La Voie royale (1930) de Malraux (fiche de lecture)

« F C H E S Œ U V R E S 1 -UN ROMAN D'AVENTURE L'aventure autobiographique Le roman transpose dans la fiction l'expédition malheureuse de Malraux au temple de Banteaï-Srey.

Le personnage de Claude Vannec présente des ressem­ blances avec l'auteur: âge, goûts, éléments biographiques.

Malraux lui prête des souvenirs qui sont ceux relatifs à son propre grand-père.

La première moitié du récit, jusqu'à la découverte des statues, est assez fidèle à la réalité.

De tous les ré­ cits de Malraux, celui-ci est le plus autobiographique, mais il comporte, surtout dans la deuxième moitié, de nombreux éléments inventés.

S'il paraît relever au premier abord du roman d'aventures, il se révèle d'une tout autre dimension avec l'invention du personnage de Perken.

L'aventure exotique Pour créer ce personnage qui n'a pas d'équivalent dans la réalité, Malraux a uti­ lisé la documentation ethnographique.

Il s'est particulièrement inspiré de la vie d'un aventurier, David de Mayrena, qui fut, pendant un temps bref« roi »d'une tribu moï à la fin du XIX< siècle.

Personnage extravagant, aventurier de légende, il a fasciné Malraux, qui revient sur son cas dans la première version des Antimé­ moires.

Par ailleurs, il a étudié en détail les travaux de deux ethnographes français sur les Moï, qu'il a, pour les besoins de son récit, déplacés géographiquement.

Cet aspect confère au récit un arrière-plan politique : Malraux oppose la figure de l'aventurier téméraire à celle du colonisateur médiocre et corrompu et à celle de tribus encore sauvages dont la violence primitive exerce sur lui une trouble atti­ rance.

En fait d'exotisme, le roman ne conserve donc que les aspects reflétant les préoccupations personnelles de Malraux.

L'aventure littéraire La structure du récit ressemble beaucoup à celle d'Au cœur des ténèbres de J.

Conrad : même expédition à l'intérieur d'une jungle hostile, même quête d'un Européen disparu, même critique de la colonisation, même violence sauvage, même volonté de dépasser l'exotisme en faisant de ce voyage initiatique dans la forêt une métaphore de la vie humaine.

Mort en 1924, Conrad était très apprécié en Europe, et l'on sait par le témoignage de sa femme Clara que Malraux l'admirait beaucoup.

À la différence des romans d'aventures de son temps, Conrad ne se contente pas de produire des effets de dépaysement facile, il met en scène des personnages com­ plexes travaillés par des préoccupations morales ou métaphysiques pour lesquels l'aventure est l'occasion de se révéler ou de se perdre.

Malraux s'inspire de ce double niveau d'écriture en alternant les scènes d'action et les dialogues méditatifs entre Vannec et Perken.

Il -LE ROMAN D'UNE QUÊTE IMPOSSIBLE Une double quête Le roman est construit autour d'une double recherche, celle des statues, assez vite menée à bien, et celle de Grabot, !'Européen disparu.

La« voie royale », an­ cienne route des rois khmers, en est l'axe symbolique.

La jungle, l'administration. »