La Vie antérieure (Spleen et Idéal)
Publié le 02/03/2011
Extrait du document
«
• l'emploi du pluriel ;
mille feux
couleurs du couchant • soleils marins
les références au luxe et à la magnificence dont l'énumération renforce l'abondance.
riches • splendeurs • azur • palmes • esclaves
La complexité du bonheur baudelairien
Les éléments qui construisent le décor sont associés à des sensations qui témoignent de la sensibilité qui lie lepoète à l'univers.
teignaient • imprégnés • rafraîchissaient
Les éléments et les êtres entretiennent entre eux des correspondances, notamment visibles dans la strophe 2dont la progression se fait au rythme des fusions et des analogies et en assurant le comblement de tous les sens.
roulant les images • mêlaient • accords • reflété • images • musique • accords • rendaient pareils
Les prépositions et locutions prépositives insistent sur un rapport entre moi et le monde fondé sur une plénitudeet une possession exclusive et privilégiée.
sous • dans • au milieu de
Plaisir du corps et délices de l'âme vont de pair.
mystique • voluptés
Le système verbal va dans le sens de cette complexité :
• le passé composé définit l'idéal tout en le disant révolu,
j'ai habité • j'ai vécu
• adverbes et imparfaits introduisent l'impression d'une durée épanouie et enchanteresse qui guide le ton denostalgie sereine qui anime le poème.
longtemps • teignaient • rendaient • mêlaient • rafraîchissaient • faisait • était
Le bonheur est donc indissociable du tourment : l'énigme de la plénitude enchante et blesse tout à la fois.
secret douloureux
Le poème s'achève sur un infinitif suggestif : paresse du corps et extase anxieuse d'une âme à jamais insatisfaite.
languir
Ainsi dans ces années charnières, un autre Baudelaire commence à se faire jour, le Baudelaire que nousconnaissons, bohème, provocateur, prodigue, débauché, dandy.
A vrai dire, la rupture avec les valeurs représentéespar le milieu familial ne sera jamais totale et si l'on peut faire état, à partir de sa dix-huitième année, d'une limite quidépartage deux personnalités antinomiques, l'auteur des Fleurs du Mal maintiendra jusqu'au bout une simultanéitédéconcertante entre des attitudes inconciliables, dont pourtant il assumera avec une aisance d'équilibriste ladouloureuse contradiction.
S'il y a une énigme de Baudelaire, elle est dans cette fissure qui restera toujours béanteet que sa poésie au lieu de tenter de colmater n'aura de cesse d'aggraver, d'« approfondir ».
Ce mot, tel qu'ilapparaîtra plus tard dans l'un des poèmes les plus célèbres des Fleurs du Mal, « La vie antérieure », exprime fortexactement par son ambiguïté cette difficulté d'être :
«J'ai longtemps habité sous de vastes portiquesQue les soleils marins teignaient de mille feux,Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,Rendaient pareils le soir aux grottes basaltiques.Les houles, en roulant les images des cieux,.
»
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