L'albatros de Charles Baudelaire ("Spleen et idéal", deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal)
Publié le 07/09/2006
Extrait du document
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atteindre mais vers lequel on tend (cf.
par exemple Mallarmé, L 'Azur).— (v.
6) Maladroits et honteux.
Et a ici le sens de : et par conséquent.
Le poète (ou l'albatros) est conscient deson inadaptation au monde.— (v.
7 et 8) L'enjambement souligne (peut-être) la lenteur de la marche de l'albatros sur le sol.
Il oblige à unralentissement du tempo avec quoi feront contraste les rapides vers de la strophe suivante.— (v.
8) Des avirons.
Cohérence de la comparaison maritime.
Par ailleurs, l'aviron, comme l'aile de l'albatros, n'estutilisable que dans le milieu qui lui est propre.
Sur terre il ne sert à rien.— (v.
8) Traîner à côté d'eux.
A côté semble souligner que leurs ailes ne font ici plus vraiment partie du corps del'albatros.— (v.
9 et 10) Construction parallèle des antithèses.
Au premier hémistiche évoquant le passé s'oppose la cruelleréalité présente du second.— (v.
9) Harmonie de sonorités (plutôt que véritable allitération) unissant ce que l'albatros était : voyageur ailé, etce qu'il est devenu : veule.— (v.
10) Naguère.
Au sens étymologique du mot : tout récemment encore.— (v.
10) Beau...
laid.
Antithèse.— (v.
11 et 12) Sans doute une volonté de la part du poète d'imiter par le rythme (v.
12) ou les sonorités dures enc ou g (v.
11) le caractère grotesque et peu harmonieux du tableau présenté.— (v.
11) Brûle-gueule.
Courte pipe de marin.
Mot précis (détail «réaliste») mais aussi plaisir d'employer un termeplutôt vulgaire à propos de gens vulgaires (la foule qui méprise l'albatros-poète).— (v.
12) Qui volait.
La construction choisie par Baudelaire lui permet grâce à cette relative de terminer sa partiedescriptive concernant l'albatros immobilisé au sol par un rappel de sa grandeur passée.
La transition vers laseconde partie (dernière strophe) s'en trouve facilitée.— (v.
9 à 12) Toute la strophe est exclamative.— (v.
13) Le Poète.
La majuscule souligne la généralité de la vérité énoncée.
Baudelaire ne songe pas seulement àson cas particulier.— (v.
13) Prince des nuées reprend rois de l'azur (v.
6) ; cela contribue à donner une unité au poème au niveau desimages, la même étant reprise dans deux parties éloignées.
Impression de réentendre un motif déjà exposé.— (v.
14 et 15) Hante la tempête...
milieu des huées.
Les hiatus causés par les h aspirés sont certainementvolontaires.
Impression de souffle brutal et interruption de la ligne mélodique.— (v.
14) Se rit de l'archer.
L'indifférence indolente du vers 3 est devenue maintenant une conscience de sasupériorité.
L'albatros-poète se rit des attaques des gens d'en bas parce que ceux-ci ne peuvent en aucun cas tirerassez haut pour l'atteindre.
Ils sont condamnés à rester dans les basses sphères.— (v.
15) Exilé.
Le séjour parmi les hommes est pour l'albatros-poète un séjour étranger : les hommes d'équipage (lafoule) ne le comprennent pas.
Quand il est cloué au sol, il a toutes les peines du monde à prendre son envol vers cequi est sa vraie patrie (le ciel ; l'infini).— (v.
16) L'anacoluthe (rupture de la construction grammaticale) met en valeur le dernier vers.
Celui-ci estjustement célèbre (au point que Jacques Prévert l'a parodié dans un poème célèbre de Paroles).
Ce vers insiste surl'idée fondamentale du poème : ce qui rend maladroit l'albatros à terre ou le poète parmi les hommes, c'estprécisément la possibilité (les ailes de géant) d'être supérieur dans un autre domaine.— (v.
16) De géant.
En fait, ce sont les ailes elles-mêmes qui sont géantes.
Cette formulation permet de mieux faireressortir le sens figuré (ou symbolique) les ailes (del'imagination) font du Poète un géant (de la pensée).
Conclusion
Dans ce poème Baudelaire traite à son tour l'un des thèmes favoris des poètes romantiques : le poète se sentétranger dans la société qui l'entoure mais ne le comprend pas.
Son originalité ne réside donc pas dans le sujet dupoème mais dans la façon dont Baudelaire porte à la dignité de symbole un spectacle pittoresque (peut-êtrecontemplé par le poète lors de son voyage forcé à la Réunion en 1841).
C'est cette possibilité de lire un poème àdeux niveaux -différents (réaliste et symbolique) que cultiveront les successeurs de Baudelaire, en particulierMallarmé ; mais celui-ci se gardera d'expliciter le sens symbolique comme Baudelaire le fait encore ici..
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