Lamartine, Les Méditations Philosophiques « Le Lac » (explication linéaire)
Publié le 05/11/2024
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Lamartine, Les Méditations Philosophiques
« Le Lac » (explication linéaire)
Introduction
Au XIXe siècle, plus précisément pendant la révolution française de 1848, le romantisme
connait un développement remarquable.
Alphonse de Lamartine est poète romantique, né à
Mâcon le 21 octobre 1790 et décédé à Paris le 28 février 1869.
Il est l’auteur du poème «Le
Lac» extrait du recueil «Médiations poétiques» publié en 1820 et qui regroupe 24 poèmes.
Ce
poème se catégorise, sans aucun doute, parmi ceux du courant romantique.
Nous sommes en
août 1817.
Lamartine se rend au lac du Bourget, mais Julie Charles qui devait le retrouver n'a
pas pu venir : malade, phtisique, ses jours sont menacés.
Le poète écrit alors ce poème : il y
réfléchit à la nature éphémère de la vie et du bonheur, et demande à la Nature d'en garder le
souvenir.
Comment ce poème transmet-il les émotions provoquées par l'absence de l'être
aimé,
tout
en
proposant
une
réflexion
profonde
sur
le
temps
qui
passe
?
Dans les lignes qui suivent, nous analyserons successivement chaque strophe.
Dans la première strophe, nous verrons la réflexion philosophique sur le temps qui passe.
Dans la deuxième strophe, nous nous intéresserons au lac en tant que spectateur-témoin.
Le paysage à l’image de l’état d’âme du poète fera l’objet de la troisième strophe.
Dans la quatrième strophe, il s’agira de voir comment le poète se retrouve dans la nostalgie à
travers le souvenir.
La voix qui ensorcelle le paysage occupera la cinquième strophe.
Dans la sixième et dernière strophe, nous découvrirons le message de la femme mystérieuse.
I-
Première strophe : une réflexion philosophique sur le temps qui passe
Le poème s’ouvre sur Le “ainsi” en début de vers et l’absence de césure permettent de créer
le mouvement du premier vers – le lecteur est lui-même ” poussé ” dans le poème.
Les
nouveaux rivages représentent les jours qui se succèdent, du côté de la vie.
La nuit éternelle,
sans retour, représente bien sûr la mort.
Cet effet est renforcé par l’enjambement – les deux
premiers vers forment une proposition subordonnée circonstancielle, la proposition principale
n’arrivant qu’au vers trois.
Le lecteur est ainsi emporté au même titre que le poète.
Remarquons également le champ lexical de l’éternité : ” éternel “, ” toujours “, ” des âges ”,
” jamais ” par opposition à ” un seul jour “.
1
Les compléments circonstanciels de lieu sont également à commenter : “nouveaux rivages“,
l’ “océan des âges“, donnent l’impression que l’inconnu s’étend à l’infini.
Le caractère fatal du vers est souligné par les participes passés (poussés, emportés), qui
montrent que les personnages n’ont aucune emprise sur leur destin (l’action est déjà révolue).
Ils sont renforcés également par la négation et la forme interrogative.
Commence ici la métaphore filée de la vie et du temps (” l’océan des âges “), sur laquelle
l’homme n’a aucune emprise.
Le temps est comparé à un océan : ils sont tous les deux si
vastes qu’on n’en voit pas le bout.
On peut dire également que le temps est aussi fluide que de
l’eau, impossible à saisir.
Le poète inclut dans son poème l’humanité et son lecteur par
l’utilisation de la première personne du pluriel.
Ce poème nous présente ainsi une réflexion sur la vie et la mort.
La métaphore est riche en contrastes : toujours / jamais … éternel / un seul jour.
Le
mouvement et la brièveté, avec les verbes : « emporter, pousser » s’oppose au désir de
s’arrêter et de se reposer : jeter l’ancre.
C’est la métaphore du port, du havre de paix auquel
on aspire, mais que la vie ne nous laisse aborder qu’à la fin du parcours.
Le poète semble
s’adresser à nous directement : ne pourrons-nous jamais ? Il inclut le lecteur et l’humanité
entière dans cette question rhétorique : c'est à dire une question qui n’attend pas de réponse,
car la réponse est évidente : non, en effet il est impossible d’arrêter le temps.
Ce premier
quatrain illustre bien un discours philosophique.
II-
Deuxième strophe : le lac spectateur-témoin
Lamartine s’adresse au lac directement, avec une apostrophe : « Ô lac » et il s’adresse même à
lui à l’impératif « regarde ».
Paradoxalement, le paysage est assimilé au spectateur ! De cette
manière, le poète instaure une véritable intimité avec le paysage.
Il s’agit du cadre spatial : Le lac semble s’opposer ici à l’océan.
Il ramène le lecteur à la
réalité, au lac du Burget, aux souvenirs personnels du poète.
Le cadre temporel est
également plus précis, ” l’année “.
Le poète utilise des temps du récit : l’imparfait ” devait
“, par opposition au présent ” je viens seul m’asseoir “.
Deux temporalités coexistent, le
passé révolu, et le présent du poète.
Cette opposition est renforcée par le déterminant
démonstratif ” cette “.
Cela créé un cadre précis et non plus hors du temps.
Les
nombreuses phrases exclamatives, l’interjection ” ô “, l’utilisation de la tournure impérative
” Regarde ” un verbe de perception, redoublé avec le verbe voir et l’utilisation de la première
2
personne du singulier ” je ” instaurent une situation d’énonciation entre le lac (qui est ici
personnifié) et le poète.
La solitude du poète est renforcée par la construction du vers : les
vers évoquant sa bien-aimée sont séparés du vers où le poète apparaît.
” Je viens seul
m’asseoir sur cette pierre ” s’oppose à ” qu’elle devait revoir “, ” où tu la vis s’asseoir “.
Le
lecteur découvre un décor qui incarne une émotion : c’est ce qu’on appelle le paysage état
d’âme : la Nature représente les sentiments du poète, et notamment, ses sentiments amoureux.
Pour la première fois, nous découvrons le couple à travers les pronoms personnels « je viens
seul … Tu la vis s’asseoir » c’est au même moment qu’intervient le thème de la solitude.
Le
passé des jours heureux s’oppose à l’isolement présent.
Les sonorités en L, douces,
s’opposent aux allitérations en R, plus dures.
Ainsi, toutes les marques du lyrisme sont
présentes : la douleur, la première personne du singulier, la musicalité des vers.
III- Troisième strophe : le paysage état d’âme du poète
Maintenant le décor s’anime, frappe les sens : avec le verbe « mugissais ».
L’utilisation de
l’imparfait rappelle le passé du poète, ” mugissais “, ” brisais “, jetait “.
On peut remarquer
que les verbes choisis par le poète traduisent une violence renforcée par le choix des
adjectifs ” déchirés “, ” profondes “.
cette description s’apparente à une hypotypose : il s’agit
de donner à voir un....
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