L'arrivée d'Etienne au Voreux : Première partie, chapitre 1 (Germinal de Zola)

« 78 • Etude de Germinal se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres.

L'homme était parti de Marchiennes vers deux 1s heures.

il marchait d'un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours.

Un petit paquet, noué dans un mou­ choir à carreaux, le gênait beaucoup; et ille serrait contre ses flancs, tantôt d'un coude, tantôt de 20 l'autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent d'est faisaient saigner.

Une seule idée oc­ cupait sa tête vide d'ouvrier sans travail et sans gîte, l'espoir que le froid serait moins vif après le 2s lever du jour.

Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche, à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus.

D'abord, il hésita, pris de crainte ; puis, il ne put résister au 30 besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.>> IDÉE DIRECTRICE ET MOUVEMENT DU TEXTE Ce passage met en relation, pour les confronter, un homme et la nature environnante.

Autant 1 'homme se révèle faible, seul et démuni, dans cette immensité glacée d'une nuit froide de mars, autant la nature manifeste sa puissance hostile et dé­ mesurée.

Cheminant sans but défini, le vagabond arrive à la hauteur de Montsou ; il est attiré par trois feux qui brûlent dans l'obscurité, auprès desquels il espère pouvoir se réchauffer.

Nous commencerons par examiner la relation qui s'établit entre 1 'homme et la nature puis nous montrerons que le nar­ rateur, Zola, en authentique poète qu'il est, réussit, par le rythme des phrases, à suggérer, dans ce texte à la fois descrip­ tif et narratif, le drame humain qu'implique cette relation avec la nature.. »