L'AMBASSADE - Chant IX (9) de l'ILIADE d'HOMERE
Publié le 20/03/2011
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Le chant IX est, de l'avis unanime, un des plus admirables. Mais sa relation avec l'ensemble du poème est matière à discussion, et, si on l'étudié isolément, l'analyse découvre, dans sa composition même, certaines difficultés. Zeus a tenu sa promesse ; les Achéens sont vaincus, ce ne sont plus eux qui assiègent Troie ; ce sont les Troyens qui assiègent le camp. Que pouvons-nous attendre ? qu'Agamemnon, dans la détresse où il est jeté, reconnaisse sa faute, avec plus ou moins de bonne grâce, qu'il tente d'apaiser Achille et de le ramener au combat. C'est précisément ce que nous trouvons dans le chant IX, dont le début se relie étroitement au chant VIII. Il s'ouvre en effet par un tableau qui fait pendant à celui du bivouac troyen, et ne saurait en être détaché. En quelques mots, le poète exprime l'angoisse des Achéens. Agamemnon réunit l'assemblée ; dans son abattement, il verse des pleurs abondants comme les flots « d'une source à l'eau noire «. Il se plaint que Zeus se soit joué de lui, en lui envoyant le songe ; et il renouvelle, dans les mêmes termes, mais cette fois sans feindre, sa proposition du chant II : mettre les vaisseaux à la mer, et abandonner l'entreprise. Diomède se charge de réveiller en lui le sentiment de l'honneur. Nestor, sans le désapprouver, le rappelle lui-même aux nécessités d'une situation presque désespérée ; il propose de placer aux abords du fossé des sentinelles, ce qui semble avoir pour objet de préparer le chant X, et il invite Agamemnon à offrir aux Anciens un bon repas, qui sera lui-même le prélude d'un conseil de guerre.
«
quand il est parti pour la guerre.
C'est seulement ensuite qu'il énumère, dans les termes employés déjà, selon lacoutume homérique, les présents offerts par Agamemnon.
Il termine en sacrifiant prudemment celui-ci.
Achillerefusera peut-être de pardonner à Agamemnon ; il dédaignera ses présents.
Qu'il ait au moins pitié des autresAchéens qui le vénèrent comme un Dieu.
Seul, il est capable de se mesurer avec Hector.
Réponse d'Achille a Ulysse.
(306-429).
« Fils de Laërte, race de Zeus, Ulysse l'ingénieux, il me faut dire ma décision sans considération de personne, telleque je vais l'arrêter et qu'elle sera accomplie, pour que vous cessiez, les uns et les autres, de m'assiéger de vosvains bavardages.
Je dis que je hais autant que les portes de l'Hadès, celui qui cache une chose en son esprit, eten dit une autre.
Moi, je vais dire ce qui me semble le meilleur.
Je ne pense pas à me laisser fléchir par l'AtrideAgamemnon, ni par les autres Danaens, puisqu'ils ne m'ont aucun gré de mes combats incessants contre lesennemis.
Pareil sort pour qui reste à l'arrière, et pour qui ne cesse de guerroyer ! Le lâche et le brave ont mêmetraitement.
(Qui ne fait rien et qui peine toujours meurent pareillement).
Aucun avantage ne me reste, après leslabeurs que j'affronte, en exposant toujours ma vie dans la bataille.
Comme un oiseau qui porte leur becquée à sespetits qui ne volent point encore, ce qu'il a réussi à prendre, sans profit pour lui-même, ainsi j'ai passé bien desnuits sans sommeil, je consumé bien des jours à verser le sang au combat, me mesurant avec l'ennemi à cause devos belles ! Avec ma flotte, j'ai renversé douze villes bien peuplées ; sur terre, j'en ai pris onze, dans la Thracefertile.
De toutes j'ai enlevé nombre de beaux trésors, et j'apportais tout ici pour le donner à Agamemnon, à l'Atride.
Luirestait à l'arrière, près des vaisseaux légers ; il acceptait le tout, en distribuait un peu, en gardait beaucoup ; cequ'il ne gardait pas, il le donnait aux preux et aux rois.
Tous les autres conservent leur part ; moi, seul de tous lesAchéens, il m'a pris la mienne.
Il a la femme que j'aimais ; qu'il dorme à ses côtés et y prenne son plaisir.
Pourquoifaut-il que les Argiens combattent contre les Troyens ? Pourquoi Atride a-t-il rassemblé l'armée et l'a-t-il conduiteici ? N'est-ce pas à cause d'Hélène à la belle chevelure ? Est-ce qu'ils sont seuls entre les hommes, à aimer leursfemmes, les Atrides ? Non ; tout homme brave et loyal aime la sienne et la choie, comme moi j'aimais la mienne detout cœur, toute captive de guerre qu'elle était.
Maintenant donc, puisqu'il m'a arraché des mains mon bien, et qu'ilm'a trompé, je suis bien averti ; qu'il n'essaie pas de m'éprouver ! Il ne me fléchira pas.
Hé bien ! Ulysse, qu'avec toiet les autres Rois, il voie à protéger les vaisseaux contre le feu des ennemis ! Ah ! je sais qu'il a pris bien de lapeine, en mon absence ; il a construit un mur ; il a creusé une tranchée devant lui, large et grande, où il a faitplanter des pieux ! Mais même ainsi il n'arrêtera pas l'homicide - Hector.
Tant que, moi, je combattais parmi lesAchéens, jamais Hector n'a osé risquer la bataille loin du rempart ; il ne s'avançait pas plus loin que la porte Scée etle hêtre.
Là, un jour, il m'attendit, seul à seul, et il eut de la peine à échapper à mon attaque.
Donc, puisque je merefuse à combattre contre le divin Hector, demain j'offrirai un sacrifice à Zeus et à tous les dieux ; je remplirai bienmes navires, après les avoir mis à la mer, et tu verras, si tu veux et si cela t'agrée, dès l'aurore, en marche versl'Hellespont poissonneux, mes vaisseaux aux bons rameurs pleins de zèle.
Si le grand Dieu qui ébranle la terrem'accorde une bonne mer, en trois jours je serai dans la terre fertile de Phthie.
J'ai là-bas de grandes richesses, quej'y ai laissées pour venir ici,à mon dam ! J'y apporterai d'ici encore de l'or, et de l'airain rouge, et des femmes à labelle ceinture, et du fer gris, tout ce que j'ai eu pour ma part ; sauf mon meilleur lot.
Celui qui me l'avait donné, mel'a ravi outrageusement, le Seigneur Agamemnon, l'Atride.
Répète-lui tout cela, comme je te le dis, ouvertement,pour que tous les Achéens se fâchent, s'il espère encore tromper un des Danaens, cet homme toujours cuirasséd'impudence ! Moi pourtant, tout chien qu'il est, il n'oserait pas me regarder en face.
Je ne lui prêterai plus niconseil, ni main-forte.
Car il m'a trompé ; il a péché contre moi ; mais il ne recommencerait pas à me tromper parses paroles.
C'est assez; pour lui.
Qu'il aille en paix ! Zeus, le Dieu sage, lui a enlevé la raison.
Quant à ses dons, jeles abhorre, et je n'en fais pas plus de cas que de rien du tout.
Il peut m'offrir dix fois plus, vingt fois plus qu'il nepossède, ou possédera jamais, tout ce qui s'accumule à Orchomène, ou à Thèbes d'Égypte, dont les maisonscontiennent les plus grands trésors, à Thèbes qui a cent portes, dont chacune peut donner passage à deux centshommes avec leurs chevaux leurs chars ! Ah ! me donnerait-il autant de présents qu'il y a de grains de sable ou depoussière, jamais Agamemnon ne réussira à toucher mon cœur, avant de m'avoir fait amende honorable pour sacruelle offense.
Sa fille, qu'il m'offre en mariage, la fille de l'Atride Agamemnon, je n'en veux pas ; pût-elle rivaliserde beauté avec Aphrodite la dorée, égaler en savoir-faire Athéné aux yeux pers, je n'en veux pas ! Qu'il prenne unautre Achéen ! qui lui convienne, et soit un Roi plus roi.
Si les dieux me ramènent sain et sauf à mon foyer, c'estPélée qui me choisira lui-même une femme.
Il y a nombre d'Achéennes en Hellade et au pays de Phthie, filles depreux, gardiens des bonnes villes.
Celle que je voudrai sera ma femme aimée.
C'est là que j'ai toujours désiré, dansmon cœur généreux, choisir une femme et l'épouser, une compagne qui me convienne pour jouir des biens acquis parle vieux Pélée.
La vie a plus de prix pour moi, que tous les biens que possédait, dit-on, Ilion, la bonne ville bienpeuplée, jadis, pendant la paix, avant la venue des fils des Achéens ; ou que tous ceux que renferme le seuil depierre de l'Archer, de Phoibos Apollon, dans Pytho la rocheuse.
On peut s'emparer de bœufs et de grasses brebis, onpeut acheter des trépieds et des chevaux aux crinières blondes ; mais la vie d'un homme ne revient plus ni ne selaisse prendre ou acheter, une fois que le souffle a franchi la barrière des dents.
Ma mère me dit, Thétis la déesseaux pieds d'argent, que deux destins peuvent me mener au terme de la mort.
Si je reste ici à faire le siège de la villetroyenne, je perds l'espoir du retour, mais ma gloire sera impérissable.
Si je retourne à mon foyer, dans la terrepaternelle, je perds ma noble gloire, mais longue sera ma vie, et la mort ne risque pas de m'atteindre bientôt.
Auxautres aussi, je dois conseiller de faire voile pour rentrer au foyer ; car vous ne pourrez plus trouver le jour quiperdra le roc escarpé d'Ilion.
Zeus, dont le regard va loin, a étendu sa main sur lui, et son peuple a repris confiance.Vous donc, retournez porter aux chefs des Achéens ce message (car c'est le rôle des Anciens), pour que leur espritimagine quelque meilleure idée, qui puisse sauver leur flotte et l'armée des Achéens, près de leurs vaisseaux creux ;celle qu'ils ont eue, ils n'y peuvent compter ; qu'ils n'espèrent pas que je renonce à ma colère.
Quant à Phénix, qu'il.
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