L'architecture des Châtiments de Victor Hugo

« quent comme la réécriture du premier poème du Livre 1 («France, à l'heure où tu te prosternes») qui indiquait déjà la montée de !'Idée lumineuse; le poète consi­ dère l'image comme prématurée, scinde le poème en deux et développe ce lever de la lumière dans« Luna», poème qu'il intègre finalement au Livre VI et qui prépare « Stella » (Livre VI, 15) .

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Il -UNE STRUCTURE IMMOBILE Un ensemble équilibré On remarque que l'ensemble des sept livres correspond à des masses de lon­ gueur équilibrée ; ce qui est dû soit au nombre de poèmes (Livres I et V : 13 poèmes ; Livres VI et VII : 17 poèmes ; Livres 1 et III : 15 et 16 poèmes) soit au volume des vers (le Livre II ne comprend que sept poèmes mais le dernier rééqui­ libre le volume grâce à sa longueur).

L'impression qui se dégage n'est donc pas celle d'une progression, mais celle plutôt d'un ensemble en équilibre.

Titres et contenu des livres Les titres des livres n'indiquent pas de manière nette leur contenu, et on re­ trouve les mêmes thèmes dans tous les livres.

À peine peut-on préciser que le Livre IV, intitulé « La religion est glorifiée »,comporte effectivement des poèmes im­ portants évoquant le« parti dévot» (pièces 4 et 7); mais, à titre d'exemple, c'est dans le Livre 1 que l'on peut lire trois poèmes essentiels concernant le point de vue religieux : « Le Te Deum du 1 cr janvier 1852 », « Ad majorem Dei gloriam », et surtout « À un martyr » (pièces 6, 7 et 8).

Il n'y a pas de correspondance stricte entre les titres (à part le dernier, il s'agit de slogans justifiant la prise de pouvoir par Louis Napoléon) et leur contenu -comme si la parole poétique se chargeait de signaler le désordre dans la langue depuis l'imposture du coup d'État et le renie­ ment de la parole donnée par le prince-président.

La circularité thématique On peut enfin dresser un ensemble de thèmes récurrents (toujours à complé­ ter) qui peuvent s'organiser autour de poèmes phares : « l'orgie et le festin, le crime, le vice et le sang, le cloaque, l'océan, l'étoile qui se lève ...

tous "mots" qui appartiennent au texte et font tourner autour d'eux une nébuleuse lexicale et figu­ rative» (G.

Rosa-J.- M.

Gleize).

Conclusion.

Cette tension entre mouvement et mobilité permet de jouer sur des symétries (Livre 1, 1, Livre VI, 7; Livre V, 7 et 15), des harmonies et des contrastes : dans le Livre II par exemple, il est remarquable que le dernier poème(« À l'obéissance passive») soit à lui seul aussi long que l'ensemble des six poèmes qui le précèdent, et qu'il fonctionne comme une immense toile de fond historique, permettant ainsi d'établir dans ce Livre un dispositif, visuel et sonore, de plans en relief.. »