L'APOLOGUE (sujets corrigés)
Publié le 19/01/2020
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> TRAVAIL D'ÉCRITURE (16 points]
I - Commentaire
Vous commenterez le texte depuis « Le lendemain le pèlerin [...] » (l. 105) jusqu’à la fin.
II - Dissertation
Peut-on dire que le conte et l’apologue sont, comme le miroir du pèlerin dans le texte de J. Cazotte, des « invention(s) » (1. 128 et 131) qui permettent de voir le monde « tel qu’il est » (1. 143).
Vous répondrez en vous appuyant sur le texte proposé, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.
III - Écrit d'invention
« Vous êtes donc heureux ? », demande le Roi Roger au pèlerin (1. 43). Dans un dialogue argumentatif commençant par une réplique du pèlerin : « Et vous ? », le roi défend sa conception du bonheur et tente de persuader son interlocuteur.
Vous composerez ce dialogue en appuyant la réflexion des deux personnages sur la situation du texte et sur votre culture personnelle.
> CORPUS
J. CAZOTTE, « Aventure du pèlerin », Ollivier, 1763.
Texte : Jacques Cazotte, « Aventure du pèlerin », Ollivier, 1763
Un Roi de Naples, il s’appelait Roger, étant à la chasse, s’écarta de sa suite et s’égara dans une forêt. Il y fit rencontre d’un pèlerin, homme d’assez bonne mine, qui ne le connaissant point pour ce qu’il était, l’aborde avec liberté, et lui demande le chemin de Naples.
« Compagnon, lui répond le Roi, il faut que vous veniez de bien loin ; car vous avez le pied bien poudreux.
— Il n’est cependant pas, répondit le pèlerin, couvert de toute la poussière qu’il a fait voler.
- Vous avez dû voir, poursuivit Roger, et apprendre bien des choses dans vos voyages ?
- J’ai vu, repartit le pèlerin, beaucoup de gens qui s’inquiétaient de peu. J’ai appris à ne pas me rebuter d’un premier refus. Je vous prie donc encore de vouloir m’enseigner la route qu’il faut que je prenne ; car la nuit vient, et je dois penser à mon gîte.
— Connaissez-vous quelqu’un à Naples ? demanda le Roi. — Non, répondit le pèlerin. — Vous n’êtes donc pas sûr, poursuivit le Roi, d’y être bien reçu ?
- Au moins suis-je sûr, dit le pèlerin de pardonner le mauvais accueil à ceux qui me l’auront fait sans me connaître ; mais la nuit vient, où est le chemin de Naples ?
— Si je suis égaré comme vous, dit Roger, comment pourrais-je vous l’indiquer ? Le mieux est que nous le cherchions de compagnie.
- Cela serait à merveille, dit le pèlerin, si vous n’étiez pas à cheval ; mais je retarderais trop votre marche ; ou vous presseriez trop la mienne.
- Vous avez raison, dit Roger, il faut que tout soit égal entre nous, puisque nous courons même fortune. » Sur ce propos il descend de cheval, et le voilà
côte à côte avec le pèlerin. « Devineriez-vous avec qui vous êtes ? dit-il à son compagnon.
- À peu près, répondit celui-ci ; je vois bien que je suis avec un homme.
- Mais, insista Roger, pensez-vous être en sûreté dans ma compagnie ?
- J’attends tout des honnêtes gens, reprit le pèlerin, et suis sans appréhension des voleurs.
- Croiriez-vous, ajouta Roger, que vous êtes avec le Roi de Naples ?
- J’en ai de la joie, reprit le pèlerin ; je ne crains pas les rois ; ce ne sont pas eux qui nous font du mal ; mais puisque vous l’êtes, je vous félicite de
m’avoir rencontré. Je suis, peut-être, le premier homme qui se soit montré devant vous à visage découvert.
- Eh bien, dit le Roi, il ne faut pas que je sois le seul qui tire avantage de notre entrevue : suivez-moi, je ferai quelque chose pour votre fortune.
- Elle est faite, Sire, répondit le pèlerin. Je la porte avec moi. J’ai là, dit-il, en montrant son bourdon1 et sa besace, deux bons amis qui ne me laisse-
ront manquer de rien. Je souhaite que vous trouviez dans la possession de votre couronne toute la satisfaction que je goûte avec eux.
- Vous êtes donc heureux ? dit Roger. — Si l’homme peut l’être, répondit le pèlerin : en tout cas, j’ai fait un vœu, c’est dé m’aller pendre, si j’en trouve
un plus heureux que moi.
- Mais, dit le Roi, comment se peut-il que vous viviez content de votre sort, ayant besoin de tout le monde ?
- Serais-je plus heureux, dit le pèlerin, si tout le monde avait besoin de moi ?
50 - Allez vous pendre, reprit Roger ; car je pense être plus heureux que vous.
- Si ce mal devait m’arriver, répliqua le pèlerin, je croyais que quelque faquin2 plus désœuvré que moi dût me porter le coup. Je ne l’attendais pas de la part dont il me vient ; mais comme le pas est dur à franchir, je pense qu’avant tout, il serait bon que nous comptassions ensemble.
- Cela sera bientôt fait, dit Roger. J’ai en abondance les commodités de la vie. Quand je voyage, je le fais à mon aise, comme vous pouvez le voir ; car je suis bien monté, et j’ai dans mes écuries trois cents chevaux qui valent au moins celui-ci ; retourné-je à Naples, je suis sûr d’être parfaitement reçu.
- Je ne ferai qu’une question, dit le pèlerin. Jouissez-vous de tous ces biens avec une sorte de vivacité ? Seriez-vous sans affaires, sans ambition, sans
inquiétude ?
Dissertation
Analysons le sujet.
- Mots clés : le conte et l'apologue (brefs récits allégoriques, à visée morale) ; « invention(s) » (il s'agit d'un mot du texte employé par le Ministre pour désigner le miroir apporté par le pèlerin, miroir prétendument doté de pouvoirs magiques, le terme renvoie à la dimension fantaisiste, extraordinaire du conte) ; le monde « tel qu'il est » (l’expression est cette fois-ci employée par le Roi, devenu lucide, l'expression suggère une distinction entre les apparences parfois trompeuses et le réel).
- Type de sujet : il s'agit de commenter une affirmation (type 3).
- Reformulation de la thèse contenue dans le sujet : l'apologue crée un univers fantaisiste qui ouvre les yeux du lecteur sur le monde qui l'entoure.
- Formulation de la problématique : l'apologue a-t-il seulement pour but de charmer le lecteur en le plongeant dans un univers onirique, ou doit-il l'instruire en lui ouvrant les yeux sur le monde qui l'entoure ?
Plan de la dissertation
I - Certes, l'apologue doit charmer par ses inventions
II - Mais il doit aussi instruire le lecteur
Écrit d'invention
Établissons la « feuille de route ».
- Forme : dialogue argumentatif (dans la mesure où le texte de référence est un conte, il est préférable d'adopter la présentation d'un dialogue romanesque).

«
Amérique du Nord, juin 2004
-Cela serait à merveille, dit le pèlerin, si vous n'étiez pas à cheval; mais je
retarderais trop votre marche ; ou vous presseriez trop la mienne.
-Vous avez raison, dit Roger, il faut que tout soit égal entre nous, puisque
25 nous courons même forrune.
»Sur ce propos il descend de cheval, et le voilà
côte à côte avec le pèlerin.
« Devineriez-vous avec qui vous êtes ? dit-il à
son compagnon.
-À peu près, répondit celui-ci ; je vois bien que je suis avec un homme.
-Mais, insista Roger, pensez-vous être en sûreté dans ma compagnie?
30 -J'attends tout des honnêtes gens, reprit le pèlerin, et suis sans appréhen
sion des voleurs.
-Croiriez-vous, ajouta Roger, que vous êtes avec le Roi de Naples?
-J'en ai de la joie, reprit le pèlerin ; je ne crains pas rois ; ce ne sont pas
eux qui nous font du mal; mais puisque vous l'êtes, je vous félicite de
35 m'avoir rencontré.
Je suis, peut-être, le premier homme qui se soit montré
devant vous à visage découvert.
-Eh bien, dit le Roi, il ne faut pas que je sois le seul qui tire avantage de
notre entrevue : suivez-moi, je ferai quelque chose pour votre fortune.
-Elle est faite, Sire, répondit le pèlerin.
Je la porte avec moi.
J'ai là, dit-il,
.fo en montrant son bourdon 1 et sa besace, deux bons amis qui ne me laisse
ront manquer de rien.
Je souhaite que vous trouviez dans la possession de
votre couronne toute la satisfaction que je goûte \J.Vec eux.
-Vous êtes donc heureux? dit Roger.
-Si l'homme peut l'être, répondit
le pèlerin : en tout cas, j'ai fait un vœu, c'est de m' aller pendre, si j'en trouve
15 un plus heureux que moi.
-Mais, dit le Roi, comment se peut-il que vous viviez content de votre sort,
ayant besoin de tout le monde ?
-Serais-je plus heureux, dit le pèlerin, si tout le monde avait besoin de
moi?
50 -Allez vous pendre, reprit Roger; car je pense être plus heureux que vous.
-Si ce mal devait m'arriver, répliqua le pèlerin, je croyais que quelque
faquin 2 plus désœuvré que moi dût me porter le coup.
Je ne l'attendais pas
de la part dont il me vient'; mais comme le pas est dur à franchir, je pense
qu'avant tout, il serait bon que nous comptassions ensemble.
55 -Cela sera bientôt fait, dit Roger.
J'ai en abondance les commodités de la
vie.
Quand je voyage, je le fais à mon aise, comme vous pouvez le voir ; car
je suis bien monté, et j'ai dans mes écuries trois cents chevaux qui valent
au moins celui-ci ; retourné-je à Naples, je suis sûr d'être parfaitement reçu.
-Je ne ferai qu'une question, dit le pèlerin.
Jouissez-vous de tous ces biens
Go avec une sorte de vivacité ? Seriez-vous sans affaires, sans ambition, sans
inquiétude ?
105.
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