Devoir de Philosophie

L'ART POETIQUE de BOILEAU : CHANT I, VERS 27 à 63

Publié le 25/07/2010

Extrait du document

boileau

Texte étudié    Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,  Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime :  L'un l'autre vainement ils semblent se haïr ;  La rime est une esclave et ne doit qu'obéir.  Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,  L'esprit à la trouver aisément s'habitue ;  Au joug de la raison sans peine elle fléchit,  Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit.  Mais lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,  Et pour la rattraper le sens court après elle.  Aimez donc la raison : que toujours vos écrits  Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.  La plupart, emportés d'une fougue insensée,  Toujours loin du droit sens vont chercher leur pensée :  Ils croiraient s'abaisser, dans leurs vers monstrueux,  S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eux.  Évitons ces excès : laissons à l'Italie  De tous ces faux brillants l'éclatante folie.  Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,  Le chemin est glissant et pénible à tenir ;  Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt l'on se noie.  La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.  Un auteur quelquefois trop plein de son objet  Jamais sans l'épuiser n'abandonne un sujet.  S'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face ;  Il me promène après de terrasse en terrasse ;  Ici s'offre un perron ; là règne un corridor,  Là ce balcon s'enferme en un balustre d'or.  Il compte des plafonds les ronds et les ovales ;  « Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales. «  Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,  Et je me sauve à peine au travers du jardin.  Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile,  Et ne vous chargez point d'un détail inutile.  Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ;  L'esprit rassasié le rejette à l'instant.  Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

Liens utiles