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L’apport de Baudelaire à la poésie moderne.

Publié le 21/09/2018

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baudelaire

Les sensations olfactives se succèdent, nous transportant des pays exotiques au « port retentissant ». De la même façon L Invitation au voyage nous entraîne par le jeu d’une versification savante, de sonorités adoucies, de rythmes murmurés, vers un monde étrangement unifié et serein, situé derrière les apparences. La même impression se dégage d'Harmonie du soir : les mots précieux, les sonorités languissantes ou éclatantes, les répétitions de vers, donnent au texte le ton d’une incantation, d’une véritable « sorcellerie évocatoire » à laquelle rien, aujourd’hui, ne nous paraît manquer. Baudelaire a donc réussi à briser le carcan de la poésie traditionnelle. « Le beau, écrivait-il, est toujours bizarre » : il annonce par ce goût de l’insolite, les plus audacieuses recherches modernes.

Mais ces libertés sont rares, et nous ne trouvons rien là que les poètes romantiques n’aient pratiqué : l’alexandrin, intérieurement libéré, reste un bloc intangible dans Les Fleurs du Mal. Au terme de cette étude, nous pourrions nous étonner que Baudelaire ait encore un tel prestige aux yeux des lecteurs modernes, malgré un si lourd héritage de traditions caduques.

 

II. BAUDELAIRE NOVATEUR

 

Ses successeurs, il est vrai, ne s’y sont pas trompés : ils ont trouvé en lui un souffle nouveau, s’exprimant à la fois dans l’exposé de conceptions esthétiques originales et dans des réalisations qui constituent d’incontestables réussites.

baudelaire

« traditionn elle des te chniciens du vers .

Le choix du vocabulaire, le mouvement des phrases , la ver sificaüon ne compor tent guère d' innovations .

Le vocab ulaire Les surréalistes s'ind ignaient que durant tant de siècles la poésie n'eût été qu'u ne prose ryth mée : de fait, Baudelair e ne semble pas avoir évité ce défaut, et de nombreux vers nous paraissent au jourd'hui particulière­ ment plats, tels ceux-ci extraits de La Pipe : « Je suis la pipe d'un auteur ; On voit, à contempler ma mine ...

Que mon maîtr e est un grand fumeur.

» Les mots , lorsqu 'ils sont choisis plus sévèrement, ap partiennent so uvent à une l angue noble, conventionnelle, où les adjectifs ac compag nent les noms aussi fatalement que dans les plus mau­ vais poèm es de Lec onte de Lisle.

C' est ainsi que dans la pièce dédiée « à une dame créole » les clichés se multiplient sous la plum e de Baudelaire : «p ays parfumé », «arbr es tout empo urprés », «charmes ignorés », «verte Loire», «ombreuses retraites ».

Dans 1 'un des meilleurs sonnets, Recueillement, nous trouvons les allian ces de mots les plus connues de la poésie moralisatrice : « le jouet du plaisir », « la fête servile ».

Les périphrases dont les Romantiqu es n'a vaient pas su se dépou iller totalement se rencontrent ici, même dans des textes aussi fréquem­ ment cités que 1 'A lbatros : « les gouffres amers », « ces rois de 1 'A zur », «le pri nce des nuées », «le voyageur ailé».

Delille ou J.-B.

Rousseau n'auraient pas trouvé mieux.

Le mouvement des phrases Du moins ce vocabulai re banal pourrait-il acquérir dans le bou­ leversement des structures traditionnelles de la phrase une force nouvelle.

Souvent, il n'en est rien, et l'exemple de l'Al batros nous rend sensible, jusque dans son thème , la soumission de Baudelair e aux poncif s ro mantiques .

L'im age banale du poète isolé, incompris de ses semblables, est évoquée en un style pom­ peux où abond ent les procédés de la rhé torique : le tableau est soi gneusement brossé en trois strophes, le symbole est conscien­ cieusem ent expliqu é et développé dans la quatrième.

Le poème Sp leen lui-même, qui contient quelques-u nes des images les plus neuves des Fleurs du Mal, est composé dans sa pre­ mièr e partie selon la technique oratoire chère à Victor Hugo : chaqu e strophe commence par un« quand » suivi de l'énon cé des. »

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