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L'abjection d'Oenone dans Phèdre de Racine

Publié le 21/03/2015

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racine
Dr. Ralph Heyndels FRE 614 Infâme OEnone Salim AYOUB À la perversité de notre coeur, il n'est point d'excès où nous ne puissions nous porter Antoine Arnauld1 Contrairement à ce que le lectorat peut penser au premier abord, OEnone est loin d'être un personnage secondaire dans la tragédie de Racine. Tout comme Phèdre, OEnone est à la fois victime de ses pulsions et responsable du malheur des autres. En effet, Phèdre aime son beau-fils Hippolyte ; il s'agit d'un crime "monstrueux" car incestueux, et Phèdre en a honte. Le contexte socio-politique de l'époque ne permettait pas à Racine de faire de Phèdre, personnage de sang royal, un être aussi abject. Au temps de Racine, c'était le régime politique de la royauté absolue. Nul ne désobéissait au roi Louis XIV, et nuire à son image ou à celle de la royauté était un crime condamnable. Les règles classiques de bienséance ont donc poussé Racine à créer le personnage 1 Antoine Arnauld qui a eu une lecture Janséniste de l'oeuvre de Racine. 1 d'OEnone afin qu'elle absorbe en somme toute cette hideuse facette de la personnalité de Phèdre et de celle des autres personnages aussi. C'est dans cette optique là, que Phèdre est présentée comme une victime. Son amour et sa passion prennent la forme d'une obsession maladive. Ses maux ne peuvent être soulagés que par la satisfaction de son désir le plus profond, l'amour d'Hyppolite. OEnone, sa servante, est quant à elle, décrite au début de la pièce, comme une personne attentionnée et bienveillante. Mais OEnone nous surprendra, puisqu'à travers ses actes, elle incarnera le mal et l'infamie, et précipitera Phèdre et Hyppolite à la mort. Cette fascinante transition, fait d'OEnone un personnage complexe qui mérite d'être étudié. Nous dresserons donc un tableau d'OEnone, en analysant les différentes facettes de ce personnage. Nous expliquerons aussi les raisons cachées derrière la création du personnage d'OEnone et de ses attributs. 2 Phèdre est l'incarnation du tragique racinien. Poussée à son paroxysme, la volonté y est passive et la passion féroce. Elle consume des êtres que tout devrait unir, les laissant seuls face à la fatalité de leur destin. Le poids de l'hérédité est joliment exprimé dans cette pièce ; quand les tares de notre sang s'exercent à notre insu, notre responsabilité est elle pour autant amoindrie ? En d'autres termes, peut-on en vouloir à la belle-mère d'Hippolyte, sachant que son seul « crime » est celui d'aimer passionnellement son beau-fils. L'interdit de l'...

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