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L'arrivée à l'auberge - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

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maupassant

de << Alors on descendit >> à << les escarpolettes >> .

Ce passage apparaît comme une scène, parfaitement délimitée dans l'écriture et dans la composition : les deux << Alors » encadrent une série d'énoncés d'inégale longueur (l'un constitue un portrait) qui décrivent la manière dont chaque personnage descend de voiture. Les différents membres de la famille reçoivent ainsi des qualifications individuelles qui établissent entre eux un réseau de relations contrastées.

 

Narration: le refus de la psychologie

 

Les personnages n'ont été jusqu'ici caractérisés que par leur appartenance à un groupe (désigné par << on »), par la place qu'ils y occupent et, pour les parents, par quelques répliques. En décrivant leur descente de voiture, le narrateur dévoile un peu de leur individualité, conformément à un parti pris de nar-

Alors on descendit. Le mari sauta le premier, puis ouvrit les bras pour recevoir sa femme. Le marchepied, tenu par deux branches de fer, était très loin, de sorte que, pour l'atteindre, Mme Dufour dut laisser voir le bas d'une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent sous un envahissement de graisse tombant des cuisses. M. Dufour, que la campagne émoustillait déjà, lui pinça vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la déposa lourdement à terre, comme un énorme paquet. Elle tapa avec la main sa robe de soie pour en faire tomber la poussière, puis regarda l'endroit où elle se trouvait. C'était une femme de trente-six ans environ, forte en chair, épanouie et réjouissante à voir. Elle respirait avec peine, étranglée violemment par l'étreinte de son corset trop serré ; et la pression de cette machine rejetait jusque dans son double menton la masse fluctuante de sa poitrine surabondante. La jeune fille ensuite, posant la main sur l'épaule de son père, sauta légèrement toute seule. Le garçon aux cheveux jaunes était descendu en mettant un pied sur la roue, et il aida M. Dufour à décharger la grand-mère. Alors on détela le cheval, qui fut attaché à un arbre ; et la voiture tomba sur le nez, les deux brancards à terre. Les hommes, ayant retiré leurs redingotes, se lavèrent les mains dans un seau d'eau, puis rejoignirent leurs dames installées déjà sur les escarpolettes.
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« ration objective que Maupassant a défini dans une chronique de 1882 : (12 C et 16E), voire > (6A, SB, 9B, 15D, 17E) serait-il un simple comparse ? Les autres per­ sonnages, «M.

Dufour >>, «l a jeune fille>>, «l a grand-mère >>, ne reçoivent pas non plus, explicitement, de qualifications nou­ velles.

Cette inégalité de traite ment découle des choix narra­ tifs : la mère seule fait l'objet d'un portrait parce qu'elle est plus voyante et que sa descente de voiture constitue une petite scène, à la fois comique et révélatrice.

Mais la composition trahit aussi un calcul : elle place Mme Dufour en position de personnage principal pour permettre l'effet de surprise que produira, dans 5A, la décou verte de sa fille.

Au total, les différents membres de la famille reçoivent un début de caractérisa tion qui permet d'esquisser les relations qu'ils entretiennent et donc de préparer le développement de l'a ction.

1.

>, Chr o., 2, 42.

Dans L'Œuvre, Zola jette aussi le dis crédit sur la psychologie : > (chap.

VI).

2.

L'étiquette d'un personnage est l'ensemble des marques qui le constituent : nom, prénoms, périphrases récurrentes (voir Philippe Hamon, Le Pers onnel du rorruxn.

Le système des personnages dans Les Rougon Macquart d'Émile Zola, Droz, 1983).. »

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