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L'absurde dans fin de partie

Publié le 17/01/2022

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L'expression de « théâtre de l'absurde » apparaît juste après la Seconde Guerre Mondiale. Le public éprouve le besoin de se divertir pour en oublier les atrocités et ce théâtre va leur en fournir l'occasion. Très vite, il sert à désigner les oeuvres de dramaturges, pourtant très différents les un des autres, comme Ionesco, Adamov ou, précisément Beckett. Il s'agit d'un genre traitant fréquemment de l'absurdité de l'Homme et de la vie en général, celle-ci menant toujours à la mort. Le terme d'absurde s'adapte-t-il donc à Fin de Partie ? Les caractéristiques du théâtre de l'absurde sont présentes dans Fin de Partie par la construction de la pièce, et par l'absence de sens de la vie. Beckett dépeint donc la condition humaine à l'état brut en interprétant un antihumanisme.

« les personnages sont enfermés dans un cercle vicieux.

Le spectateur n'a aucun repère temporel fiable, aussi bienpar la construction de la pièce, que par les dialogues et les événements de la pièce elle-même.

On pourrait croireau début que l'on va retrouver une intrigue s'écoulant sur vingt-quatre heures par la symbolique de début dejournée qui démarre la pièce : Clov tire les rideaux, enlève les draps, Hamm est en robe de chambre, se réveille etbaille, Nagg est coiffé d'un bonnet de nuit.

De plus la notion d'une journée apparaît à diverses reprises dans lesdialogues : « Hier » (p.28), « Tous les jours » (p.47), « Aujourd'hui » (p.58) ou encore « C'est une journée commeles autres » (p.62).

Seulement l'heure est à « Zéro », c'est « La même que d'habitude » (p.16).

Le temps est donclui-même tourné à l'absurde.

Les personnages en ont d'ailleurs perdu la notion : « Hamm – Hier ! Qu'est-ce que çaveut dire.

Hier ! » (p.60).

Mis à part une mystérieuse indication donnée par Hamm page 70 : « Je m'enquis de lasituation à Kov, de l'autre côté du détroit », le lieu où se déroule l'action demeure totalement indéterminé jusqu'aubout de la pièce.

Nous savons seulement que la scène se déroule dans un climat de catastrophe, les individus sontcomme échoués dans un refuge post-apocalyptique.

Le langage mis en scène n'est plus un moyen de communicationmais exprime le vide, l'incohérence et représente la vie.

Beckett veut dresser un tableau de la condition humaineprise dans son absurdité.

L'absurdité est que la vie mène à la mort, elle est aussi présente dans la guerre.

L'absurden'y est pas démontré, mais simplement mis en scène.

Il fait rire au premier abord, mais ce n'est qu'après réflexionque l'on se rend compte du malaise qui y est dénoncé. A l'apparente incohérence de structure correspond la dissolution du sujet dans ces pièces.

Les personnages de Beckett nous apparaissent comme dérisoires tant ils manquent singulièrement d'unité de caractère et d'épaisseurpsychologique.

Diminués physiquement ou mentalement, contrairement aux personnages du théâtre classique, ilsn'ont pas les moyens de modifier le cours des choses.

Ils sont réduits au rang de pantins.

L'absurde détruit entreeux toutes possibilités de communication, ôte toute cohérence à l'intrigue et toute logique aux propos tenus surscène.

Ces individus sont confrontés à leurs propres finitudes, au néant ; ils sont isolés, désemparés et condamnésà demeurer dans un espace presque vide, insignifiant.

Débarrassé de toute croyance, délivrée de toute illusion etsentiment, l'homme peut dès lors regarder la vie en face, dans ce qu'elle a de plus irréductible, de plus inévitable oufatal : la déchéance qui, avant de conduire à la mort, transforme la vie en punition ainsi qu'en une longue attentesans intérêt. Le théâtre de l'absurde est en fait un théâtre de l'attente, et plus particulièrement de l'attente anxieuse d'une mort proche et inéluctable.

La scène devient dès lors le lieu même de l'agonie, autrement dit de la lutte désespéréecontre la mort.

Il n'est donc pas surprenant que les pièces de ces auteurs mettent fréquemment en scène desindividus affligés de toues sortes de maux physiques, presque des morts vivants.

Ce sont des êtres paralysés,prostrés, confinés dans des espaces restreints comme les poubelles dans Fin de Partie, condamnés à une immobilitépresque totale tels Hamm et ses parents.

Vivre devient dans ces conditions insupportable.

C'est un châtiment, sansfaute commise ni justification : « On ne peut plus me punir » (p.16) affirme Clov.

Ainsi, plus il vit, plus il souffre.Pour lui, la « belle époque », ce n'est pas sa jeunesse, c'est quand il n'était « pas encore de ce monde » (p.61).C'est pourquoi la paternité apparait comme un crime impardonnable.

Hamm couvre son père d'insultes : « Mauditprogéniteur ! » (p.21), « Maudit fornicateur ! » (p.22), « Salopard ! Pourquoi m'as-tu fait ? » (p.67).

Donner la vie,c'est donner la souffrance et la mort. Cet absurde tel que Beckett le dépeint s'apparente en définitive à un antihumanisme.

C'est ce qui le distingue des autres écrivains ou philosophes de l'absurde.

Dans son interprétation traditionelle, l'humanisme cherche àcontribuer à l'épanouissement moral, culturel et politique, de l'homme.

Les personnages de la pièce sont loin de cetidéal.

Ils ne songent même pas à développer leurs capacités intellectuelles ou à pratiquer une activité quelconque.Si l'on voit dans l'humanisme la volonté de faire de l'être humain la valeur suprême et que l'on considère que rienn'est au-dessus de l'homme, Fin de partie développe une vision exactement contraire.

Les personnages sont à peinedes humains, qui regrettent de l'être encore.

L'univers y est en voie d'extinction et de régression.. »

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