceptionnel d'une personne : on pourra parler de quelqu'un qui a le génie des affaires ou d'un autre qui a le génie de la peinture,..., -la qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d'inventer, d'entreprendre des choses extraordinaires (le génie du Général de Gaulle et sa vision de la Résistance, par exemple), -le caractère propre et distinctif d'une communauté, d'un peuple ou d'une construction humaine (comme, par exemple, quand on affirme que le génie de la langue française est la clarté), -l'allégorie ou la personnification des arts, des sciences, de l'industrie ou d'une idée abstraite (par exemple, le génie de la Bastille en tant qu'allégorie de protection et bienveillance). Et voilà comment je refermerais le cercle amorcé Place de la Bastille, en me questionnant sur son génie. Comme je l'ai indiqué déjà plus haut, il ne faut pas oublier que toutes les significations énoncées dérivent d'une même racine. En effet, génie dérive du latin genius, un mot issu d'une racine de l'indo-européen commun et qui a donné, entre autres, géniteur, génération, genèse, génital, progéniture, gens, gène, etc. Comme Balzac, je considère que « « L'homme 3 de génie se révélera toujours en dehors des écoles spéciales. Dans les sciences dont s'occupent ces écoles, le génie n'obéit qu'à ses propres lois, il ne se développe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien : ni l'État, ni la science de l'homme, l'anthropologie, ne les connaissent. Riquet, Perronet, Léonard de Vinci, Cachin, Palladio, Brunelleschi, Michel-Ange, Bramante, Vauban, Vicat, tiennent leur génie de causes inobservées et préparatoires auxquelles nous donnons le nom de hasard, le grand mot des sots1. « Y aurait-il alors une relation entre génie et artiste ? Certes, cela peut arriver, cela peut exister, plutôt c'est préférable qu'elle existe, mais on ne peut pas toujours l'assurer. Elle n'est pas toujours présente et elle est conditionnée aussi par la définition que nous pouvons donner au mot artiste. A mon avis, et pour suivre le fil rouge de ce recueil de citations, un artiste est un individu créateur d'une oeuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique ; et donc on peut remarquer entre autres la créativité, l'originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses oeuvres sont une source d'émotions, de sentiments, de réflexion, de spiritualité, de bienêtre et/ou de transcendance. Du point de vue historique, on peut dire que depuis le XVIIIème siècle, le mot artiste est principalement utilisé à propos des accomplissements dans des domaines divers des Sciences et du Droit, et généralement et de façon successive, on le réserve pour les individus qui réunissent les caractéristiques énumérées dans le domaine des Beaux-arts, le dessin, la peinture, la sculpture, la gravure et les nouvelles technologies de l'image appliquées à la production artistique. Comme l'a souligné Pierre Bourdieu2, les qualificatifs utilisés à propos des artistes sont particulièrement variables dans l'histoire et n'ont pas de définition universelle. Ils ont comme origine une expérience, une appréciation personnelle, un regard et sont la conséquence d'un intérêt collectif propre à une et à chaque culture. Il faut aussi signaler que tout au long de l'histoire, et avec force à partir du XVIème siècle, les usages ont établi une distinction entre l'artiste et l'artisan, tout en se fondant sur sa condition d'auteur ou d'interprète. Soit un producteur de 'créations de l'esprit' par opposition aux exécutants anonymes, à ce qui est utile ou fonctionnel. A ce stade il peut être intéressant de suivre Bernard Lafargue3 dans son interrogation sur le rôle de l'artiste : « Qu'est ce qu'un artiste (nous) fait ? C'est une question philosophique cruciale. Elle a quatre entrées. La première relève de l'ontologie : qu'est-ce-qu'un objet d'art ? Question à laquelle on ne peut répondre qu'en se demandant : qu'est-ce-que l'art ? La seconde de l'anthropologie : qu'est-ce que vivre/créer/penser en artiste ? La troisième du politique : quelle place une culture peutelle ou doit-elle donner à ses artistes ? La quatrième de la prospective : qu'est-ce-que l'art (nous) annonce ? «. Ce qui est certain c'est que, comme soutient de sa part Agnès Rouveret4 « pour les Anciens, en effet, peinture et sculpture se rangent parmi les activités techniques, et rien ne les valorise par rapport aux autres pratiques artisanales. Elles sont des 'arts' au sens classique du terme, c'est-à-dire un ensemble de règles et de recettes dont la mise en oeuvre produit un résultat spécifique et déterminé au préalable. Le même mot de téchne s'applique aux arts plastiques, à la danse, à la musique comme à la médecine ou au dressage des chevaux. Il est probable qu'en écrivant des traités sur leur art, les architectes, les peintres ou les sculpteurs ont cherché à s'élever au-dessus de cette condition commune, en essayant de constituer en véritable science 4 leur savoir technique. La démarche est manifeste chez Vitruve. Elle était déjà revendiquée par les peintres-savants du IVe siècle av. J.-C. : Euphranor d'Athènes, dont l'oeuvre est au centre de l'opuscule de Plutarque, Sur la gloire des Athéniens, ou les artistes de l'école de Sicyone. « Plus tard, du XIIIème au XVème siècle en Europe, le statut social de l'artiste se résume essentiellement à celui de simple artisan ou domestique de cour. Mais, au cours de la Renaissance italienne, l'image des artistes est façonnée par des personnalités telles que L&eacu...

Liens utiles